mardi 9 août 2022

"Loin de la foule déchaînée" de Thomas Hardy

 J'ai lu un très beau roman, de Thomas Hardy, au titre évocateur : "Loin de la foule déchaînée ".

Titre évocateur parce que nous étions dans la maison de ma soeur, en Bretagne,  lorsque je l'ai lu, et cette maison de vacances est une petite maison de ville. La nuit, nous entendions les voitures défiler sur la route voisine et cela nous perturbait avec mon mari car nous ne sommes pas habitués à ces bruits citadins. Généralement nos nuits sont peuplées de cris nocturnes qui nous bercent et nous endorment : hululements de chouettes, glapissements de renards, miaulements de chats. Lorsqu'une voiture fait entendre son moteur dans nos nuits, c'est qu'il se passe quelque chose : nous nous réveillons et devenons attentifs. 

Nous avons déménagé dans la maison de mes parents, en pleine cambrousse,à quelques kilomètres de celle de ma soeur, et même si les installations sanitaires sont plus vétustes et la cuisine moins commode, nous nous y sentons mieux et retrouvons avec bonheur le ballet des chauve-souris à la place de celui des voitures.

Ce beau roman, lu "à hue et à dia" sur la plage,  met en scène une jeune fille héritière d'une belle ferme dans la campagne anglaise et trois prétendants qui gravitent autour d'elle. Trois figures de l'amour qui sont comme trois possibilités, trois chemins de bonheur qui sont proposés à la jeune femme.

Le berger Gabriel Oak, la première figure, un jeune homme plein de promesses, sûr de ses capacités,  exerçant avec savoir et humilité son métier de berger, d'intendant (au gré de sa vie), plein de fierté de ce qu'il est et de sagesse face aux épreuves. Il est une figure ordinaire de l'amour, extraordinairement belle, humble et forte. Il est la figure de l'amour réussi, un guide (berger) et un véritable soutien (un bon intendant).

Le fermier Boldwood, le voisin de la jeune Bathsheba, bien établi,  qui jouit de la réputation d'un homme austère mais juste. A cause d'une plaisanterie de sa jeune voisine, il va s'éprendre d'elle de façon brutale, absolue et définitive. Il est l'image de la passion brute et incontrôlée qui envahit tout l'homme jusqu'à lui faire perdre la raison. Il délaisse ses affaires et sa ferme pour ne plus que convoiter sa voisine. Prêt à se raccrocher à une promesse de fiançailles illusoire et impossible. 

Et enfin le sergent Troy, brillant soldat mais homme au tempérament faible, qui va l'emporter dans un premier temps sur les deux autres puisqu'il va convoler avec Bathsheba  mais cette dernière va vite comprendre l'égoïsme prédominant de son mari qui ne connaît dans l'amour que ses intérêts. 

Bathsheba ou Betsabée, la "fille du serment", qui devient, dans le récit biblique, la femme du roi David après que ce dernier ait fait tuer son mari Uri pour s'approprier sa très belle femme, Bethsheba Everdene est une très belle jeune fille, qui prend conscience, à l'aube de son indépendance,  de son pouvoir sur les hommes. Elle en prend conscience au départ avec Gabriel, qui, le premier des trois hommes, l'aperçoit et la demande en mariage. Flattée mais surprise, elle refuse. Il ne renouvelera pas son offre mais attendra, en homme qui a une vraie dignité,  que la demande vienne d'elle.

La jeune fille devra  passer par l'épreuve des deux autres sortes d'amour (la passion entière et l'amour intéressé) pour finalement réaliser à quel point l'amour du berger est le plus vrai, le plus équilibré,  celui qui convient le mieux dans une alliance entre deux personnes. Ces épreuves sont une sorte d'épure de son caractère un peu trop vaniteux  et léger et Oak, qui attend patiemment son heure (ou plutôt qui n'attend plus rien et porte sa croix courageusement), ne s'y trompera pas, lui qui l'accueillera, une fois délivrée de ses deux serments (son mariage d'abord et sa promesse de fiançailles) et surtout délivrée de ses défauts. 

Je me disais en moi-même que le Seigneur m'avait fait une immense grâce en me faisant connaître et accepter (sans tergiverser) en mariage mon "Gabriel Oak" à moi, à vingt ans, le premier rencontré,  mon mari. Véritable guide intellectuel, moral, spirituel et véritable soutien dans ma vie de couple et de famille.


2 commentaires:

  1. Je viens moi-même de relire deux ou trois romans de Thomas Hardy (mais pas celui dont vous parlez). Je vous conseille tout particulièrement Tess d'Urberville et, par-dessus tout, Jude l'obscur.

    Sinon, vous pouvez regarder aussi du côté de sa contemporaine, George Eliot, en lisant notamment Le Moulin sur la Floss, roman hautement prisé par le jeune Marcel Proust…

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    1. Merci Didier pour ces conseils de lecture! Je vais vite me procurer les autres livres de Thomas Hardy!

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