"Apocalypse ne signifie évidemment pas "fin-du-monde-catastrophe-généralisée, etc.",le mot signifie au contraire la révélation de la présence divine dans le monde."*** " Toute littérature est un écho du Verbe, qu’on le veuille ou non."(Dantec) *** l’Art, qu’il soit littéraire ou plastique, n’exprimait jamais rien d’autre, à ses yeux, que l’idée que la partie n’est jamais et n’est pas jouée (Muray)***"la vérité ne peut-être obtenue qu'au prix de renoncer à la certitude" (Nemo)
mardi 3 novembre 2009
Artefact de Dantec
J'ai un ami (hum, il y a mieux comme introduction, mais bon!), j'ai un ami disais-je donc, un peu improbable. Il se trouve que nous nous sommes connus à partir de la lecture de Dantec.
Je recommence cette intro, ça ne va pas : j'ai un ami, un véritable ami, un vrai de vrai parce que nous nous entendons sur la lecture d'un auteur qui nous est cher : Maurice George Dantec. J'ai beaucoup d'amis(ies) mais les plus sûrs sont ceux qui possèdent les mêmes goûts de lecture que moi. Ils possèdent cette même quête du sens dirait le jeune Hank ou de la vérité, ce même désir de devenir des "cœur intelligent" selon la belle formule de Finkielkraut.
Cet ami est plutôt avancé en matière de recherches et réflexions philosophiques et théologiques : il m'a donné une petite explication de la deuxième novela d'Artefact, à laquelle je n'avais rien compris.Je vous la livre, cela peut aider pour la lecture de ce livre particulier de Dantec.
... l'acte d'écriture appartient au processus d'individuation. C'est par l'écriture, par l'Acte que l'écrivain trouve son être. C'est la fameuse Trinité de la littérature (Auteur-Narrateur-Lecteur) qui renvoit à la Sainte Trinité divine (Le Père pour l'Auteur, le Saint-Esprit pour le narrateur et le Fils pour le lecteur) et à notre Trinité individuelle puisque nous sommes à l'image de Dieu. On part du Je, de la personne, de son égo. Celui-ci rencontre l'altérité ontologique, le Grand Autre, ce qu'on a en nous de ce qui n'est pas notre nous individuel. Et on aboutit au Il, au Saint Esprit qui transcende si je puis dire le Je et l'Autre en les préservant. C'est précisément ici qu'on trouve la différence entre le Paraclet qui réconcilie dans la transcendance, qui permet à l'Incarnation de tenir et Satan qui, Lui, réconcilie en détruisant, c'est la dialectique, le mal. Ensuite, on peut évidemment retrouver les trois hypostases de la Trinité dans les trois parties du livre : le Père pour la première novela, le Saint-Esprit pour Artefact et le Fils pour le Prince de ce monde. Pour en revenir à Jung, il disait que la Trinité était une construction artificielle et que l'Imago Dei pour l'homme était quaternaire, le Diable serait alors la quatrième hypostase de Dieu. Alors, est-ce une hérésie que de dire cela ? Pas tout à fait. Il faut en effet être subtil, cette quaternité n'est pas Dieu mais l'image de Dieu dans le monde ontique ! Satan est lui-même une personne créée et avec le péché originel, Il a voulu prendre la place quatrième larron dans l'existence ! Là où la réalité est ternaire au niveau ontologique, elle est quaternaire dans notre monde. C'est pourquoi celui-ci est le théâtre des opérations de la guerre entre le Bien et le Mal. Dire que le mal est l'absence de Bien est vrai mais c'est réducteur car s'il n'est pas ontologiquement, il existe bel et bien dans notre monde qu'il structure ! Ainsi, et c'est là que c'est magnifique, on retrouve dans Artefact la dynamique ternaire de la quaternité ! En effet, la première novela pose le problème de la filiation (Père-Fils), la trosième pose l'opposition Christ-Antechrist et la deuxième rapporte la résolution de la dualité par la Grâce du Saint Esprit qui permet notre individuation, notre devenir Un-Trine.Nom d'un chien, plus je pense à Artefact, plus je me dis que c'est un livre exceptionnel tout de même.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
J'ai trouvé fort intéressant lire ce commentaire sur Artefact,aussi je n'entends pas disputer sur son entièreté. Je voudrais cependant ajouter mon grain de sable: Le Diable est un Ange déchu de par sa volonté propre et non cette altérité, nommé le Mal, voulu et crée par Dieu. À Lucifer, comme on l'appelle, sa déchéance résulte de son hostilité ouverte envers Dieu. (il n'est pas le seul de ces anges à s'être rebellé contre Dieu.)Toutefois il n'a pas le pouvoir ni l'autorité d'envahir la conscience ni de corrompre l'âme de l'homme sans son consentement. Certes comme on le dit dans le psaume 50 :«― Moi, je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère.» C'est bien sur la conséquence du péché d'Adam et Ève. Nous avons comme une inclination et une sensibilité naturelle à succomber. Les Pères de l'Église en ont beaucoup traité.
RépondreSupprimerCharles
Merci, Charles, de votre précision sur Satan et le Mal.
RépondreSupprimer