Il est là, seul, debout, appuyé contre un mur,
Son odeur forte l’encercle comme une armure,
Un pantalon en loques, couvre sa misère,
Un cabat gris rassemble tous ses biens, par terre.
Elle est à genoux et, dans ses bras enserrés,
Son trésor, sa fille qu'un tremblement de terre,
Au matin, dans son école, a écrasé,
Retrouvée morte, broyée, par sa pauvre mère..
Ils sont là, seuls, dans la boue, dans un désert, nus
Ils n’ont plus rien : l’ouragan a tout dévasté
De leurs maisons, leurs terres, tout est ravagé
Après la folle tempête. Ils ont tout perdu..
Elle est toujours là, Seigneur, ton humanité,
Celle que tu as voulue, chérie et créée.
Comme des pantins brisés,aux fils disloqués,
Mains fatales d'une cruelle destinée.
La révolte gronde d'où la haine s’épanche
En un immense fleuve obscur, lourd et brûlant
Seigneur, Ô Dieu, il faut alors que tu te penches
Afin d'emporter de cet univers ardent
Ceux qui brûlent, et désespèrent, et se noient
Ceux qui pleurent, et agonisent, et s’assoient,
Ils n’ont pas vu, non, ils n'ont jamais vu ta Croix
Se pencher sur eux à chaque instant, avec Toi.
Ils restent en terre et ne se retournent pas
Pour te reprendre et relever tout à la fois
Pour te rependre, éternellement, sur la croix
Ou t’emporter, Jésus, te serrer dans leurs bras
Te soigner, te guérir, t'aimer, te consoler
Enlever, toute la boue, la suie, la poussière
Avec leurs mains, leurs gestes, leurs belles prières,
Les corps brisés, les âmes noyées, submergées
Tu es notre Berger et tu vas nous chercher
Dans le fleuve, dans le noir, dans cette folie
Tu es notre Berger et tu vas nous sauver
Rassembler le triste troupeau de ceux qui fuient
Affolés.
Et moi, Seigneur, qui ai tout vu, tout observé
Avec Toi, toute ma vie, je vais rattraper
Les petits agneaux mais aussi les noirs béliers
Te remettre, ces âmes, Seigneur, à jamais.
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