Isaïe, 55, 10-11 :
« …ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. »
"Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri."
Don Delillo, dans Les Noms :
"Les formes des noms constituent un élément important de notre programme, comme vous le savez. Qu'avons-nous? Des noms, des lettres, des sons, des dérivations, des translitérations. Nous n'approchons les formes des noms qu'avec respect. C'est un tel pouvoir secret.
Xyr, dans Machine :
"Ils sont des mécaniciens dépassés par le vivant, à la manière des télépods du film La mouche de Cronenberg qui, incapables de comprendre la chair, la détruisent en tentant de la restituer."
(...)
"Un virus informatique élevé au rang de doctrine du progrès. La lame de fond d'une façon de voir, de penser et d'agir qui me parait de plus en plus être l'œuvre du Diable en personne."
Le Stalker dans La Mort de Virgile d'Hermann Broch ou l’attente éperdue du vrai langage :
"Dès lors, puisqu’il s’agit de faire retour à cette Source première ou sacrée, puisqu’il s’agit, pour le poète dont c’est le rôle le plus insigne, d’en recueillir pieusement les ultimes traces, comme autant de parcelles éparpillées ou de tessons du Vase brisé par le Serpent, et que, dans cette quête éperdue, il ne pourra comme Virgile qu’avouer son impuissance cuisante, la seule possibilité de salut paraît bien mince, son improbabilité même étant indiquée par les caractéristiques extrêmes de la voix de la grâce, capable de nous apporter ce discours extérieur, cette aide que nos voix confuses réclamaient éperdument : «aucun moyen terrestre n’est suffisant pour résoudre la tâche éternelle, pour découvrir et proclamer l’Ordre, pour parvenir à la connaissance au-delà de la connaissance; non, cela est l’apanage des puissances et des moyens transcendants, d’une force d’expression qui laisse loin derrière elle toute expression terrestre»."
Delsol, dans Qu'est-ce que l'homme? :
"En ce sens, le nom, qui à la fois accompagne et engendre symboliquement la différenciation, est une cicatrice : la fermeture toujours temporaire de la blessure dans laquelle gît le chaos sous-jacent. C'est pourquoi il suffit de confisquer le nom pour faire resurgir le chaos : la barbarie comme mélange des mots et des noms, comme dé-différenciation, comme confusion. Le nom est le rempart contre la barbarie menaçante, car le chaos se trouve toujours-là, en dessous de l'être. Le mal, avant d'être ce qui sépare, est ce qui dés-inscrit, ce qui rouvre la cicatrice fermant la blessure.
Toujours on retrouve la proximité entre le chaos et le mal : par exemple, Georges Dumézil montre la préhistoire des "trois "fléaux fonctionnels" : l'épidémie, la guerre intérieure, la guerre extérieure. Le mal se manifeste par le dissolution de l'être, le retour à l'indétermination - la mort-, ou par le conflit entre les êtres.
(...)
Autrement dit, l'homme doit être séparé pour être, mais il doit être en relation pour bien être."
Tout brûler
Cela faisait quelques jours, quelques mois
Quelques années, en fait, que des démons
Petits, discrets, pas gênants, ma foi
Me tenaient compagnie, tapis, dans le fond
De mon âme.
Il y en avait plusieurs, pas tous repérés
Je m’en vais évoquer ceux que j’ai observés.
Le premier s’appelle la Peur, en fait nommée
Fragilité, chez une jeune femme bien née.
Qui a une âme.
Le second a toute l’apparence lui aussi
De la vertu. C’est la terrible Résignation
Un démon qui m’attrape le cou et me plie
La tête. On n’y peut rien , c’est l’acceptation.
Avec force d’âme.
Ce troisième, c’est le plus fort,
Je combats comme je peux tous les jours,
Je secoue dans tous les sens le joug
C’est le Désespoir qui entraîne vers la mort
Ma pauvre âme.
Oh, Seigneur, viens me délivrer de ces monstres
Brûle-les, écrase-les, détache-les de ta flamme
Comme des virus, inoculés, dans le cœur profond
Dis une parole, Jésus, une seule, contre le Mal
Et guérie sera mon âme.
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