samedi 2 mai 2020

Samedi 2 Mai, Journal de Bord, "une nouvelle période de haute époque"



El Trafiquant, mon voisin, a vraisemblablement emmené sa famille en week-end de pré-déconfinement, on n'entend plus depuis hier la pompe de son bassin en fer blanc. Nous retrouvons ainsi un vrai calme campagnard, sans même le bruit de tondeuses puisque le temps est aux averses. Mes rosiers s'ouvrent, merveille! Je ne me lasse d'admirer, dès que je mets le pied dehors, ma glycine, mes framboises, mes roses, etc. Cette après-midi, prenant le café pour la première fois dans une famille amie qui ne craint pas une pestiférée coronée, je me promène dans leur jardin : je trouve le mien dix fois plus beau, plus propre, plus rangé. Mais eux ont un poulailler fabriqué de toutes pièces et de main de maître par Madame. Cette course au plus beau poulailler qui sévit dans mon coin me mine : je déteste ne pas être en tête. On a les défis que l'on peut.

Surprise amusante : la famille lit La Grève d'Ayn Rand : je leur explique sans ambages qu'il s'agit, pour moi, de ma deuxième Bible.

Autre merveille de l'après-midi : pour ma troisième adoration eucharistique dans l'église et confession, le prêtre m'offre la communion!! Je crois que je prends vraiment goût à ces adorations, ces confessions hebdomadaires et je commence à me dire que ce serait bien que cela continue ainsi plus tard (avec une messe le dimanche en plus). Après tout, les saints se confessaient tout azimut, autant reproduire les choses qui marchent.

Je termine bientôt "L'homme pressé" de Paul Morand. Merveille que cette lecture, que cet auteur que je ne connaissais pas. Dans un très beau style, riche en vocabulaire et simple dans sa traduction de la complexité, très dynamique, très joyeux, voilà une lecture, une littérature qui élève, qui instruit, qui réjouit, qui fait méditer.Dans ce temps où nous sommes tous à l'arrêt ou bien au ralenti, quoi de mieux que d'observer l'homme pressé? Ce dernier se justifie et explique : "En France (pays jadis rapide), nous sommes devenus prolixes et inertes; le jour où nous retrouverons notre rythme traditionnel, dans une nouvelle période de haute époque, nous redonnerons des Princesse de Clèves et des Manon Lescaut, nous retrouverons des Molières qui bâcleront leurs pièces, des Pascal qui improviseront leurs pamphlets. Ce n'est pas avec les romans en dix-huit tomes de Mme de Charrière que la France passera à la postérité, c'est avec de petites bombes portatives comme Candide ou comme Atala."


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