jeudi 17 août 2023

Chronique estivale 25

  L'accouchement de ma fille a été très long et elle est un peu traumatisée. Ce qui est normal pour une première fois.

 Mais je ne suis pas étonnée par sa surprise (négative) :  la grande mode aujourd'hui est de faire faire aux femmes enceintes un "projet d'accouchement" où elles expliquent, par écrit, comment elles veulent accoucher. Avec ou sans péridurale. Dans un lit ou bien dans une baignoire. A quatre pattes, sur le côté, debout, couchée, etc. 

Mais c'est d'une hypocrisie absolue parce qu'évidemment rien ne se passe comme elles l'ont souhaité ou bien comme on leur a fait miroiter (douceur, pas de douleur, bonheur) A l'arrivée, les jeunes femmes ne vivent rien de ce beau rêve. Elles souffrent, c'est long, c'est difficile, c'est interminable et c'est le combat de leur vie.

Les plus dégoûtées crient aux violences gynécologiques et se lancent dans des récits  mettant en scène des sages femmes sadiques ou des gynécologues indélicats, bref, des soignants qui jettent aux horties le beau projet sans complexes. 

Lorsque l'enfant paraît, tout n'est que sang, sueur et larmes et cette bête réalité revient en pleine poire des pauvres jeunes nouvelles mères qui n'imaginaient rien de pareil, ceci parce qu'on leur a "vendu" un accouchement parfait, sans douleur et où elles seraient maîtresses de leur corps et de leur accouchement du début jusqu'à la fin. 

Or, dans un accouchement on ne maîtrise pas grand chose. Le corps se met en branle sans que l'on y soit pour rien, et les médecins ne sont là que pour surveiller l'évolution et la progression du bébé, entraîné, bien malgré lui, à sortir. Personne ne maîtrise rien et tout le monde fait semblant d'être au fait de la situation. C'est un des domaines médicaux les plus "aléatoires" et qui demande aux médecins beaucoup de réactivité et d'adaptation. C'est le domaine où l'expérience prime sur la théorisation.

Avec le temps, le monde moderne qui aime bien tout maîtriser, la naissance comme la mort, s'est arrangé pour programmer et gérer au mieux les naissances comme les fins de vie. Mais il reste encore toute une part d'inconnue qui rend chaque naissance si extraordinaire, si unique, si miraculeuse.

Je ne critique pas le progrès : la gestion de la douleur, dans les naissances comme dans les fins de vie, est un énorme bienfait du progrès. Mais imaginer une seule seconde que la perfection est de ce monde, c'est nier ce qu'est l'expérience humaine avec sa part de mystère.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire