samedi 18 juin 2022

Beautiful life





 Deux constatations en ce début de week end : j'ai une vie de rêve et cette année est une année à fruits.

J'ai une vie de rêve : j'habite une contrée magnifique, la Beauce, où les champs se succèdent à la forêt, où la faune et la flore prolifèrent. Je roule tous les jours au travers des routes de campagne, à travers champs, les lièvres m'ouvrent le chemin, le matin, en sautant, concentrés, devant moi. Puis ils bifurquent brusquement, me laissant accélérer. Plus tard, c'est la poule faisane qui conduit ses petits sur le bord de la route. Parfois, en lisière de bosquet un chevreuil dresse la tête et retourne tranquillement à sa quête de nourriture. L'horizon est dégagé, la plaine immense et nous récitons une prière ou un chapelet avec Gaby.Je la dépose à l'école: les hirondelles, à cette époque, nichent dans une rangée de nids sous la gouttière de la maison en face. Nous observons toutes les deux leur ballet agité puis Gaby file dans sa cour.

Je retournerai donner mes cours dans l'après-midi. Pour l'heure, je m'en retourne chez moi, ranger la maison, préparer un cours d'histoire ou de sciences. Parfois, si j'ai un peu de temps, je file faire un petit plein de courses et j'en profite pour m'arrêter prendre un café dans la galerie de ma grande surface. Je papote avec la tenancière. Bientôt, je la connaîtrai bien. Après avoir admiré les paysages, j'observe les aller et venues des gens dans le supermaché. J'y retrouve comme toujours depuis quelques années maintenant, un trio étrange : trois femmes, la grand-mère, la mère et la fille. Toutes trois vêtues de tshirt et pantalons informes, les cheveux longs et filasses, plus ou moins gris selon l'âge; toutes trois grosses, usées par la vie et l'alcool. Elles remplissent tous les jours leur caddie de bouteilles puis s'en retournent toutes les trois dans une vieille voiture. Ce trio pathétique et soudé dans sa misère morale, physique et psychologique est comme une résurgence de la campagne d'autrefois. 

On en voit de moins de moins, des comme elles. Ce que l'on voit toujours et sans doute de plus en plus, ce sont des couples avec un homme en short ou pantalon de travail et madame, toujours une grosse femme, moulée dans un jean serré ou bien une robe longue et décolletée, moulante. Quelques mouflets maigrichons, eux, et agités comme des puces de lit, autour du caddie familial. 

Cependant, s'il y a un Grand Remplacement, c'est plus par les personnes âgées que par la diversitude qu'il est visible à la campagne (quoique beaucoup, beaucoup de couples mixtes) : la France est un pays de vieux. Triste constat parce que tous ces vieux seraient certainement heureux de partager leur quotidien avec un peu plus de vie apportée par les enfants ou les jeunes. Mais il n'y en a guère...

La matinée passe généralement très vite, surtout si je dois surveiller la cantine de l'école. J'y retrouve mes petits élèves avec leurs paniers repas, dont ma fille. L'après-midi, je m'amuse enfin avec mes différents cours et les heures s'écoulent à une vitesse folle : nous terminons par le ménage de la classe et une prière.

Nous sommes plutôt fatiguées et silencieuses avec Gaby sur le chemin du retour. Lorsque j'arrive, je pars dans le jardin m'occuper de mes fleurs et plantations de légumes et fruits.Cette année est une année à fruits, disais-je en préambule : je cueille des framboises tous les jours, devant la maison, jusque sur le pas la porte d'entrée. Mon prunier sur la terrasse est chargée en petites prunes rouges qui mûrissent gentiment. Et je me suis rendue ce matin chez une amie qui possède des cerisiers prolifiques. Evidemment, cueillir des cerises en plein cagnard n'a rien de vraiment agréable mais je suis galvanisée à l'idée de tout ce que je vais pouvoir faire avec ces fruits délicieux.

J'ai réussi l'exploit de me noircir tous les ongles des mains en dénoyautant un saladier rempli de cerises pour confectionner quelques pots de confiture.

Le deuxième saladier me sert à faire deux gros bocaux de cerises. Malgré les recommandations de recettes lues ici ou là,  je ne dénoyaute pas les cerises pour mes bocaux. Pourvu que ça reste bien conservé....

Demain, je tenterai de refaire un pot de pâte à tartiner "maison" selon l'excellente recette de la duchesse Anne (nom de l'hôtel que nous avions réservé pour le mariage civil de ma fille).

Ces week-end tranquilles sont propices aux activités culinaires. S'il faisait moins chaud, j'aurais sans doute jardiné...

Il me restera aussi pour demain à terminer le repassage.

Demain, jour de la fête Dieu avec, cette fois-ci,  une vraie procession dans les ruelles autour de l'église. Je dois cueillir et apporter les pétales de mes plus belles roses. Je sens qu'arracher des fleurs pour la gloire de Dieu va terriblement me coûter.  Mais il faut savoir se faire violence : j'ai tant à me faire pardonner et je sais si peu aimer!



















3 commentaires:

  1. Ce qui me rassure dans votre récit c'est que vous qui vivez en pleine campagne, vous ne semblez pas déceler de signes de cette fin du monde qu'on nous annonce partout, même si l'apocalypse chapeaute votre blog.

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  2. Je décèle partout cet effondrement mais je ne sais pas trop comment en parler : soit je m'énerve à longueur de pages, soit je montre qu'il y encore un peu de répit la où je vis.
    C'est l'histoire du verre à moitié vide ou bien à moitié plein.
    Et puis, Apocalypse signifie révélation divine. Celle-ci peut survenir dans nos vies à tout moment, pas seulement à la fin du monde. Il y a un mystère du chapelet, le lundi, le 5ème mystère, le recouvrement de Jésus au temple, avec le fruit de ce mystère : la recherche de Dieu en toutes choses. Hé bien ce petit blog,a pour finalité de témoigner dans une vie très ordinaire de cette recherche de Dieu.

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