vendredi 9 avril 2021

Troisième confinement, vendredi 9 Avril, la nouvelle guerre de Cent Ans

 Ce troisième confinement ne me surprend pas dans le même état d'esprit que les deux précédents. Au premier confinement, le sentiment que la mort rôdait, l'arrêt total de toute activité dans le pays, l'état de sidération qui s'était emparé de tous, la volonté farouche de survie qui dominait au fond de moi, tout ceci avait provoqué une gravité pesante à nos premières semaines, d'autant plus que nous n'avions plus aucun recours concret à la religion (plus de sacrements). Au fur et à mesure, la pesanteur s'en était allée, les beaux jours remplissaient l'atmosphère de langueur et de légèreté, nous étions tous tombés malades et guéris. Seule subsistait et subsiste toujours l'horrible réalité des morts sous covid, seuls à l'hôpital, sans le recours de leurs proches, ni dans leurs derniers instants, ni dans les enterrements. Combien sont partis ainsi, dans une affreuse solitude?

Le deuxième confinement est passé complètement inaperçu pour ma part : je n'ai pas vu de différence dans mon quotidien. J'ai continué mes conduites d'école, mes réunions de travail, prière, de lecture, etc... La seule contrainte : les attestations qui me mettaient systématiquement en retard à chaque sortie.

Ce troisième confinement qui me voit effectuer autant d'attestations que le précédent, malgré l'appel hypocrite à notre responsabilité de nos gouvernants, me plonge dans une grande lassitude. Comme à chaque confinement, mes grands décident de vivre le plus normalement possible et le festival des attestations farfelues atteint des sommets. Ils sont tous devenus les rois du papier administratif, ils baignent dans les méandres bureaucratiques comme des poissons dans l'eau. La traversée de Paris, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, n'a pas de secret pour eux : ils connaissent le film par cœur, ils le vivent, dans cette "guerre", comme dit Macron, dont ils sont les plus furieux résistants. Ils rejettent profondément l'hypocrisie de ces consignes d'état qui cachent mal l'impuissance de nos gouvernants, pire, des manœuvres absurdes et inefficaces contre cette pandémie. Il est clair maintenant que ces gestes barrières, ces contraintes sanitaires sont devenus le fer de lance d'une attaque contre nos libertés les plus essentielles. Cette volonté de mes grands de rester dans le vrai et le juste malgré le marécage qu'est devenu leur pays, force mon admiration. 

Nous avons eu pourtant nos offices de Pâques, un Triduum presque normal, avec cependant une Vigile Pascale en plein après-midi. Tous les enfants étaient rentrés, sauf mon séminariste. Maison pleine donc, trois jours de cuisine qui m'ont vidée : et même pas la possibilité de retrouver un peu d'entrain en m'échappant avec mon mari pour un ou deux jours d'hôtel ou bien grâce à un bon restaurant!

A la place, j'ai pris le temps d'aller visiter mon séminariste le lundi de Pâques et j'ai pu assister, au cours de leur messe, à la prise de soutane de dix séminaristes qui fêtaient ainsi leur accession au cycle de théologie. On les sentait très émus de revêtir leur belle soutane noire. J'ai toujours été touchée de rencontrer dans le monde (aéroports, aires d'autoroutes, gares) des prêtres en col romain ou en soutane. C'est comme si le Ciel s'invitait un instant dans notre quotidien trépidant. Une sorte de quatrième dimension qui s'ouvre et qui provoque un ralentissement, voire un arrêt, dans le mouvement et le temps. C'est de l'ordre du surnaturel au sens strict du terme. "Sur la terre comme au Ciel". Comme l'évangile de ce dimanche de la Miséricorde divine décrit la venue de Jésus parmi les Apôtres après sa résurrection : "... alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : "La paix soit avec vous!""

Cette semaine s'est passée à faire travailler Gabrielle : j'ai invité trois camarades de sa classe à la maison afin qu'ils puissent travailler de concert, avec les mêmes horaires qu'une classe. La maîtresse envoyait tous les jours le programme très précis (c'est l'avantage d'être dans le "hors contrat" : tout y est sur mesure) et je faisais office de répétitrice. Cela a soulagé quelques mamans bien occupées avec leur boulot et avec beaucoup d'enfants à gérer et ça a permis à Gabrielle ne pas se sentir trop esseulée avec ses deux grands frères pour seule compagnie. Nous avons travaillé des leçons amusantes et passionnantes : la versification en français, la photosynthèse en science, la Guerre de Cent Ans en histoire.

Nous terminerons dimanche la belle neuvaine à la Miséricorde divine. Je l'affectionne particulièrement, tout en elle, dans les paroles du Christ adressées à sœur Faustine nous ramène au dessein de Dieu pour tous les hommes. Cette prière nous fait sentir comme les disciples d'Emmaüs qui s'exclament : "Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait…?"

2 commentaires:

  1. Marier la photosynthèse à la Guerre de Cent Ans, voilà qui n'est pas donné à tout le monde !

    Surtout si c'est fait en vers français, avec impeccable césure à l'hexamètre‹…

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    1. J'avoue apprendre beaucoup de choses en même temps que ma fille. L'école devient un monde merveilleux où tout est passionnant. Les enfants, avec ce type de leçons aiment beaucoup "travailler ".

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