"Apocalypse ne signifie évidemment pas "fin-du-monde-catastrophe-généralisée, etc.",le mot signifie au contraire la révélation de la présence divine dans le monde."*** " Toute littérature est un écho du Verbe, qu’on le veuille ou non."(Dantec) *** l’Art, qu’il soit littéraire ou plastique, n’exprimait jamais rien d’autre, à ses yeux, que l’idée que la partie n’est jamais et n’est pas jouée (Muray)***"la vérité ne peut-être obtenue qu'au prix de renoncer à la certitude" (Nemo)
mercredi 1 juillet 2009
Savoir écouter, savoir regarder un tableau, savoir lire.
Chet Baker, "Comme si j'avais des ailes"
"A cette époque, cela faisait environ trois ans que je jouais de la trompette. Un jour, quand j'avais treize ans, mon père avait ramené un trombone à la maison. Je m' y étais essayé - sans grand succès - pendant deux semaines. Comme j'étais petit pour mon âge, je n'arrivais pas bien à atteindre la dernière position et l'embouchure étais trop grande pour mes lèvres. Après une quinzaine de jours, le trombone disparut et fut remplacé par une trompette. Elle était beaucoup mieux adaptée à ma taille et je fus tout de suite capable d'en tirer quelques sons. Je me mis à suivre des cours d'instrument à l'école, mais j'avais énormément de mal à lire la musique. Je dépendais entièrement de mon oreille, ce qui créait des problèmes constants avec M. Kay, le directeur de l'orchestre. Je faisais partie de la fanfare, où j'appris toutes les marches de Sousa d'oreille, et aussi la formation de danse de l'école. A l'origine, mon père voulait que j'étudie le trombone parce qu'il admirait énormément Jack Teagarden, mais sa déception diminua peu à peu quand il constata mes progrès à la trompette - en fait, il appréciait aussi Bix.
Quand je revins en Californie après ma démobilisation, mes parents avaient réussi à s'acheter une jolie petite maison avec deux chambres située au 1011 de la 16è Rue, à Hermosa Beach, sur la colline surplombant le Highway 101. Ce fut le premier logement qu'ils soient parvenus à posséder. En 1949 je décidai de tirer parti des allocations de CI auxquelles j'avais droit et je m'inscrivis à El Camino Junio Collège, à Lawndale. Je choisis la musique comme matière principale et l'anglais comme matière secondaire. De nouveau, je fus confronté au même vieux problème : mon oreille. El Camino, à cette époque, n'était pas vraiment une université comme les autres : les cours avaient lieu dans ce qui ressemblait pour moi de façon suspecte à de vieux baraquements militaires.
C'est à El Camino que je fis la connaissance d'Andy Lambert. Il avait un frère nommé Jack qui commençait à avoir du succès comme acteur de cinéma. Andy jouait de la basse dans un trio à Hermosa Beach, dans un bar appelé le High Seas. Il avait une trentaine d'année et s'était engagé dans la Navy, où il avait perdu une jambe. Il se débrouillait assez bien avec une jambe en bois. Nous devînmes amis et il m'invita à venir faire le boeuf au club avec son orchestre.
Andy fut aussi la première personne à me faire découvrir l'herbe - que Dieu le bénisse! J'adorai cela et continuai à en fumer pendant les huit années suivantes, jusqu'à ce que je commence à prendre des substances plus dures et finisse par être accro à la came. J'aimais beaucoup l'héroïne et l'utilisai presque constamment, sous une forme ou une autre, pendant les vingt années suivantes (y compris la méthadone, qui ne procure, cela dit, aucun sentiment d'euphorie, sauf si l'on est clean).
(...)
Après cela, chaque fois que je pouvais, je passais chez Jimmy Rowles entre midi et une heure - parfois il dormait quand j'arrivais -, mais il me traitait toujours bien et m'invitait toujours à rester. J'attendais qu'il ait pris son petit déjeuner puis je lui demandais de me jouer quelque chose. J'avais l'impression qu'il connaissait plus de morceaux que n'importe qui d'autre que j'aie recontré. Les morceaux intéressants, en tout cas. J'appris énormément de lui; comment, notamment, rester simple, comment ne pas en faire trop à la trompette.
Il me semble que la plupart des gens sont impressionnés par seulement trois choses : quand on joue vite, quand on produit des notes aiguës et quand on joue fort. Je trouve cela un peu exaspérant, mais j'ai beaucoup plus d'expérience maintenant, et je réalise que probablement moins de deux pour cent du public sait vraiment écouter. Par écouter, je veux dire suivre un musicien dans ses idées en relation avec la structure harmonique, et si elle est complètement moderne.
http://video.google.fr/videosearch?q=chet+baker&hl=fr&emb=0&aq=f#
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je ne sais pas mettre de musique ou de vidéo sur ce blog mais je vais apprendre, un jour, c'est sûr...
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