vendredi 28 juillet 2023

Chronique estivale 7

 Les bocaux de compote de prunes se suivent mais ne se ressemblent pas. Les derniers sont moins acidulés car les prunes sont plus mûres que les premières cueillies. Et j'ai mis légèrement plus de sucre. 

Sur un groupe de conversation de femmes, nous avons eu une discussion intéressante à propos des dépressions post partum : ces dépressions qui arrivent lorsqu'on a accouché et qui provoquent un rejet du bébé. Certaines peuvent être très graves. D'autres se manifestent surtout comme une grosse fatigue.

Je me souviens d'un gros traumatisme pour mon premier accouchement : la douleur éprouvée pendant l'accouchement m'a surprise, je ne m'attendais pas à ces violentes contractions, je ne m'attendais pas à être recousue à vif sans anesthésie, je ne m'attendais à rien de tout cela. Et je n'en ai parlé à personne car selon les standars de l'époque j'avais eu un accouchement, classique, réussi. L'heure était à la joie. Sauf que. Au fond de moi-même je demeurais avec un véritable choc traumatique.

À la naissance de Rémi, mon sixième enfant, c'est une autre épreuve qui m'attendait : je sortis de la maternité complètement épuisée, physiquement et moralement. Je déprimais, je ne trouvais au fond de moi aucune source de joie, aucun bonheur à cette naissance. Pourtant Rémi était un nourrisson magnifique, le premier avec de beaux yeux bleu, très calme et bien portant. Mais rien n'y faisait. Je parlai à mon petit en revenant de maternité :" Rémi, maman t'aime mais elle est très fatiguée. Ne m'en veux pas si je te laisse pleurer la nuit." Et curieusement, ce petit poupon aux grands yeux azur a fait ses nuits en un temps record.

De mon côté je cachais mon état d'esprit et me sermonnais intérieurement :"reprends-toi! Ne te laisse pas couler."

Je crois me souvenir que cette déprime a duré quelques semaines et puis s'est terminée. Mais je l'avais échappé bel.

En racontant ces expériences dans le groupe de discussion, j'ai réalisé que je n'en avais jamais parlé à ma famille, mon mari. 

Je vais être grand-mère et peut-être devrais-je raconter à ma fille enceinte (et à ma belle-fille?) ces deux expériences pour la préparer, la mettre en garde, la prévenir de nous prévenir si par hasard elle éprouvait le moindre signe de dépression ou de tristesse. Qu'elle ne culpabilise pas si cela lui arrivait, aujourd'hui ces choses-là se racontent et se traitent.

Peut-être qu'être grand-mère c'est aussi transmettre ces expériences plus ou moins heureuses de la vie.


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