Jeudi 2 Avril
Le ciel est un peu plombé aujourd'hui, avec plus de nuages. J'ai quand même sorti mes plantations. Je les rentrerai ce soir car les nuits sont froides.
J'ai pris un peu de retard dans le programme de Gabrielle, en histoire et géographie. Nous travaillons donc cette après-midi un peu plus sérieusement , le relief de la France et le royaume des Francs à la mort de Clovis. Les fils de Clovis se déchirent énergiquement, la "feide", la loi de la vengeance se pratique plein pot mais vaille que vaille, la petite barque des mérovingiens, bien que ballottée, s'achemine avec le roi Dagobert puis avec la reine Bathilde vers des ports plus tranquilles et prospères. La chrétienté s'unit de mieux en mieux avec la monarchie et tout cela fonctionne à peu près. On passe de 600 à 6000 monastères avec cette reine sage et pieuse, Bathilde, monastères qui servent à la fois de lieux de prière, d'instruction, de commerce, d'hôpitaux.
Je lis avec autant d'intérêt que la première fois, un livre de jeunesse sur les premiers missionnaires catholiques français dans le Grand Nord arctique. Les premiers arrivèrent en 1860 mais renoncèrent en 1890, usés devant le manque de signe total de conversion des esquimaux rencontrés. En 1911, deuxième tentative et là, les deux oblats envoyés furent tués par les esquimaux. Premiers martyrs donc. Le narrateur, le Père Buliard arrive en 1933. Il raconte sa vie parmi les Inuits, ses fondations missionnaires et sa narration se termine par ces mots : " Voici pour mon compte ce que j'inscris, sans risque de me noyer dans les chiffres, après douze ans de faction à King'Bay : trente-cinq baptêmes, onze croix au cimetière ! Merci à la Vierge et à Dieu!
Koanapargonaktok (Grand merci!)
Mission du Christ-Roi, sur la Terre de Victoria.
Épiphanie 1948"
Koanapargonaktok (Grand merci!)
Mission du Christ-Roi, sur la Terre de Victoria.
Épiphanie 1948"
L'humble chiffre indiqué comme un tableau de chasse glorieux doit se mesurer à une folle vie d'aventures, de chasses, de traversées en traîneau , de mois de solitude au milieu de quelques esquimaux très primitifs et sauvages, de famines, de maladies, de survies invraisemblables. Avec, toujours, une ardente volonté d'amener Dieu à toutes ces âmes "usque ad extremum terrae" c'est à dire "jusqu'aux extrémités de la terre ". A la dernière page du livre on lit dans un tableau : "Joseph Buliard o.m.i., disparu en Terre Stérile "
Quand j'étais adolescente, ce "pur" destin m'avait enchantée et maintenant encore, il me ravit d'autant qu'il est merveilleusement bien écrit.
Quand j'étais adolescente, ce "pur" destin m'avait enchantée et maintenant encore, il me ravit d'autant qu'il est merveilleusement bien écrit.
Au moment où j'écris, j'entends les jumeaux monter et descendre frénétiquement l'escalier qui conduit à leur chambre. L'après-midi, ils font cela une cinquantaine de fois. À quoi cela est-il dû ? Oublient-ils toujours quelque chose ? Une chaussure, puis la deuxième ? Puis un papier, un vêtement, que sais-je? Qu'est-ce qui justifie ces galopades incessantes ? Je ne résoudrai jamais cette énigme, je pense, et cela me désole un peu. N'y a t'il pas moyen de rationaliser un peu cette activité physique de fourmi ? Est-ce que c'est une question impossible ? Est-ce que la multiplication des aller-retours est justement ce qu'ils veulent faire, ce qu'ils ont besoin de faire, profondément ?? Ce ne sont que des garçons après tout.
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