"Mieux que celle du jour, la lumière des cires découvrait le visage à travers la mousseline. Quelques heures avaient suffi pour l'apaiser, le détendre, et le cerne agrandi des paupières closes faisait comme une sorte de regard pensif. C'était encore un visage fier, certes, et même impérieux. Mais il semblait se détourner d'un adversaire longtemps bravé face à face, pour s'enfoncer peu à peu dans une méditation infinie, insondable. Comme il était déjà loin de nous, hors de notre pouvoir! Et soudain j'ai vu ses pauvres mains, croisées, ses mains très fines, très longues, plus vraiment mortes que le visage, et j'ai reconnu un petit signe, une simple égratignure que j'avais aperçue la veille, tandis qu'elle serrait le médaillon contre sa poitrine. La mince feuille de collodion y tenait encore. Je ne sais pourquoi mon cœur alors s'est brisé.Le souvenir de la lutte qu'elle avait soutenue devant moi, sous mes yeux, ce grand combat pour la vie éternelle dont elle était sortie épuisée, invaincue, m'est revenue si fort à la mémoire que j'ai pensé défaillir.Comment n'ai-je pas deviné qu'un tel jour serait sans lendemain, que nous nous étions affrontés tous les deux à l'extrême limite de ce monde invisible, au bord du gouffre de lumière? Que n'y sommes-nous tombés ensembles! "Soyez en paix", lui avais-je dit. Et elle avait reçu cette paix à genoux. Qu'elle la garde à jamais! C'est moi qui la lui ai donnée. O merveille, qu'on puisse faire ainsi présent de ce qu'on ne possède pas soi-même, ô doux miracle de nos mains vides! L'espérance qui se mourait dans mon cœur a refleuri dans le sien, l'esprit de prière que j'avais cru perdu sans retour, Dieu le lui a rendu et qui sait? en mon nom, peut-être... Qu'elle garde cela, qu'elle garde tout! Me voilà dépouillé; Seigneur, comme vous seul savez dépouiller car rien n'échappe à votre sollicitude effrayante, à votre effrayant amour."
(Journal d'un curé de campagne, Bernanos)
J'avais supprimé ce commentaire certainement écrit sous l'emprise de l'alcool, pas de la connerie non non, mais je le remets pour dire à François que je n'ai pas lu Rebatet et que la catholicitude de Rebatet ne m'intéresse pas pour le moment.ça pourrait, notez bien, mais pas en ce moment, voilà tout.Mais la petite dame a effectivement d'autre lectures, oh moins trépidantes, moins sulfureuses, moins "réacs", certainement. Des lectures de p'tite dame, quoi. Alors qu'est ce que vous venez foutre par ici? Vous êtes pas une fiotte, une gonzesse, vous! Vous valez mieux que la p'tite dame pleine de bons sentiments catholiquesques...
RépondreSupprimer"Elle en lit des choses, la p'tite dame, est-ce qu'elle a lu Les Deux Etendards de Rebatet? Parce que ça pourrait bien l'intéresser lap'tite dame,elle qu'est catholique, il y est beaucoup question de catholicitude et pis d'amour et d'amitié-tout-ça-tout-ça.
François Bénin-Togo"
Oula je crois qu'il y a méprise sur le ton que je croyais employer dans mon commentaire. Je vous demande pardon pour la formulation désastreuse qui donne l'impression que je vous provoque puérilement alors que je cherchais véritablement à vous orienter sur un bouquin qui m'est véritablement apparu passionant et que j'ai dévoré d'une traite (même si c'est un gros pavé). La particularité de ma connerie (même si en la présente circonstance il s'agissait plutôt d'une lourdeur parfaitement involontaire donc d'une grosse maladresse d'égrillard sans tact) est que je n'ai pas besoin d'alcool pour me montrer d'une lamentable incorrection dans ma façon de me présenter à autrui. En relisant mon commentaire je suis écarlate de honte, je me demande encore comment j'ai pu ne pas me rendre compte que ce ton que j'y emploie traduit tout sauf ce qui se voulait un simulacre de badine camaraderie. Je vous présente mes plus plates excuses, ne vous méprenez pas sur l'utilisation de "la p'tite dame" (d'une inqualifiable sottise, vraiment) , je suis loin d'être un adepte du virilisme à gros membre soralien et n'ai foutrement aucune espèce de mépris pour vous du haut de mes malheureux vingt-deux piges ou de ma bien modeste culture à laquelle la vôtre n'a rien à envier.
RépondreSupprimerEncore une fois pardon, j'essairai à l'avenir d'être plus soigné et raffiné dans mes formulations si d'aventure je trouvais quelque chose d'intéressant à vous dire en parcourant votre blogue.
François Quelconmaisquelcon.
Je crois que j'ai démarré un peu vite François, décidément le net peut provoquer des méprises malheureuses et je suis heureuse d'avoir finalement publié votre commentaire.Excusez ma... vivacité, cela ne se reproduira plus, avec vous du moins, je vous connais mieux maintenant!
RépondreSupprimerMerci pour votre conseil de lecture que je prends très au sérieux.
22 ans? Ah, Bernanos, vous pouvez le lire mais je crois qu'on ne peut vraiment le comprendre -comment dire...- se l'approprier qu'avec une certaine maturité et donc un âge certain.Voyez : j'ai presque 40 ans et je n'en suis qu'au début de mes "confrontations" avec cet immense écrivain.