Samedi 25 Avril
Ces jours-ci, j'ai continué à lire avec délectation les "Carnets d'un vaincu" de Nicolàs Gomez Davilà, et j'ai trouvé un aphorisme qui éclaire assez bien l'étonnante nouvelle que je suis obligée de vous murmurer car, même en la chuchotant, elle est propre à résonner. Du moins, c'est ainsi que nous l'avons perçue, avec mon mari, quand un de nos fils est venu très simplement nous annoncer qu'il rentrait au séminaire.
"La décision qui n'est pas un tant soit peu démente ne mérite pas le respect."
Nous avons pris avec beaucoup de sérieux et de respect cette bouleversante décision et, comme toujours, nous allons faire de notre mieux pour seconder ces prémisses de vocation.
Que dire après cette nouvelle qui me laisse sans voix. Que je le pressentais depuis longtemps? Non. Que je priais pour qu'un de mes enfants ait cette vocation? Mollement. Que c'est quelque chose qui nous dépasse absolument? Oui.
J'avais écrit ce poème, il y a longtemps, et peut-être sa dernière strophe trouve-t-elle une nouvelle lumière aujourd'hui avec cette vocation (même si tout chrétien peut la reprendre à son compte, prêtre ou pas).
Prière
Il est là, debout, appuyé contre un mur,
Son odeur insoutenable l’encercle comme une armure,
Un pantalon gris, en loques, couvre sa misère,
Un sac en plastique, tous ses biens, par terre.
Elle est, à genoux, dans ses bras enserrés
Sa fille unique, le tremblement de terre
Au matin, dans son école, l’a écrasée,
Morte, broyée, dans les bras de la mère..
Ils sont là, dans la boue, le désert, nus
Ils n’ont plus rien : l’ouragan a tout dévasté
Leur maison, leur terre, tout est figé
Après la tempête. Ils ont tout perdu..
Elle est là, Seigneur, l’humanité,
Celle que tu as voulue, et créée.
Comme des pantins disloqués
Aux mains cruelles de la destinée.
La révolte gronde, la haine s’épanche
En un immense fleuve noir, brûlant
Seigneur, il faut que tu te penches
Pour emporter, de l’univers ardent
Ceux qui brûlent et se noient
Ceux qui pleurent et s’assoient,
Ils n’ont pas vu ta Croix
Tomber sur eux avec Toi.
Ils restent en terre et ne se retournent pas
Pour te prendre Seigneur et relever tout à la fois
Pour te rependre, Seigneur, bien droit
Ou t’emporter, Jésus, dans leurs bras
Te soigner, te guérir, te consoler
Enlever, la boue, la suie et la poussière
Avec leurs mains, leurs gestes et leurs prières,
Les corps brisés, les âmes noyées et submergées
Tu es notre Berger, tu vas nous chercher
Dans le fleuve, dans le noir, dans la nuit
Tu es notre Berger, tu vas nous sauver
Rassembler le troupeau de ceux qui fuient
Affolés.
Et moi qui ai tout vu, tout observé
A tes côtés, mon Dieu, je vais courir rattraper
Les petits agneaux mais aussi les noirs béliers
Te les remettre, ces âmes, à jamais.
"Apocalypse ne signifie évidemment pas "fin-du-monde-catastrophe-généralisée, etc.",le mot signifie au contraire la révélation de la présence divine dans le monde."*** " Toute littérature est un écho du Verbe, qu’on le veuille ou non."(Dantec) *** l’Art, qu’il soit littéraire ou plastique, n’exprimait jamais rien d’autre, à ses yeux, que l’idée que la partie n’est jamais et n’est pas jouée (Muray)***"la vérité ne peut-être obtenue qu'au prix de renoncer à la certitude" (Nemo)
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