Dimanche 12 Avril, Jour de Pâques
Il me faut commencer à raconter notre veillée et ce jour saint, même s'il n'est pas terminé et si d'autres événements sont encore à venir, en particulier la bénédiction par notre curé en Jeep de notre maison et rameaux. Introduction par un petit poème écrit il y a longtemps, comme tous les autres.
En levant les yeux, alors que la nuit venait,
La lune ronde et pleine, immobile, s'élevait
L'astre des ténèbres, plus brillant que jamais
On était vendredi Saint, le Christ nous quittait.
Roule la pierre, tourne la lune,
Pleure le ciel, brille le disque,
Contemplent dans la brume
L'hostie qui surgit.
Il s'en allait seul dans le noir, et sa lumière
S'avançait, rassurante, fixe et joyeuse,
Il s'en allait au tombeau, sa maison dernière
Et se ferme la pierre ronde et toute lumineuse.
Roule la pierre, tourne la lune,
Pleurent devant le Fils
Contemplent dans la brume
Le Christ qui gît.
Les femmes attendaient devant le tombeau
Priaient, pleuraient leur Dieu mort, aux enfers,
Derrière la porte qui brille comme un flambeau
Le Seigneur se tient, et les ténèbres l'éclairent.
Roule la pierre, tourne la lune
Prient l'Agnus Dei
Contemplent dans la brume
La Porte qui luit.
En levant les yeux, alors que le jour venait
La lune s'est effacée, la pierre a roulé
Le Ciel s'est ouvert, le paradis et son entrée,
Le soleil et sa lumière, le Christ ressuscité.
Roule la pierre, tourne la lune
Adorent l'astre glorieux
Contemplent dans la brume
Le Christ victorieux.
Nous avions décidé de faire un feu pascal dans un foyer extérieur conçu par les garçons à cet effet. Sur les conseils de notre ami séminariste Axel, nous préparons un cierge de Baptême comme futur cierge pascal. Nous retrouvons dans un vieux missel tout le rituel des clous. Finalement, nous n'avons pas fait d'aspersion avec de l'eau de Lourdes, à défaut d'eau bénie. Pourtant Axel m'avait dit : "Si le Bon Dieu n'est pas content (pour l'eau de Lourdes), Il n'a qu'à se plaindre à sa Mère!". Après le chant de l'Exultet, sublime, nous récitons les prières et les chants de la petite veillée envoyée par nos prêtres.
Puis, la soirée se termine autour du feu, avec des Chamallows grillés. Ce confinement aura ressemblé de bout en bout un grand camp scout d'été.
Ce matin, messe de notre paroisse à 10h30, sur notre écran; après les inévitables réglages, nous parvenons à suivre notre messe de Pâques, dans notre église. Speedy, fidèle, nous rejoint un moment.
A la fin de la première lecture dans le livre des Actes des Apôtres : "Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés". Puis, dans l'évangile : "il vit et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas compris..."
Comme je me retrouve aujourd'hui en ces mots! Moi qui croyais sans croire vraiment, moi qui n'avais rien compris! Saint Grégoire de Nysse d'ajouter en commentaire : "Hier, la désobéissance nous avait chassé du Paradis : aujourd'hui, notre foi nous y fait entrer." Hic et nunc.
Pierre et Rémi se chargent de planquer les œufs dans le jardin et de faire sonner une cloche pour Gabrielle. Malgré les conjurations de son père qui trouve ridicule d'entretenir la croyance dans les cloches de Rome, Gaby a tranché, coupant court à notre vive discussion : "je veux croire encore aux cloches qui viennent de Rome même si ça n'est pas vrai". Tout est dit. Rester dans l'enfance le plus longtemps possible, dans un certain sens (seulement) cela peut être bon et important.
Nous pouvons déjeuner dehors, avec les gigots d'agneau (arrivés de Nouvelle Zélande dans mon super U, pas très chers contrairement à toute l'alimentation "locale" hors de prix) délicieux. A ce moment, j'ai une pensée très forte pour tous ceux qui vivent ce confinement dans la solitude; comme j'aimerais avoir certains de mes proches et amis autour de moi!
Nous attendons le venue de notre curé. J'ai arrosé mes petites plantations de haricots et de courges qui commencent à sortir. Je m'occupe aussi, avec beaucoup de curiosité de trois petits arbres fruitiers, commandés et arrivés juste avant le confinement. Ils proviennent d'un site particulier, ce sont des sortes d'arbres fruitiers "bonzaï", qui donneront, normalement, des cerises, des pommes et des poires mais sans prendre de taille. Ils sont parfaits pour un appartement ou une terrasse. Nous verrons bien... J'ai beaucoup jardiné hier aussi dans ma butte aux framboises et aux roses. Des centaines d'abeilles vrombissent autour de moi, inquiètes mais pas agressives. Elles ont créé leur habitat partout dans la butte, comme chaque année, dans des trous. J'aimerais les récupérer dans une ruche mais je n'y connais rien...
Notre curé vient de passer, rapide comme l'éclair car il a une dizaine de clochers et beaucoup de maisons à bénir dans chaque village. Nous nous sommes placés devant notre grille, avec quelques objets à faire bénir en plus de nous-mêmes : notre buis, le cierge pascal "maison", quelques croix et chapelets fabriqués et de l'eau. Bénédiction, et pouf! la Jeep redémarre. Nous nous apercevons trop tard qu'il manque François à l'appel. Bon, je suppose que la bénédiction l'a rattrapé dans le jardin...
Vers midi, nous avions bien suivi la bénédiction du Pape Urbi et Orbi! Dans un lapsus révélateur j'avais écrit à mon séminariste : la bénédiction Urbi et "Ordi".
Toutes ces grâces reçues au travers des ondes m’interpellent. A force de nous vanter les mérites de la communion spirituelle, arriverons-nous à retrouver le chemin de nos églises? Cette bénédiction bien concrète tombait plutôt bien pour nous ramener à un peu de réalisme concret.
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