Vendredi 27 Mars, Journal de Bord, "L'amour aveugle et muet est le sens de l'homme"

Vendredi 27 mars

Ma fille nous a appris hier au soir l'accident de voiture et le décès d'un de ses amis confiné en Bourgogne . Il avait 25 ans. Il était parti faire des courses. Nous avons fait un chapelet à la Miséricorde divine. Sa mère est veuve depuis un an et demi. Puisse t il retrouver son père au Ciel.

Je continue de lire le petit livre de Vassili Grossman. Dans la nouvelle suivante, "Les carnets d'Ikonnikov", il y a toute une réflexion sur le bien et le mal. Elle se termine par ses mots fulgurants :"J'ai trempé ma foi dans l'enfer (...).J'ai vu que ce n'était pas l'homme qui était impuissant dans sa lutte contre le mal, j'ai vu c'était le mal qui était impuissant dans sa lutte contre l'homme. Le secret de l'immortalité de la bonté est dans son impuissance. Elle est invincible. Plus elle est absurde et impuissante et plus elle est grande (...). L'amour aveugle et muet est le sens de l'homme."
"L'histoire des hommes n'est pas le combat du bien cherchant à vaincre le mal. L'histoire de l'homme c'est le combat du mal cherchant à écraser la minuscule graine d'humanité. "

Tous les après-midi nous jardinons puisqu'il fait beau. Mais là où je voudrais développer mon potager, je me heurte à une conception radicalement différente du jardinage de la part de mes garçons. Ces derniers passent leur temps à couper toute branche jugée superflue de mes arbres. Ils m'ont déjà déplumé ainsi un pommier puis un prunier. Ils s'attaquent maintenant aux arbres morts d'une voisine absente. Cette déforestation sauvage a gagné aussi mon mari, pris d'une frénésie que le Pape décrirait comme amazonienne.
En attendant mon potager n'avance pas.

Ma grande fille est malade à son tour. J'ai enfin reçu la chloroquine. La fratrie estime qu'elle doit être notre cobaye.