samedi 20 mai 2023

Week end en transit

 Week end de l'Ascension chaotique : partis mercredi matin pour Malte où nous accueille l'ami Vincent, je commence mon périple par une heure quarante de RER qui me mène de ma verte campagne à Roissy tout bétonné. J'y retrouve Chuck qui sort de ses cours. Je suis partie avec mon chapeau de soleil, un maillot de bain, quelques tenues estivales. Malte, c'est au sud!

Une fois installés dans l'avion, je commence à me détendre et à croire que ce week end va être parfait. Hélas, l'avion prend du retard dès le départ. Nous arrivons à Zurich, courrons comme des dératés dans l'aéroport, arrivons haletants devant le guichet de la correspondance pour Malte et patatra! L'hôtesse, après quelques coups de fil nous refuse l'embarquement. Nous passons une heure à tenter de choper un autre avion mais rien à faire : pas d'avion avant le lendemain soir, tard, pour Malte, Rome ou Tombouctou.... De guerre lasse, nous acceptons la proposition de Suiss Air : une nuit d'hôtel à Zurich et un retour pour Roissy le lendemain.

Nous voilà partis dans Zurich après avoir déposé nos affaires à l'hôtel (visiblement très habitué à recevoir des touristes en rade) et dormi. Le centre est balnéaire, avec quelques ruelles au charme ancien et grandes églises froides, fermées, protestantes. En ce jour de l'Ascension, c'est un peu triste. Il n'y a pas un chat dans ce centre. Je suppose que tous les Zurichois sont au travail. Nous mangeons du chocolat.

L'aéroport de Zurich est, lui, très animé : bourré de voyageurs en transit, de boutiques prestigieuses, de restaurants, fast-food et cafés. Tout est propre.Quel contraste avec Roissy où les boutiques sont peu nombreuses, les voyageurs au trois quarts issus de la diversité assis par terre, pieds nus comme s'ils avaient décidé de camper avec leur tribu. Cela me frappe lorsque nous atterissons (avec une heure de retard à nouveau) à Roissy, en ce jeudi de l'Ascension et où je tente d'aller aux toilettes dans l'aéroport : accueillie à l'entrée par tout un groupe d'Africains assis par terre,valises ouvertes, je renonce à mon envie pressante et rejoins rapidement Chuck pour le RER. Las! de RER il n'y en a pas en ce jour. Il faut emprunter un bus (à l'autre bout d'un autre terminal) qui nous mènera à une station d'un autre RER. Bon. Charriés par une foule nombreuse, fatiguée, hurlante, avec d'énormes bagages, nous grimpons dans une navette et coinçons comme nous le pouvons nos petites valises entre les sièges : pas question de les mettre en soute, c'est le Far West ici.

Dans les hués et les cris, le bus s'ébranle enfin et nous dépose à 500 m du Stade de France : nous suivons la marée humaine jusqu'à la station de RER. Dans cette traversée du désert, je panique soudain et ouvre ma valise en pleine rue pour retrouver mes  clés de voiture que j'ai cru avoir oubliées à Zurich.

Le cauchemar reprend, nous nous asseyons dans un wagon et nous nous sentons bien seuls, petits blancs au milieu de la diversité animée qui nous entoure. Nous changeons de RER et, au fur et à mesure que nous approchons de chez nous, le train se vide. Il fait bon d'arriver dans sa verte vallée!

dimanche 14 mai 2023

Ascension et Pentecôte
















Le soir approchait et déjà le jour baissait

"Reste avec nous Seigneur" s'écriaient les amis

Reste : si de nouveau Tu nous abandonnais

Nous mourrions, corps et âmes, seuls dans la nuit


Sous le ciel de mai, le soleil se couche

Les nuages dessinent un voile à l'horizon

Perception du Christ que nos yeux brûlants touchent

Dans le Ciel, mais toujours avec nous, l'Ascension


Le soir tombe, les ténèbres se rapprochent

Des bruits de la terre aux âmes silencieuses

Elles attendent en paix l'Esprit-Saint si proche

Le jour baisse dans une lueur radieuse


La nuit recouvre tout. Le péché est partout.

La solitude enveloppe tous les êtres 

Qui vont et viennent dans un demi rêve fou

Haïr ou aimer, nos vies sont des mystères 


Dans le Ciel, sur Terre, le Seigneur se retire

Derrière le voile du Temple reconstruit

Il laisse maintenant son Esprit envahir

Tout homme qui le cherche au coeur de sa vie





jeudi 27 avril 2023

Les disciples d'Emmaüs



Les deux amis étaient partis tôt le matin,

Ils cheminaient tristement tout à leurs pensées 

Ils avançaient, et, parfois, s'arrêtaient soudain

Trop émus encore pour la ville quitter


Jérusalem ! Cité sainte qu'ils fuyaient, après 

Le brutal événement de la mort du Christ.

Leur seul maître bien-aimé en qui ils croyaient

Cloué sur le bois de la croix! Leur Jésus Christ!


Ils avancent lentement emplis de questions, 

Ils peinent à quitter la ville où ils ont connu

Tant de ferveur, d'espoir, d'amour, de communion

Avec les Apôtres. Ils fuient vers Emmaüs.


Tout est fini. Il est mort comme le dernier

Des voleurs. Tout est fini, il n'est pas Sauveur

Du peuple élu, la race choisie en premier

Par un Dieu jaloux plein de douceur, de fureur


Il n'est pas le roi d'Israël prophétisé

Par des hordes folles et des siècles d'histoires

Il n'est qu'une chimère réduite en fumée

Laissant sur tous sidération et désespoir. 


Soudain,  se joint à eux, un homme, un inconnu

Apparu à la croisée des chemins, sans bruit

Présence réelle au sein des esprits confus

Ils regardent, étonnés,  l'inconnu qui sourit.


Les deux amis reprennent la route, suivis

Par l'homme. Les événements de la Passion

Sont relatées. Tant de questions pour les amis

Et patiemment le nouveau venu y répond


Il dresse le portrait infini du Salut

Il raconte son histoire depuis Moïse 

La quête des prophètes au sein du peuple élu

Les disciples émerveillés visualisent


La création du monde par un Dieu d'amour

Le plan divin pour ses créatures chéries

L'alliance parfaite conçue pour toujours

Et ce lien unique par le péché détruit 


Qu'à cela ne tienne! Car Dieu pourvoit à tout 

Il envoie son Fils aimé sauver ses enfants

Et, dans le mystère Trinitaire, se noue

Le sort de l'univers, son renouvellement 


Tout est pensé, pesé au coeur de l'Esprit Saint

Tout est décidé, proposé par Dieu le Père 

Tout est accepté, voulu par le Fils, si bien

Que le Sacrifice de la Croix est offert


Les deux disciples écoutent l'homme parler

Ils restent sans voix devant ce tableau précis 

L'instant vécu emplit leur coeur d'éternité 

Ils contemplent sans voir leur Dieu grâce à l'Esprit


L'alliance perdue depuis la nuit des temps

Se reconstitue alors et brûle en leur coeur :

Le lien sacré brille au fond des âmes à l'instant

Timide étincelle qui surgit de ce malheur


Mais déjà le soir approche et le jour baisse

Les disciples retiennent leur nouvel Ami

A la table, Il consacre les Saintes Espèces 

Le pain et le vin devant eux dressés, bénis


Leurs yeux s'ouvrent enfin, leur esprit s'éclairent

Et ils reconnaissent leur Seigneur crucifié 

Leurs coeurs brûlants avaient compris le mystère 

D'un Dieu, pour les hommes, mort et ressuscité 


Leurs coeurs brûlants avaient reconnu le Messie

Les Ecritures ne les ont jamais trompés

La mort est vaincue, l'homme et son Dieu réunis

 La rédemption acquise pour l'éternité. 







mercredi 19 avril 2023

Contemplation



A terre, le visage renversé, en sang
On distingue les yeux morts levés vers le ciel
Ils contemplent, écrasés, un obscur néant
Un visage effacé de ses traits essentiels.

Je songe que sa Mère a scruté en détail

Avec amour, avec passion, durant sa vie

Tous les traits sciselés du visage; éventail
Dessiné par Celui qui a pleuré, sourit.


Je songe que Joseph, son père terrestre,

A contemplé le Dieu caché jour après jour

Dans ce visage d'homme supraterrestre

Reflet exact d'un Enfant-Dieu qui est Amour


Je songe alors, observant jusqu’à la nausée

Ce visage crucifié, empli de douleur,

Que dans son sacrifice pour l'homme effacé,

Ce visage détruit retrouve sa beauté.


Je voudrais prendre, comme  Véronique

Au Golgotha, un doux tissu fin, bien léger

Et d’une caresse pour la Face Unique

Dévoiler au mieux le visage ensanglanté


Il apparaît alors sous les traits d'une Hostie

Qui prend sous sa Face tous les hommes perdus

Dont la mort a effacé les traits, les esprits

Que le monde a oublié et qui ne sont plus.


Visage de mon Dieu souffleté et broyé

Dans la triste clameur des âmes en perdition

Péchés inscrustés dans sa blanche pureté

Par parole, par action, pensées, omissions. 


Montrer sous le masque noir de la Négation

L'éclat aveuglant de la Transfiguration





samedi 15 avril 2023

Miséricorde



Le jour défile sur la plaine languide,
Au lointain, progressent les hardes paisibles,
En silence, j'avance dans l'air timide
L'hiver s'en va et le printemps se décide,
La paix enveloppe tout d'un trait fluide.

Mais au fond de l'âme, règne le désespoir
Le combat fait rage et le sang coule si noir!
Le vacarme de la guerre contre la foi,
S'élève de la terre jusqu'aux cieux parfois
Un démon vainqueur hurle sa mauvaise joie.

Le ciel lumineux ouvre ses portes aux oiseaux
Qui tracent, bien rectilignes, un chemin nouveau.
Un signe de croix sur les enfants purs et beaux,
Je fais ce que j'ai à faire, tout comme il faut,
Vie où l'on choisit bien tous ses gestes, ses mots.

Mais au fond de l'âme, sous les cieux étoilés,
Je me noie bientôt dans la mer de mes péchés.
La fin est proche, ils avancent, pour m'achever
Relève-moi Seigneur de toutes les armées!
Car toutes mes cartouches ont été égrenées.

Reste une balle, de ta Miséricorde, 
Sceau brûlant posé sur mon âme, en exorde,
Longtemps avant, au départ de la Discorde.
Elle traverse les corps, les coeurs  et raccorde
Toute créature à l'Amour qui déborde!
C'est la vie éternelle qu'Elle m'accorde.




mercredi 12 avril 2023

Au tombeau





 



En levant les yeux, alors que la nuit venait,
La lune ronde et pleine, immobile, levait.
L'astre des ténèbres, plus brillant que jamais
On était vendredi Saint, le Christ nous quittait.

Roule, tourne la lune,
Pleure et brille le disque
Contemple dans la brume
La pure Hostie qui surgit.

Il s'en allait seul dans le noir, sa lumière
S'avançait, rassurante, fixe et joyeuse,
S'en allait au tombeau, sa maison dernière
Et roule la pierre toute lumineuse.

Roule, tourne la lune,
Pleurent tous devant le Fils
Contemplent dans la brume
Le Corps qui, au tombeau, gît.

Les femmes attendaient agenouillées au tombeau
Priaient, pleuraient leur Dieu mort parti aux enfers,
Mais le rocher s'illumine comme un flambeau
Le Seigneur se tient, les ténèbres l'éclairent.

Roule, tourne la lune,
Ils prient l'Agnus Dei
Contemplent dans la brume
La grande porte qui luit.

En levant les yeux, alors que le jour venait
La lune s'est effacée, la pierre a roulé
Le Ciel s'est ouvert, le paradis, son entrée,
Le soleil et sa grâce, Christ ressuscité.

Roule, tourne la lune,
Adorent l'astre glorieux
Contemplent dans la brume
Le Seigneur victorieux.

lundi 10 avril 2023

Souvenir pascal (2)

 

Souvenir pascal

Le feu flamboyait devant le petit visage rond
"Joyeuse Lumière, splendeur éternelle du Père"
Dans la nuit obscure, la fin des doutes, des raisons
La main blottie dans celle, toute rêche, de la mère
Oh fêtes de l'enfance, essence de la religion.

Se souvenir alors, plus tard, quand la vie te blesse
Du feu pascal, du vent de la nuit, des tendres caresses
Se réchauffer à la chaleur des châles que ta mère
Serrait contre toi, et guérir par toutes les prières
Entendues, récitées autrefois. Dieu est là! Au creux
De tout ton esprit, de tout ton corps et de tout ton cœur,
Dieu est là qui t’apaise, qui murmure, qui effleure
Toute ta misère, tes doutes, ta grande douleur.




 

"Je veux être avec toi.
Tu ne peux pas.
S'il te plaît.
Tu ne peux pas. Il faut que tu portes le feu.
Je ne sais pas comment faire.
Si tu sais.
Il existe pour de vrai ? Le feu ?
Oui, pour de vrai.
Où est-il ? Je ne sais pas où il est.
Si, tu le sais. Il est au fond de toi. Il y a toujours été. Je le vois."

(La Route de Cormac McCarthy)