dimanche 27 mars 2016

Souvenir pascal

Le feu flamboyait devant le petit visage rond
"Joyeuse Lumière, splendeur éternelle du Père"
Dans la nuit obscure, la fin des doutes, des raisons
La main blottie dans celle, rêche, de la mère
Oh fêtes de l'enfance, toute l'essence de la religion.

Se souvenir, plus tard, quand la vie te blesse
Du feu pascal, du vent de la nuit, des caresses
Se réchauffer à la chaleur des châles que ta mère
Serrait contre toi, guérir par toutes les prières
Entendues autrefois. Dieu est là! Au creux
De ton esprit, de ton corps, de ton cœur
Dieu est là, qui te murmure et qui effleure
La surface de ta misère, de tes doutes, de ta douleur.





"Je veux être avec toi.
Tu ne peux pas.
S'il te plaît.
Tu ne peux pas. Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si tu sais.
Il existe pour de vrai ? Le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ? Je ne sais pas où il est.
Si, tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois."

(La Route de Cormac McCarthy) 


Tenir bien serré son petit cierge dans le vent du soir... La flamme, allumée au grand cierge pascal, vacille. La protéger avec son autre main et marcher, dans le même temps, sans trébucher. Maman, à mes côtés chante le refrain : "Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père". Nous avançons vers l'église, en piétinant et en surveillant nos lumières. Maman m'attrape la main, mon cierge va s'éteindre, je tente de me dégager mais elle me tient fermement."Attention! une flaque d'eau" chuchote t'elle. "Pas les pieds dans l'eau! Saute". Basile fait un grand pas réussi, je vais faire pareil...juste toucher l'eau avec le bout de ma chaussure...juste. Maman tire sur mon bras, elle sait tout Maman.
On entre dans l'église qui est dans le noir, pas de lumière, sauf celle des cierges. La cire coule le long du mien, je la récupère d'un doigt, aïe, ça brûle!! Maman enlève vite avec son ongle et dit : "Comme ça tu sauras! c'est chaud! Ne renverse pas ton cierge sinon je l'éteins!"
Les enfants de chœur sont installés derrière le prêtre, je vois Rémi, je vois Pierre qui pince son voisin, je vois JB qui s'approche pour le taper, je vois François immobile les yeux dans le vague.
"Quand est-ce que je serai enfant de chœur?" je demande à Maman. "Pas maintenant, quand tu auras fait ta première communion."

On souffle tous en même temps sur nos cierges, on peut s'assoir maintenant.

Le papa de P. se lève et lit l'histoire de Moïse, de Pharaon qui le poursuit jusqu'à la Mer Rouge avec ses cavaliers. Tous les hébreux traversent la mer sans être mouillés, toute une mer! Bientôt on pourra se baigner dans la piscine en tôle du jardin, quand il ne fera plus froid...Mais je sais pas si je vais me baigner dedans... il y a une grosse bête...une fouine a dit Maman...qui s'est noyée dedans. J'ai vu la fouine crevée, dans l'herbe. Elle a du se débattre avant de mourir, la fouine...J'ai pu envie de me baigner là-dedans maintenant.

Si les œufs en chocolat tombaient dans l'eau?

Maman a dit que les noeufs de Pâques, ils viennent de Rome, des cloches de la basilique de Rome, là où habite le Pape. Elles se chargent sous leurs robes de tonnes de chocolats, elles prennent leur élan sur le toit de l'église du Pape, elles s'élancent dans les airs et elles vont dans le MONDE ENTIER, avec des petites ailes spéciales et quand elles se secouent, ça sonne et elles font tomber des noeufs, partout où il y a des gens."Maman, c'est quand que les cloches vont donner les chocolats?" "Demain, dimanche de Pâques, quand Jésus est ressuscité"; Maman se penche pour me dire à l'oreille, elle a l'air un peu gênée que je pose la question pendant la messe."Si tu es fatigué, mon lapin, tu peux t'assoir" elle dit en plus Maman, en me faisant un bisou dans l'oreille.

Bonne idée, je suis fatigué, moi, c'est long cette messe.

Maman a dit aussi que les cloches de Rome, c'est très dur de les voir quand elles passent, on les entend sonner mais le temps qu'on aille dehors, elles sont déjà parties au loin, elles sont très rapides. Moi, je vais guetter demain, je vais rester dehors, dès que je serai réveillé, je vais surveiller et sûrement je les louperai pas.
Pfff... c'est long...
Grégoire dodeline de la tête, il met ses pieds commodément croisés sur le prie-Dieu, ses yeux se ferment, Pharaon galope dans la plaine de la mer, les vagues se lèvent, les cris des cavaliers submergés se confondent avec les cloches de Pâques, Jésus ouvre la porte du tombeau, il en jaillit des oeufs de chocolat....

7 commentaires:

  1. Grég vit délà le silence de l'esprit il ne s'agite pas il est calme et en confiance. Il rêve de la présence de son Sauveur. Voilà le calme et la paix l'envahissent doucement et maman prie dans la somnolance et notre Jésus aime cette mère ainsi; car elle es sans fard ni ostentation. Tu es vivante de sa complicité. Oui, Il t'aime ce Jésus bien loti au foyer de ton coeur. Il te redécorre et t'éclaire de sa splendeur. ESTE FIDELIS. Sequela Christi.
    Christ est rescucité.
    Charles

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  2. C'est mignon d'être dans ses rêves quelques minutes. J'aime.

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  3. A cet âge-là, le rêve et la réalité, c'est encore très mélangé. Il jouent avec un sérieux incroyable, comme si c'était une question de vie ou de mort.ça me surprend à chaque fois.

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  4. Bravo pour cet angle de vue de la Vigile pascale vraiment charmant! On s'y croirait! Vous nous redonnez une âme d'enfant!

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  5. Don Ed, ne traînez pas trop par ici, tout n'y pas très catholique...^^
    Merci.

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  6. Quels beaux souvenirs ! La nuit c'est merveilleux. Merci de nous faire participer.
    Dans mon village quand j'étais enfant il n'y avait pas de Vigile Pascale, on allait à la messe le dimanche matin.
    Mais les cloches passaient aussi....
    Christus resurrexit !

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