mardi 21 avril 2020

Mardi 21 Avril, Journal de Bord, le futur crash


De la fenêtre de ma cuisine, je vois un vieux pommier avec un trou en son centre. Cela fait des années que ce trou sert de nid à des mésanges. Quand je suis devant ma fenêtre, au printemps, en attendant que chauffe ma bouilloire, j'observe les abeilles dans les framboisiers et les mésanges qui entrent et sortent du nid. Elles prennent quelques précautions lorsqu'elles y reviennent, sautillent sur des branches à côté de l'entrée, mine de rien, puis se volatilisent dedans. C'est très amusant.
De même, sur ma terrasse après le déjeuner, je m'octroie une pause transat au soleil (avec chapeau et lunettes car je ne supporte pas bien les rayons, ce qui fait que j'ai un bronzage de skieuse à l'heure qu'il est), et je surveille les tours dans le ciel de trois quatre canards. Ils filent en escadrille, font plusieurs raids au au-dessus du quartier et de ma maison avant d'atterrir, impeccables, sur la mare du village.
Mais je n'ai pas attendu le confinement pour apprécier ces instants bucoliques. Je n'ai pas trop le temps de m'y attarder, même en ce moment. Le confinement ne change guère mon emploi du temps de mère de famille. Il ne faut pas exagérer comme le font nos journalistes lyriques, dans leurs bureaux , groupés à trois ou quatre sans masque, ou bien comme j'ai vu sur tf1, en camping car en train de sillonner la Bretagne pour aller observer les français confinés (moi aussi je veux partir me balader!); ces journalistes au dessus des lois du Corona, qui nous abreuvent de reportages sur une France à l'arrêt en concluant niaisement : " et si c'était ça la vraie vie? Prendre le temps d'observer les oiseaux?"
Sans songer une seule minute à l'arrêt mortel de tous ces commerces, cafés, restaurants, entreprises, de tous les gens qui se réveillent en ce moment dans une angoisse absolue, de quoi sera fait le lendemain ? Le déconfinement va être un sacré crash pour beaucoup d'entre nous et je m'échine à réveiller mes garçons de cette étrange et trop paisible bulle avant qu'ils ne s'assoupissent complètement. Je me vois déjà au mois de septembre avec certains d'entre eux, de retour à la maison, sans projet de boulot ou d'alternance. Les canards, c'est bien, mais que pour une pause-café de maman.
J'ai contacté une copine couturière qui va me fabriquer un stock de masques en tissu, pour toute la famille et aussi pour mon équipe associative. Histoire de montrer que le boulot va reprendre.
Je n'aime pas trop les vacances longues, je sais que le retour à la réalité est une lourde machine rouillée, difficile à remettre en marche, comme dirait l'autre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire