samedi 31 juillet 2010

La contraception : le danger de la planification absolue

J'ai lu comme tous cette histoire des huit bébés étouffés par leur mère à la naissance. J'avoue que j'ai du me forcer à lire un article ce matin tant la conjonction entre ces huit bébés et mes huit enfants me troublaient horriblement. Quelques réflexions me sont venues à l'esprit et j'espère pouvoir les coucher sur le papier le plus clairement possible.

Je ne vois guère de différence entre un avortement et un infanticide. Si ce n'est que c'est la mère qui assume tout toute seule, tous les gestes de mort. D'une certaine façon cela me rend ces mères plus humaine parce que ne déléguant pas le soin de tuer leurs enfants à d'autres. Il y a une forme de courage là-dedans. Je sais que vous allez trouver cela du plus mauvais goût mais c'est ce que je pense.On fait tout un pataquès de ce monstre maternel, on oublie toutes les femmes qui tuent sciemment leurs gamins à la maternité. Là, elles sont considérées comme des "victimes" de la société. C'est un peu léger je trouve.

Le lien entre la contraception et l'avortement ou l'infanticide est direct, lumineux, évident. J'ai lu partout : " A l'époque de la contraception, pourquoi cette femme n'a telle pas utilisé les moyens contraceptifs mis à la disposition de toutes et de tous? Elle n'a aucune excuse!"
Justement : le fait d'avoir aucune excuse lui donne toutes les raisons de ces actes criminels.
La contraception est aujourd'hui la plus grande planification de la Vie, à l'échelle mondiale. Nous savons pourtant que planifier n'a jamais été, en économie, en matière éducative, sociale, créative etc... une réussite pour l'homme, au contraire.

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, à savoir, il ne faut tout laisser au hasard et ne rien prévoir.

Je dis que la prévoyance absolue, la planification devant la Vie, c'est aller absolument contre la nature humaine de façon générale et celle de la femme en particulier.
Je crois que les hommes (et les femmes elles-mêmes) ne mesurent pas à quel point ils sont investis, dépendants, imprégnés par l'appel de la vie qui est la chose la plus puissante, l'instinct le plus primordial qui existe.
Il est évident, si l'on décide de rationnaliser  totalement (et c'est l'adverbe qui importe) le courant de la vie, si on veut le maîtriser complètement, on se heurte au simple fait que c'est aller à l'encontre de ce qui meut les hommes depuis que l'homme existe.
Delsol : " D'une certaine manière, la connaissance tue la vie, parce que la vie est aventure. A l'époque de la contraception, les peuples capables de durer seront forcément des aventuriers.(...) la raison ne suffira pas - la raison ne court jamais l'aventure."
Effectivement, si l'on devait tenir compte, le plus rationnellement possible de tous les critères (économiques, sociaux, physiques etc...) pour faire un enfant, on n'en aurait jamais. Il faut le savoir. Nous parents ne serons jamais parfaits, nous ne serons pas de bons parents, c'est une certitude. Nous serons simplement des parents, et les parents de nos enfants, ce qui est déjà (mais tout le monde l'oublie) quelque chose de proprement miraculeux et incroyable.

Je songe à cette femme et sa répulsion pour les gynécologues : je la comprends personnellement très bien : j'éprouve la même, depuis toujours et Dieu sait que j'ai du me soumettre, à chaque grossesse, à tous les examens possibles. Le gynécologue est le maître, un moment donné de la vie et de la mort : c'est lui qui édicte les critères de santé (et donc de vie)  de la mère, c'est lui qui vous déclare "apte" ou pas à avoir des enfants et c'est sans doute le diplôme le plus difficile à obtenir aujourd'hui, je puis vous l'assurer! : "vous êtes trop grosse, madame, ou trop menue, ou trop ceci et trop cela, votre enfant risque de ne pas être vraiment à la fête avec vous, en votre sein! " Voilà ce qu'entend une femme à longueur de grossesse... Cela peut sembler anodin mais c'est terrible en fait. Votre enfant, il n'est pas bien, il ne sera pas bien avec vous, la mère! Vous n'êtes pas capable d'être mère! Voilà la traduction immédiate dans le cœur d'une maman.

Je me souviens à la naissance de ma deuxième : elle pesait un poids ridicule de 2kg 6 et j'en étais toute surprise, d'abord parce que l'accouchement avait été particulièrement difficile et éprouvant, et ensuite parce que l'aîné pesait lui 3kg 8! Pourquoi tant de différence au sein de la fratrie? Le médecin de garde m'avait jeté hargneusement : "c'est simple! Problème d'atrophie du cordon! Votre enfant crevait de faim dans votre ventre!"
Épouvantée, j'avais traduit : "j'ai fait mourir de faim ma petite fille! je ne l'ai pas assez nourrie!"
Vous allez me dire : "sensibilisé de mère qui vient d'accoucher, vous voyez le mal là où il n'y a rien qu'une bête explication scientifique et vous aurez raison : c'est l'accumulation de tous ces détails, c'est l'idée que si l'on pousse la raison jusqu'au bout, on ne devrait jamais avoir d'enfant. 

A chaque visite post accouchement du gynécologue, je me battais pour avoir le droit d'utiliser  les méthodes contraceptives qui me convenait et non pas celles que l'on voulait m'imposer à tout prix. J'en ai conçu une méfiance contre ces planificateurs qui s'introduisent jusque dans l'intimité la plus essentielle et délicate des couples.

Cette femme, inconsciemment (je l'espère) a repris, s'est battue pour reprendre une part de liberté là où il n'y en a plus. Je le dis comme je le pense. Elle l'a fait de façon instinctive, animale (mais un homme n'est pas un animal et lorsqu'il s'abaisse à l'animalité, il est pire qu'une bête évidemment), elle est le produit type d'une société qui nie et s'oppose de façon brutale et insidieuse toute à la fois à ce qu'est un homme : un être libre et imparfait. Et c'est parce qu'il est une créature bourrée de défauts qu'il peut évoluer et souffrir, et être heureux, et vivre.

7 commentaires:

  1. Chère Crevette,
    vous avez eu affaire à des gynécologues parfaitement tarés pour vous avoir tenu ce langage!
    Le seul reproche que j'ai pu faire aux miens, c'est de n'avoir pas été présents lors de mes deux accouchements, alors que je les avais "choisis".
    Les deux fois, ils étaient en retard (accident, consultation)et c'est la sage-femme qui s'est occupée de nous. le gynéco est arrivé pour couper le cordon...
    Donc, un gynéco, c'est indispensable pour le suivi de grossesse mais faut pas compter trop sur lui pour accoucher. Sur elle, peut-être? A chaque fois, les miens étaient des hommes. Depuis, je me fait suivre par des femmes...

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  2. Non, pas tarés mais fatigués et tenant un langage technique. Tenant un langage le plus technique possible.C'est tout.
    Effectivement, j'ai beaucoup plus apprécié mes accouchements avec sage-femme seule et sans médecin (appelé généralement pour un "problème").
    Mais en ce qui concerne les histoires de contraceptions, certaines gynécologues femmes n'étaient pas non plus les plus finaudes et pouvaient être sacrément perfides et emmerdantes.

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  3. Donc, en gros, je vous sens assez hostile aux gynécologues, hommes et femmes, parce que vous pensez avoir été assez mal traitée dans le sens où on voulait vous forcer à utiliser des méthodes que vous réfutiez.
    La femme infanticide fuit les gynécos, pour des raisons sûrement opposées. Elle clame son aversion pour les gynécos. Ca vient d'où, ça?

    "Je crois que les hommes (et les femmes elles-mêmes) ne mesurent pas à quel point ils sont investis, dépendants, imprégnés par l'appel de la vie qui est la chose la plus puissante, l'instinct le plus primordial qui existe."
    C'est si vrai que la nature, quand on la laissait faire, régulait d'elle-même le nombre de filles et de garçons à naître. Aujourd'hui, on constate des anomalies et le manque de femmes poussent les hommes de certains pays (je pense à l'Inde) à aller chercher des femmes sur d'autres continents, avec d'autres coutumes, d'où problèmes.

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  4. Oh ben, là... vous n'allez pas vous faire que des copains ! (Et encore moins de copines, je le crains...)

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  5. "on voulait vous forcer à utiliser des méthodes que vous réfutiez." Mmm.... pas tout à fait ça... On peut toujours s'opposer, ce qui me gène c'est cette intrusion jugée normale et même nécessaire dans la vie des couples.
    Didier : des copains? des copines? C'est quoi ça?

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  6. Oui, oui, il faut laisser faire la nature; les animaux font bien ça, il n'y a qu'à les imiter!

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  7. À titre personnel, je n'en sais rien. Mais il paraît que ça existe.

    (Bon, je retourne à mon Brigade mondaine...)

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