dimanche 15 novembre 2009

Larmes


A l’aube, un doux baiser donné et reçu, une odeur chérie

Qui s’estompe trop vite, je me lève déjà toute tendue

Vers les tâches à accomplir. Dehors, il fait encore nuit

Je réveille les petits, les embrasse à bouche que veux-tu.


Et mes larmes coulent, sur mon visage, glissent jusque dans mon cœur

Comme l’eau du fleuve jamais interrompue, sans retenue et sans heurt

Les larmes coulent depuis toujours, mais maintenant elles sont apparues :

Auparavant, invisibles et secrètes, elles passaient leur chemin, inaperçues.


Je travaille et souris, m’esclaffe et ris, un bon mot, c’est du pain béni.

Le soleil brille, il est monté ce matin, royal et immense, au travers

De la forêt, dans les brumes vaincues ; un oiseau tout petit et fier

A chanté au cœur du long hiver, sa première et douce mélodie.


Et mes larmes coulent, sur mon visage, glissent jusque dans mon cœur

Comme l’eau du fleuve jamais interrompue, sans retenue et sans heurt

Les larmes coulent depuis toujours, mais maintenant elles sont apparues :

Auparavant, invisibles et secrètes, elles passaient leur chemin, inaperçues.


Dans la maison, je m’adonne avec ardeur à la fièvre salvatrice

Reposante et bienfaitrice du ménage. Activité et rangement

Qui ordonne et apaise mon esprit chaotique ; les gestes constructifs

Cicatrisent les plaies de guerres et tueries vécues enfant.


Et pourtant !


Mes larmes coulent, sur mon visage, glissent jusque dans mon cœur

Comme l’eau du fleuve jamais interrompue, sans retenue et sans heurt

Les larmes coulent depuis toujours, mais maintenant elles sont apparues :

Auparavant, invisibles et secrètes, elles passaient leur chemin, inaperçues.


J’ai passé une merveilleuse soirée, entourées de bons amis, avec mon mari

Ensembles nous avons évoqué le monde et sa beauté, nos soucis aussi

Dans la nuit, il m’a aimé avec transport, avec folie et je me suis endormie

Sans ombre ni nuage, lovée tout contre lui, au chaud, sans rêves aussi.


Mais mes larmes ont coulé, sur mon visage, ont glissé dans mon cœur

Toute la nuit, comme l’eau du fleuve jamais interrompue,

Elles ont coulé et au matin j’ai vu l’oreiller trempé de mes pleurs.

Auparavant, elles passaient leur chemin, inaperçues.


(Comme on dit aujourd'hui : rediffusion)






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