samedi 6 juillet 2024

L'oiseau, l'homme et Dieu

Saint Irénée de Lyon :
"La gloire de Dieu c'est l'homme vivant et la gloire de l'homme c'est la vision de Dieu."

"Le passereau s'est trouvé une maison, et la tourterelle un nid où loger ses petits : tes autels, Seigneur de l'univers, mon Roi et mon Dieu! Heureux les habitants de ta maison, à jamais ils te loueront."



L'oiseau, l'homme et Dieu

Tout le jour, l'oiseau célèbre son Créateur
Dès l'aube, il chante, il éveille dans sa ferveur
Ce pour quoi il est créé, son unique tâche
"Louange, Honneur, Gloire" pépie-t-il sans relâche.

Alors que nous prions par la voix de l'Esprit
Nos paroles sont semblables à l'oiseau, son cri
Prières inaudibles qui s'élèvent au ciel
Prières saintes par la grâce du baptême

Ces mouvements de l'âme,
Ressacs de la mer,
Ou un oiseau qui plane,
Coupe riche et amère

Emplis selon sa volonté du Corps, du Sang
L'homme est heureux, son amour est exubérant
Avec l'oiseau, à genoux devant le ciboire,
Ils chantent tous les deux  : Honneur, Louange et Gloire!

vendredi 28 juin 2024

Ma petite voiture




 







Sur les routes, à l'aube, un petit est né

Cette bestiole m'a apprivoisée

Je la conduis avec dextérité,

 Elle m'amuse beaucoup en vérité.


Toutes nos aventures sont épiques :

Nous suivons glacées l'aube qui indique

La jolie route gelée un peu vite

Et la buse juchée sur une pique.


Mais le soir nous abordons vaillamment

Le noir royaume, la brume tombant,

Les roues patinent dans les trous, les flancs,

Une secousse! Et un bond en avant!


De ses phares ronds une flèche luit

Sous les tombereaux de boue et de pluie.

Le chevreuil est menaçant dans la nuit

De cauchemar dans laquelle il se rit.


"Oh oui, que de beaux voyages raconte

L'obscur auteur sur les Indes profondes...

Et pourtant : 

J'ai roulé pas plus loin qu'un petit mont

Chaque jour, mais, sur ces chemins profonds,

Ma vie entière s'est jouée à fond.



mercredi 8 mai 2024

Souviens-toi mon fils

Souviens-toi, fils : l'histoire de Jonas :

Ce prophète n'avait point de courage ; 
Il accepte pourtant jusqu'à la lie
La coupe du sacrifice en partage ;
Et, dans les enfers marins, démuni, 
Il reçoit l’Esprit, la vie, un message. 

De la grande épreuve Jonas sorti, 
Sur Ninive il s’élance et encourage 
La ville, dans le péché endurcie,
A se tourner vers Dieu, le vrai visage 
Du bonheur, de la vérité, la Vie. 

 L'Amour ne tient pas compte du présage : 
 La bouche, purifiée d’un tison, crie 
Au châtiment, à la mort. Mais, surnagent 
Seuls le pardon des péchés, leur oubli : 
Folie d'un Dieu racontée d'âge en âge. 

Souviens-toi, fils : avec Dieu tout est Grâce.

mercredi 3 avril 2024

Les disciples d'Emmaüs



Les deux amis étaient partis tôt le matin,

Ils cheminaient tristement tout à leurs pensées 

Ils avançaient, et, parfois, s'arrêtaient soudain

Trop émus encore pour la ville quitter


Jérusalem ! Cité sainte qu'ils fuyaient, après 

Le brutal événement de la mort du Christ.

Leur seul maître bien-aimé en qui ils croyaient

Cloué sur le bois de la croix! Leur Jésus Christ!


Ils avancent lentement emplis de questions, 

Ils peinent à quitter la ville où ils ont connu

Tant de ferveur, d'espoir, d'amour, de communion

Avec les Apôtres. Ils fuient vers Emmaüs.


Tout est fini. Il est mort comme le dernier

Des voleurs. Tout est fini, il n'est pas Sauveur

Du peuple élu, la race choisie en premier

Par un Dieu jaloux plein de douceur, de fureur


Il n'est pas le roi d'Israël prophétisé

Par des hordes folles et des siècles d'Histoire

Il n'est qu'une chimère réduite en fumée

Laissant sur tous sidération et désespoir. 


Soudain,  se joint à eux, un homme, un inconnu

Apparu à la croisée des chemins, sans bruit

Présence réelle au sein des esprits confus

Ils regardent, étonnés,  l'inconnu qui sourit.


Les deux amis reprennent la route, suivis

Par l'homme. Les événements de la Passion

Sont relatés. Tant de questions pour les amis

Et patiemment le nouveau venu y répond


Il dresse le portrait infini du Salut

Il raconte son histoire depuis Moïse 

La quête des prophètes au sein du peuple élu

Les disciples émerveillés visualisent


La création du monde par un Dieu d'amour

Le plan divin pour ses créatures chéries

L'alliance parfaite conçue pour toujours

Et ce lien unique par le péché détruit 


Qu'à cela ne tienne! Car Dieu pourvoit à tout 

Il envoie son Fils aimé sauver ses enfants

Et, dans le mystère Trinitaire, se noue

Le sort de l'univers, son renouvellement 


Tout est pensé, pesé au coeur de l'Esprit Saint

Tout est décidé, proposé par Dieu le Père 

Tout est accepté, voulu par le Fils, si bien

Que le Sacrifice de la Croix est offert


Les deux disciples écoutent l'homme parler

Ils restent sans voix devant ce tableau précis 

L'instant vécu emplit leur coeur d'éternité 

Ils contemplent sans voir leur Dieu grâce à l'Esprit


L'alliance perdue depuis la nuit des temps

Se reconstitue alors et brûle en leur coeur :

Le lien sacré brille au fond des âmes à l'instant

Timide étincelle qui surgit de ce malheur


Mais déjà le soir approche et le jour baisse

Les disciples retiennent leur nouvel Ami

A la table, Il consacre les Saintes Espèces 

Le pain et le vin devant eux dressés, bénis


Leurs yeux s'ouvrent enfin, leur esprit s'éclaire

Et ils reconnaissent leur Seigneur crucifié 

Leurs coeurs brûlants avaient compris le mystère 

D'un Dieu, pour les hommes, mort et ressuscité 


Leurs coeurs brûlants avaient reconnu le Messie

Les Ecritures ne les ont jamais trompés

La mort est vaincue, l'homme et son Dieu réunis

 La rédemption acquise pour l'éternité. 







dimanche 31 mars 2024

Au tombeau





 



En levant les yeux, alors que la nuit venait,
La lune ronde et pleine, immobile, levait.
L'astre des ténèbres, plus brillant que jamais
On était vendredi Saint, le Christ nous quittait.

Roule, tourne la lune,
Pleure et brille le disque
Contemple dans la brume
La pure Hostie qui surgit.

Il s'en allait seul dans le noir, sa lumière
S'avançait, rassurante, fixe et joyeuse,
S'en allait au tombeau, sa maison dernière
Et roule la pierre toute lumineuse.

Roule, tourne la lune,
Pleurent tous devant le Fils
Contemplent dans la brume
Le Corps qui, au tombeau, gît.

Les femmes attendaient agenouillées au tombeau
Priaient, pleuraient leur Dieu mort parti aux enfers,
Mais le rocher s'illumine comme un flambeau
Le Seigneur se tient, les ténèbres l'éclairent.

Roule, tourne la lune,
Ils prient l'Agnus Dei
Contemplent dans la brume
La grande porte qui luit.

En levant les yeux, alors que le jour venait
La lune s'est effacée, la pierre a roulé
Le Ciel s'est ouvert, le paradis, son entrée,
Le soleil et sa grâce, Christ ressuscité.

Roule, tourne la lune,
Adorent l'astre glorieux
Contemplent dans la brume
Le Seigneur victorieux.

Souvenir pascal (2)

 

Souvenir pascal

Le feu flamboyait devant le petit visage rond
"Joyeuse Lumière, splendeur éternelle du Père"
Dans la nuit obscure, la fin des doutes, des raisons
La main blottie dans celle, toute rêche, de la mère
Oh fêtes de l'enfance, essence de la religion.

Se souvenir alors, plus tard, quand la vie te blesse
Du feu pascal, du vent de la nuit, des tendres caresses
Se réchauffer à la chaleur des châles que ta mère
Serrait contre toi, et guérir par toutes les prières
Entendues, récitées autrefois. Dieu est là! Au creux
De tout ton esprit, de tout ton corps et de tout ton cœur,
Dieu est là qui t’apaise, qui murmure, qui effleure
Toute ta misère, tes doutes, ta grande douleur.




 

"Je veux être avec toi.
Tu ne peux pas.
S'il te plaît.
Tu ne peux pas. Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si tu sais.
Il existe pour de vrai ? Le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ? Je ne sais pas où il est.
Si, tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois."

(La Route de Cormac McCarthy) 

vendredi 29 mars 2024

Mon Dieu se meurt





A l'aube, ciel lumineux et jardin en fleur
Aux jaunes jonquilles dans la rosée froide;
Le soleil peine à chauffer la terre, son cœur,
Un vent effleure quelques oiseaux bien roides.

Et pourtant! Aujourd'hui! A l'instant! Mon Dieu meurt!
Aujourd'hui! A l'instant! En Croix! A quinze heures!
Le Dieu infini, Tout-Puissant, le Créateur!
Il disparaît, maintenant, Il n'est plus, Il meurt!

Des cris, un rire perlé, un enfant pleure,
La journée s'écoule comme si de rien n'était
Sans que le ciel s'effondre, sans un bruit, sans heurt;
Et la Terre, et les mers, ont un rythme parfait.

J'avance seule, dans mon chemin bien réglé,
Il avance vers le Calvaire, tout souffrant;
Je prends dans mes bras le petit à consoler,
Il prend sur ses épaules le poids écrasant.

Je rentre en ma demeure avec des soucis
Il monte sur la Croix, avec les clous fixés;
Et je m'agite, et je travaille, et je m'ennuie,
Il n'est que douleur, mon Seigneur abandonné.

Et Il meurt sur son bois, Il ne ressemble à rien,
Ce Dieu Tout-Puissant qui prend avec et en Lui
(C'est sa ruse d'Amour, son grand secret, sa fin)
Les hommes écrasés de péchés, anéantis.

La Rédemption, pensée depuis la nuit des temps,
Fait mourir un Dieu par amour de tout homme,
Fait mourir un Dieu vidé de son précieux sang,
Salut que la Passion d'un Dieu conditionne.

Ce plan magnifique, cette mort obscure,
Accordée en Esprit au Fils par le Père,
Révélée le long des siècles aux peuples futurs,
Pour guérir du mal, ses lésions mortifères.

Ton Corps brisé, caché, Satan cherchait en vain
Tu étais descendu de la Croix aux enfers
Tu cachais toute l'humanité en ton sein
Tu libérais des limbes toute la Terre.

Tu nous conduis par ta Passion sur le chemin
De la joie de Pâques, celle du Ressuscité.
Broyés contre ton Coeur, tes enfants chéris, loin
De tout mal, de toute mort, pour l'éternité.