Je ne m'habitue pas mais je profite coupablement de ses moments pour souffler un peu : moins de crises de nerfs, moins de tiraillements entre petits et grands, moins de conversations épuisantes avec des jeunes décidés à s'exercer jusqu'au bout de la nuit sur leurs puching ball préférés, leurs parents. Je m'occupe enfin des petits, écoute détendue leurs histoires et leurs drames, soigne leurs bobos, les promène paisiblement et m'étonne avec eux de la moindre grenouille entre aperçue... La vie est simple et je le redécouvre avec mes plus petits. Tout est "joie du jour" avec eux.
Je ne m'habitue pas et puis, au hasard d'une date, joie intense, un grand revient, dépose son sac de linge, réclame un peu d'argent, un billet de train, raconte ses dernières aventures et déconvenues, et repart. Quelques heures de stress où il faut être toute entière attentive et présente puis la tension retombe, il ou elle est repartie et le cœur de maman est à nouveau tout dégonflé d'un coup, comme aplati, écrasé. L'attente reprend.
Je ne m'habitue pas mais ainsi va la vie d'une maman et on ne m'avait pas prévenue lorsque je suis devenue mère. Mais j'ai tout compris lorsque mon aîné est arrivé, juste après sa naissance, emmené aux urgences pour une infection, le jour de la Pentecôte, j'ai compris le message : être mère c'est pousser loin de soi son enfant, garder les bras ouverts de peur qu'il ne trébuche mais sans le gêner dans ses mouvements... Etre là sans être là. J'avais 21 ans et je suis devenue maman, non pas à l'accouchement, mais à cette première séparation deux jours après sa naissance.
Je ne m'habitue pas, je ne m'habituerai jamais mais j'ai besoin de cette douleur pour me sentir vivante et mère.
Texte très émouvant. Et je ne dis pas ça pour vous pousser à passer au mini-short :))
RépondreSupprimerMerci Gato merci beaucoup!
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