jeudi 15 juillet 2010

De l'équilibre chrétien

  "La guerre était sans nul doute la chose la plus simple à faire, mais c'était surtout la plus difficile à réussir". ( Dantec,Babylon Babies)

"J'espère que tu auras compris que cette mort biologique partielle n'est que le prix à payer pour que l'économie du Don en toi, peut-être, se fasse jour."  (Villa Vortex Dantec)
 
"Pour vivre en paix, il faut mener contre soi-même la plus implacable des guerres."(Dantec, TD1)"  



 Dans le chapitre intitulé :  "Les paradoxes du christianisme", dans Orthodoxie, de Chesterton.

" Le paganisme a affirmé que la vertu résidait dans un équilibre; pour le christianisme, elle résidait dans un conflit : la collision entre deux passions apparemment opposées. Bien entendu, ces passions n'étaient pas réellement incompatibles, mais elles étaient telles qu'il était dur de les posséder en même temps. Suivons un instant la piste du martyre et du suicide et prenons le cas du courage. Aucune qualité n'a autant confondu les cerveaux et embrouillé les définitions des sages les plus raisonnables. Le courage est presque une contradiction dans les termes. C'est un puissant désir de vivre qui prend la forme d'un empressement à mourir. "Celui qui perdra sa vie la sauvera" n'est pas une sentence mystique à l'usage des saints et des héros. C'est le conseil quotidien aux marins et aux montagnards. On pourrait l'imprimer dans un guide des Alpes ou dans un manuel de manœuvres maritimes. Ce paradoxe est tout le principe du courage, même du courage tout à fait terrestre ou tout à fait brutal. L'homme coupé du rivage par la mer peut sauver sa vie s'il la risque au bord du gouffre. Il ne peut échapper à la mort qu'en la frôlant sans arrêt. Le soldat entouré d'ennemis, s'il veut s'en sortir, doit allier un désir ardent de vivre à une singulière insouciance de la mort. Il ne faut pas qu'il se cramponne simplement à la vie, car il serait un lâche et ne s'échapperait pas. Ni qu'il attende simplement la mort, car il serait un suicidaire et ne s'échapperait pas. Il doit chercher sa vie dans un esprit de furieuse indifférence à son égard; il doit la désirer comme de l'eau et boire cependant la mort comme du vin. Aucun philosophe n'a, à mon sens, exprimé cette énigme romantique avec la lucidité qu'elle exige, et je ne l'ai certainement pas fait. Mais le christianisme a fait davantage : il en a tracé les limites sur les effroyables tombeaux du suicidé et du héros, en montrant la distance qui sépare celui qui meurt au nom de la vie de celui qui meurt au nom de la mort. Et il a brandi depuis lors, au-dessus des lances européennes, l'étendard du mystère de la chevalerie : le courage chrétien, qui méprise la mort, et non le courage chinois qui méprise la vie.
 (...)
Telle fut la grande affaire de la morale chrétienne : la découverte du nouvel équilibre. Le paganisme avait été comme un colonne de marbre, verticale parce que aux proportions symétriques. Le christianisme était pareil à un énorme rocher déchiqueté et romantique : bien qu'il oscille sur son socle au moindre choc, il trône là depuis mille ans parce que ses irrégularités exorbitantes s'équilibrent parfaitement. Dans une cathédrale gothique, les colonnes sont toutes différentes, mais elles sont toutes nécessaires. Chaque pilier semble être un pilier accidentel et fantastique; chaque contrefort est un arc-boutant. Ainsi, dans la chrétienté, des accidents apparents s'équilibraient. Becket portait un cilice sous sa chasuble d'or et de pourpre, et il y aurait beaucoup à dire sur cette association, car Becket bénéficiait du cilice alors que le peuple bénéficiait de l'or et de la pourpre. Cette conduite vaut mieux du moins que celle du millionnaire moderne qui arbore des habits noirs et ternes pour autrui et garde l'or près de son cœur. Mais l'équilibre ne figurait pas toujours sur le corps d'un seul homme comme celui de Becket; il se répartissait souvent sur tout le corps de la chrétienté."

2 commentaires:

  1. Les aphorismes de Dantec, quelle bouffonnerie!
    Pour s'élever intellectuellement vaut mieux lire Spirou.
    Ce pauvre Chesterton, exemple de finesse et d'allégresse, doit remuer dans sa tombe, sous le poids de cet accablant Dantec.

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  2. Moi quand je lis RdB j'ai bien le sentiment qu'il obéit à des vertus chrétiennes devenues folles. Et il ose défendre Chesterton. Il est comique et vulgaire en plus, RdB.

    Mouloud

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