Dans les commentaires sur le Salon beige :
"Argument sans valeur. Comment Franck Margain peut-il savoir si le chômage ne serait pas plus bas, et l'Allemagne plus prospère, si les commerces pouvaient y ouvrir le dimanche ?
Il se trouve que la faible amplitude des heures d'ouverture des magasins le jour où les gens sont disponibles pour faire leurs courses est une plainte récurrente des Allemands. Mais je suppose qu'un politicien français est le mieux placé pour expliquer aux citoyens allemands ce qui est bon pour eux, et à quelle heure ils doivent acheter leurs saucisses.
D'autre part, je remarque la stupéfiante prétention de Monsieur Margain, qui se permet de dicter aux Français ce qu'ils doivent faire le dimanche, qui serait "le jour du repos, de la famille, de la foi, de la culture, du sport, pas du supermarché".
De quoi se mêle ce personnage ? Quelle est cette infinie arrogance française, cette mentalité de petit chef qui sommeille chez tant de Français (de droite comme de gauche, d'ailleurs), et qui prétend dicter à autrui ce qu'il devrait faire ou pas faire de ses journées, et à quelle heure, encore, et quel jour de la semaine ?
Que Monsieur Margain fasse du "sport" ou de la "culture" le dimanche, qu'il cultive des asticots dans ses tiroirs ou qu'il parte à la chasse au snark si ça lui chante. Personne n'ira lui chercher des poux dans la tête : il fait bien ce qu'il veut.
Mais qu'il ne se mêle pas de régenter la vie des autres. En quoi ça peut bien le déranger, lui, que des gens achètent du parfum à 21 h 15 ou des perceuses le dimanche, à des gens qui sont volontaires pour les leur vendre ?
Pourquoi Monsieur Margain ment-il comme un arracheur de dents en prétendant que ces derniers sont sous-payés, alors qu'ils ont porté plainte pour conserver le droit de travailler le soir ou le dimanche, et que cela leur rapporte 300 à 500 € de plus à la fin du mois ?
Et que propose-t-il exactement, Monsieur le politicien, pour que les salariés soient "sur-payés" selon son goût ? Monsieur le politicien étatiste peut-il nous expliquer par quel miracle le fait d'entraver la liberté du commerce pourrait augmenter les revenus des salariés ?
Si Monsieur Margain prétend interdire l'ouverture des commerces le dimanche pour des raisons religieuses, alors qu'il soit franc du collier. Qu'il dise que le dimanche est le jour du Seigneur, qu'il cite la Bible, qu'il invoque le quatrième commandement.
Et qu'il ait le courage de dire que, puisque lui est catholique, il veut imposer les préceptes de sa religion à l'ensemble des Français.
Au lieu de se réfugier derrière un néo-marxisme bricolé sous l'étiquette de l'UMP, un parti officiellement de droite.
Ensuite, s'il veut être cohérent avec ses prétentions morales et religieuses, qu'il revendique l'arrêt de la circulation des trains le dimanche, la fermeture des boulangeries le dimanche, la suppression des marchés du dimanche, la fermeture des musées le dimanche, l'interdiction d'ouvrir les librairies le dimanche, l'arrêt des émissions de radio et de télévision le dimanche (notamment la retransmission de la messe sur les chaînes publiques, ainsi que les émissions de Radio Courtoisie), l'interdiction pour La Poste de transporter le courrier le dimanche, la fermeture des hôpitaux le dimanche, la fermeture des restaurants et des hôtels le dimanche, l'interdiction pour les transporteurs routiers d'acheminer les denrées alimentaires le dimanche, l'interdiction pour les éleveurs de nourrir ou de traire leurs bêtes le dimanche, l'arrêt des autobus, des métros et des taxis le dimanche, la clôture des centrales électriques le dimanche, et, bien entendu, l'interdiction d'accéder à Internet le dimanche.
Toutes activités qui nécessitent du travail rémunéré, et donc, je suppose, selon les critères de Monsieur Margain, l'exploitation de travailleurs "sous-payés".
Que je sache, Dieu n'a pas dit à Moïse : "Le septième jour est le jour du repos consacré au Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez en ce jour aucun ouvrage, sauf s'il s'agit de vendre des croissants aux Français le matin, de leur vendre le menu du jour à midi, de leur ouvrir les musées l'après-midi, de leur vendre, le soir, le dernier brûlot anti-capitaliste de Thomas Piketty dans votre petite librairie indépendante de gauche, et de leur distribuer l'électricité, l'eau courante et le téléphone toute la journée."
Si vraiment Monsieur Margain est un homme extrêmement pieux et souhaite manifester sa dévotion au Seigneur, qu'il s'inspire des Juifs orthodoxes, et qu'il s'abstienne (entre autres) d'actionner, chez lui, l'électricité le dimanche.
Ce geste symbolique ne diminuera évidemment pas, hélas, la tâche des employés d'astreinte d'EDF et de ses sous-traitants ce jour-là (honteusement "sous-payés" et "exploités", je suppose, selon l'idéologie de Monsieur Margain), mais enfin il aura fait un petit, tout petit sacrifice personnel pour témoigner de sa foi, au lieu de prétendre imposer des sacrifices à autrui.
A noter que si les Juifs orthodoxes s'imposent de ne pas actionner l'électricité le samedi (ainsi que toute une série d'autres pratiques qui peuvent paraître injustifiées, voire carrément bizarres à quiconque ne partage pas leurs croyances), ils ne prétendent pas imposer à l'ensemble de la nation d'en faire autant.
Peut-être Monsieur Margain pourrait-il en prendre de la graine."
Dans les commentaires chez l'Amiral Woland :
Très drôle, d’habitude je crache sur les sondages, mais il y en a un qui est très drôle. A peu près 70% des Français sondés veulent que les commerces soient ouverts le dimanche, mais sur ces 70%, presque tous refuseraient de travailler le dimanche. Donc, oui au travail le dimanche, mais pour les autres. Oui, [...]
Et où voyez-vous un problème ? A moins de considérer que travailler le dimanche soit une punition, ce qui est effectivement le point de vue des opposants.
Le sondage que vous évoquez est tout à fait cohérent : il témoigne que les Français sont pour la liberté. Si certains veulent travailler le dimanche, ils doivent être libres de le faire. Personne ne réclame l’obligation de travailler le dimanche, bien que ce soit le présupposé du discours des Marco Polo et autres petits chefs néo-marxistes associés.
C’est curieux, que les gens soient à ce point oublieux de ce qu’est la liberté, dans spéhi. Ca se comprend, ils ne sont plus habitués.
Le rythme de travail habituel, traditionnel, en France, c’est du lundi au vendredi (en passant, personne ne semble s’indigner du travail le samedi : pourquoi ?). En tout état de cause, la plupart des gens continueront à travailler du lundi au vendredi.
Ce sondage montre simplement que les Français souhaitent que les gens qui le veulent puissent travailler le dimanche. Ce sera toujours une minorité.
Ces personnes seront donc satisfaites, et les personnes qui profitent des services dispensés le dimanche seront satisfaites aussi.
C’est tellement inconcevable, que les différentes parties à un contrat puissent être satisfaites les unes comme les autres ? C’est tellement inconcevable, que chacun ait des besoins et des aspirations différents, que certains souhaitent travailler le dimanche, que d’autres non, que certains souhaitent bénéficier de services le dimanche, que d’autres non, que certains commerces veuillent ouvrir le dimanche, que d’autres non, que les hommes ne soient pas tous les mêmes, qu’ils puissent collaborer librement et se mettre d’accord librement, sans interférence de petits chefs gouvernementaux ne pouvant concevoir la vie sans brider la vie des autres, sans que la bigoterie religieuse s’en mêle, sans que des blogueurs frustrés cherchent à obliger tout le monde à vivre comme eux (enfin, d’après ce qu’ils en disent, car c’est, plus souvent : faites comme je dis, pas comme je fais) ?
C’est tellement inconcevable que, globalement, vu la diversité des hommes, de leur nature, de leurs capacités et de leurs aspirations, on trouve toujours moyen de s’arranger, et que chacun finit par trouver chaussure à son pied ? Sans que les aspirants communistes et les fascistes planqués derrière leur clavier n’aient à s’en mêler ?
Evidemment, cela va à l’encontre du marxisme épais et gluant dans lequel baigne spéhi depuis des décennies. Cela condredit directement la théorie de la lutte des classes, qui a tellement bien imprégné les esprits que bien des gens n’arrivent plus à penser en dehors de ce cadre, même s’ils ne se considèrent pas comme marxistes.
Et pourtant, c’est bien ainsi que fonctionnent les sociétés, la plupart du temps
Marchenoir, c'est votre saint Augustin, non?
RépondreSupprimerLucy
Si vous voulez Lucy, c'est le seul qui présente un discours argumenté qui se tient.
RépondreSupprimerL'analyse authentiquement libérale de M. Marchenoir est parfaite.
RépondreSupprimerCe qui me gène dans cet argumentaire, c'est justement de savoir si tout le monde aura cette liberté. La liberté je suis pour, si certains veulent travailler la nuit, le dimanche, le 1er janvier ou le 25 décembre, grand bien leur fasse. Mais au risque de faire le gaucho de service, un employé d'un magasin ouvrant tous les dimanches aura-t-il vraiment la possibilité de refuser de travailler le dimanche ? Est-ce que ça ne va pas rejaillir négativement sur sa carrière, voir le conduire au licenciement. La liberté suppose des parties également libres, ça me semble un peu utopique dans certains cas.
RépondreSupprimerLa réponse est qu'on ne peut pas le savoir, et que l'Etat n'y peut rien.
SupprimerComment savez-vous qu'un patron, quel qu'il soit, ne va pas vous obliger à nettoyer la moquette à quatre pattes avec une pince à épiler, sous les coups de fouet de votre chef du bureau ? Hein ? Vous y avez pensé ?
Pourtant, c'est dans son intérêt, à votre patron. Cela lui permettrait de faire l'économie d'une femme de ménage, et puis c'est bien connu que les patrons aiment humilier leurs employés. Et il pourrait même exiger que vous le fassiez le lundi entre 10 heures et midi, ce qui serait absolument irréprochable du point de vue du travail du dimanche.
Je propose donc qu'on fasse une grande loi contre le nettoyage de moquette à quatre pattes à la pince à épiler.
Cela dit, on peut aussi être pragmatique, observer ce qui se passe, et constater que a) on signale assez rarement des employés contraints à nettoyer la moquette à la pince à épiler contre leur gré, b) que les salariés dont il est question actuellement, au jour d'aujourd'hui, présentement, là dis-donc, sont fortement volontaires pour travailler le dimanche.
Maintenant, est-il possible qu'un jour, un salopard de patron ultra-capitaliste du CAC 40 oblige des gens à travailler le dimanche contre leur gré ? Oui ! Certainement ! Il peut le faire ! Ca peut arriver !
Et ?
Donc ?
Dans ce cas, il suffit au salarié de prendre ses cliques et ses claques, et d'aller travailler ailleurs. Comment ? Vous dites ? Il y a du chômage ?
Eh bien, justement. Si l'Etat s'abstenait de mettre ses grosses mains pleines de doigts dans le fonctionnement des entreprises (par exemple en interdisant le travail du dimanche aux adultes consentants), s'il arrêtait de confisquer aux Français le fruit de leur travail pour nourrir des hordes de fonctionnaires, eh bien il n'y aurait plus de chômage. C'est simple.
C'est simple, mais ce n'est pas dans l'intérêt de l'Etat et des millions de gens qui en vivent.
Votre exemple d'employé nettoyant la moquette à 4 pattes est amusant mais non pertinent. un tel comportement est juridiquement sanctionnable, ça entre dans le catégorie des harcèlements au travail. Un patron qui s'amuse à ça serait à la fois pénalement et civilement condamnable. Donc c'est bien la loi qui empêche cela.
SupprimerAprès effectivement l'argumentation libérale semble dans sa présentation imparable. L'employé est libre, s'il est pas content, il peut partir et bosser ailleurs. Sauf que comme vous dites il y a du chômage.
Vous prétendez que si on libéralisait totalement il n'y aurait plus de chômage, que le chômage c'est l'Etat qui le crée avec ses fonctionnaires et ses règlementations, peut être... ou peut être pas. Je ne sache pas un pays au monde où le taux de chômage soit de 0% ou 1%. Bon c'est peut être parce qu'aucun pays est libéral ou totalement libéral.
Enfin reste que pour moi la liberté n'est qu'un concept et un principe qui n'a pas de réalité lorsque le rapport de forces entre 2 parties est totalement déséquilibré.
Le plein emploi est réalisé avec un taux de chômage entre 3 et 5 %.Exemple actuel:la Suisse, avec 3,2%.Parce qu'il est tout à fait normal de compter une population entre deux emplois.
SupprimerAjoutons que dans ces pays ultra-turbo-néo-libéraux,la très grande majorité des ruptures de contrat de travail vient de l'initiative du salarié.
La Suisse qui a une réglementation à peu près équivalente à la France en matière de restriction du travail le dimanche...
SupprimerComme quoi on peut interdire le travail le dimanche et parvenir au plein emploi.
Oui, on peut aussi ergoter sur des détails pour masquer l'essentiel.
SupprimerLa législation sur le travail du dimanche est un point de détail de l'histoire du socialisme contemporain, et du régime politico-économique suisse, à côté du volume de la dépense publique, du nombre des fonctionnaires et du poids général de la réglementation.
Suisse : dépense publique = 35 % du PIB. France : dépense publique = 57 % du PIB.
Suisse : le code du travail fait 40 pages (environ). France : le code du travail fait 1 300 pages (de mémoire, vérifiez).
Suisse : un employeur peut licencier un salarié sans avoir à fournir de motif. France : quand un employeur embauche un salarié, il lui est presque impossible de le licencier.
Etc, etc, etc.
Résultat : un chômage endémique en France depuis 40 ans. En Suisse, un chômage pratiquement inexistant.
Je ne connais pas les règles sur le travail du dimanche en Suisse. Je sais, en revanche, que les Suisses viennent de voter pour "légaliser les saucisses", selon le slogan du groupe de citoyens qui a appelé au référendum.
Une loi stupide interdisait aux 24 supérettes de stations-service ouvertes la nuit, dans le pays, de vendre des aliments à emporter (par exemple des saucisses à rôtir), bien qu'il soit permis de vendre des snacks à consommer sur place. Les rayons correspondants devaient être recouverts d'un volet entre 2 h et 5 h du matin (de mémoire).
Les Suisses ont voté pour libérer les saucisses.
C'est l'autre différence entre la France et la Suisse. En France, des idéologues peuvent confisquer le débat, et imposer des mesures dont le peuple ne veut pas. En Suisse, c'est le peuple qui décide.
Pour nous, français, chrétiens qui ont fait ce pays, dimanche ne peut pas, ne sera jamais un jour comme les autres.
RépondreSupprimerMerci, fredi maque, en deux lignes, vous dites l'essentiel de ce qu'il y a à dire et vous pulvérisez les interminables argumentaires des uns et des autres.
SupprimerHum je ne vois pas trop en quoi cela pulvérise les argumentaires ci-dessus : pour moi aussi, le dimanche reste un jour particulier. Cela ne m'empêche pas de travailler. Le Bon Dieu n'a pas écrit ou demandé : "pour que ce jour soit spécial, il faut aller à la messe entre 10h et 11h uniquement (la veille ou le soir c'est pas valide pour les plus tradis) et surtout faire les travaux nobles qui sont : trimer pour les femmes et ne rien faire hors de son canapé pour les hommes"
SupprimerJe place ma foi et ma relation avec le Seigneur ailleurs que dans des diktats rédigés par des hommes.
Merci.
SupprimerJe rappelle qu'un Français sur trois (le tiers de la population active, plus exactement), travaille régulièrement ou occasionnellement le dimanche. Ces gens-là ne seraient donc ni de vrais Français, ni de vrais chrétiens ?
RépondreSupprimerLes postiers, les conducteurs d'autobus, les ouvriers des centrales électriques, les boulangers, les marchands de légumes, les policiers, les médecins, les pompiers, les marins, les agriculteurs, les libraires, les serveurs de restaurant, les gardiens de musée et j'en passe, tous ces gens-là n'auraient droit ni au titre de Français ni à celui de chrétien ?
Les catholiques devraient éviter de trop confondre l'église avec la section locale de la CGT. Si j'en crois la Bible, le Seigneur a dit à Moïse : "Vous travaillerez durant six jours, et vous y ferez tout ce que vous aurez à faire."
Comment se fait-il que les catholiques ne protestent pas énergiquement contre le fait que la semaine de travail, dans les entreprises, soit de cinq jours et non de six ? Si on va par là, ce n'est pas tant le travail le dimanche qui devrait scandaliser les catholiques, que le caractère chômé du samedi (ou du lundi pour les commerçants).
Pour ne rien dire du fait, toujours un peu scabreux, que le jour obligatoirement chômé, selon la Bible, est celui du sabbat, c'est à dire... le samedi. Et que le dimanche, par conséquent, devrait être travaillé. N'est-ce pas ?
L'ironie de cette histoire, entendue sur radio Courtoisie ce matin, c'est que le dimanche est un jour où le personnel religieux travaille beaucoup.
RépondreSupprimerSinon je crois que je n'arriverai jamais à avoir d'opinion tranchée. Une partie de moi me dit qu'il faut préserver le plus possible l'être humain, notamment de l'esclavage moderne. Mais aussi des sectes et compagnie, même si c'est un autre problème.
Et d'un autre côté, j'ai envie d'être pragmatique. Si les gens ont envie de bosser, qu'on leur laisse la liberté de de le faire, de gagner assez pour la famille, les vacances et les impôts... Ca paraît absurde au vu de la politique actuelle, de fermer le soir et le dimanche. Mais la vie ne résume pas au cirque actuel. Il peut être légitime de prendre un peu de hauteur.. Peut-être. Et c'est pas avec les syndicats qu'on va le faire, c'est pas eux qui vont aider le travailleur à mon avis.
Sachant qu'on vit dans une société-carotte, j'ai un doute sur tout ça. Dimanche, je boycotterai Jardiland tiens!
A cause des carottes ? Attention à ne pas acheter vos carottes au marché dominical de votre commune, alors...
SupprimerLe problème de l'argumentaire libéral, c'est qu'il part du postulat de l'atomisme social, soit l'idée que la société, au fond, n'existerait pas vraiment, qu'il n'y aurait que des individus dont les seuls liens relèveraient en outre de choix exclusivement rationnels, le bien moral étant réduit au désir amoral. Sauf que nul homme n'est une île et que son comportement a des répercussions sur l'ensemble du corps social : si le travail le dimanche s'étend, cela va automatiquement générer de nouvelles habitudes de consommation chez les personnes concernées, ce qui aboutira tôt ou tard à une adaptation de l'offre à cette nouvelle demande. Et comme il se trouvera toujours quelques âpres au gain pour se porter volontaires et fournir ces services en dehors du cadre légal existant, c'est sans fin : car rien, dans la logique libérale, ne peut s'opposer légitimement à la satisfaction d'une demande, toute résistance étant conçue comme une entrave crypto-marxiste. Par ailleurs, le sondage évoqué plus haut montre bien la schizophrénie des Français sur ces sujets : beaucoup trouvent normal, en tant que consommateurs, d'avoir les meilleurs produits au plus bas prix et de pouvoir acheter n'importe quoi à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit... mais bien peu acceptent, en tant que salariés, les délocalisations ou des horaires de travail décalés. J'ai souvenir d'un petit professeur chez Taddéï (septembre 2013) qui, plein de fougue libérale, comparait sur ce point la France à l'URSS d'antan. Personne sur le plateau n'a hélas eu l'idée de lui demander si lui, petit professeur, accepterait de donner des cours à 4h du matin. Après tout, chacun n'est-il pas libre de se cultiver quand bon lui chante ?! Oh, certes, on arguera que rien ne force le petit professeur à travailler la nuit. Mais d'autres professeurs le feront et petit à petit, l'exception deviendra la règle ; on commencera à regarder le petit professeur de travers, puis, à la faveur d'une évolution du "droit" sous la pression de la concurrence, on fera comprendre au petit professeur que s'il n'accepte pas de travailler la nuit, il est "libre" d'aller voir ailleurs si ça lui chante. Heureusement, dans ce monde idyllique, le petit professeur pourra toujours se reconvertir et travailler chez Sephora dont les employés, par l'intervention de la chienlit socialiste, seront prochainement contraints de s'arrêter de bosser à 21h. Déçu, le petit professeur sautera de joie lorsque son patron lui proposera d'arrondir les fins de mois en nettoyant la moquette à quatre pattes à la pince à épiler. Et puis, quand le patron ne le paiera pas pour le service rendu, le petit professeur se dirigera toujours aussi "libre" vers les prud'hommes, véritable conseil d'ordures communistes, dont l'ampleur de la saisine dans notre beau pays témoigne à quel point il est urgent de se débarrasser de toute réglementation.
RépondreSupprimerAgg : je connais personnellement un professeur qui travaille très souvent la nuit...
Supprimer"Le problème de l'argumentaire libéral, c'est qu'il part du postulat de l'atomisme social, soit l'idée que la société, au fond, n'existerait pas vraiment, qu'il n'y aurait que des individus dont les seuls liens relèveraient en outre de choix exclusivement rationnels, le bien moral étant réduit au désir amoral."
SupprimerMerci de bien vouloir nous dire où vous avez trouvé cet "argumentaire libéral", ailleurs que dans votre imagination.
Vous me pardonnerez de ne pas vous expliquer en détail en quoi votre affirmation est non seulement outrageusement fausse, mais à l'opposé de la réalité : je l'ai écrit mille fois, des centaines d'autres libéraux l'ont écrit mille fois, mais il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Je fatigue un peu, là.
Si cela vous intéresse vraiment de savoir en quoi consiste "l'argumentaire libéral", prenez le temps de lire quelques-uns des livres majeurs écrits par les théoriciens du libéralisme, dont certains figurent parmi les écrivains et les philosophes les plus importants de l'histoire de l'humanité.
Et revenez nous en parler après.
Il y a des anthologies très bien faites, aussi. Tenez : "Les libéraux", de Pierre Manent.
@Robert Marchenoir
Supprimer>> Cher Monsieur, je ne vous ai pas attendu pour lire des auteurs libéraux. Ce que j'explique dans le petit passage que vous citez renvoie à l'individualisme méthodologique, soit l'idée que la réalité fondamentale, le point de départ obligé de toute théorie juridique, économique, sociale, etc. ne peut être que l'individu, conçu comme entité souveraine et dotée de raison. Où peut-on trouver cela ? Chez Ayn Rand, par exemple, ou encore chez von Mises, deux théoriciens majeurs du libéralisme. Quant à la réduction du bien public au désir privé, même punition : dans la logique libérale, le bien se confond avec le désir des individus, à partir du moment où ces derniers respectent les droits d'autrui, soit l'opposition bien connue entre le primat du bien et le primat du juste. Et c'est exactement l'argument déployé ici concernant le travail le dimanche : les volontaires n'enfreignant le droit de personne, on considère que leur désir est légitime, sans chercher plus loin, en faisant comme si leur comportement était indépendant du reste du corps social. Etrangement, les mêmes qui, en vertu de leur catéchisme libéral, défendent le "droit" de travailler le dimanche, s'insurgent lorsque deux homosexuels demandent le "droit" de s'unir juridiquement : mais si le désir individuel est le critère ultime de l'action, on voit mal ce qui s'opposerait à ce "droit", même s'il heurte les préjugés des tenants d'un prétendu "ordre naturel". Il faut être cohérent.
Alors vous lisez dans les auteurs libéraux seulement ce que vous voulez bien lire. Le libéralisme est un courant d'idées très vaste, couvrant plusieurs siècles, plusieurs continents, et réunissant en son sein des penseurs très différents les uns des autres, qui s'opposent nettement sur un certain nombre de points.
SupprimerAyn Rand n'est certainement pas "un théoricien majeur du libéralisme". C'est un auteur marginal et un romancier médiocre, d'après les rares extraits que j'ai pu lire.
Von Mises est probablement un utopiste et un escroc, d'après ce que j'en entends dire. C'est un libertarien, si j'ai bien compris. Les libertariens sont des utopistes, et ils le savent. Les plus honnêtes le disent. Le libertarianisme ne fait donc pas partie du libéralisme, si l'on considère le libéralisme comme une doctrine juridique et politique ayant vocation à être appliquée dans la vie réelle.
La grande masse des libéraux reconnaît la réalité et la nécessité de la société, contrairement à ce que disent les diffamateurs du libéralisme. Toute l'oeuvre des théoriciens du libéralisme a consisté à concilier la liberté et la vie en société. Des milliers de pages ont été écrites pour traiter ce problème, avec des approches et des solutions différentes selon chacun. Il est donc parfaitement malhonnête de prétendre que pour les libéraux, la société n'existe pas. C'est exactement le contraire. Les libéraux ont passé leur temps, leur vie et leurs nuits à écrire sur la société.
Le travail le dimanche n'a rien à voir avec le mariage homosexuel. Rien, dans la nature, ne s'oppose à ce que les gens travaillent le dimanche. La notion même de dimanche est une convention purement formelle. Le dimanche pourrait s'appeler "brounzf" au lieu de dimanche, la semaine pourrait faire dix-neuf jours, commencer par le mardi, ne pas exister, etc.
L'homme, la femme et la reproduction sexuée sont une réalité à laquelle aucune religion, aucune idéologie ne peuvent rien changer.
Encore une fois, la Bible interdit de travailler le samedi, et non le dimanche. Pourtant, je ne vois pas beaucoup de catholiques que cela scandalise de faire leurs courses le samedi.
Note : je suis bien certain que si l'on consultait l'agenda officiel du pape, on s'apercevrait qu'il travaille le dimanche.
Toutes les terribles conséquences que vous entrevoyez au travail du dimanche (la "génération de nouvelles habitudes de consommation chez les personnes concernées", "l'adaptation de l'offre à cette nouvelle demande", le "volontariat de personnes âpres au gain pour fournir des services le dimanche") sont de bonnes choses, et non de mauvaises choses.
Vous ne traitez pas le fait qu'un tiers des Français travaillent déjà le dimanche, et que la vie normale telle que nous la connaissons s'arrêterait si les gens ne travaillaient pas le dimanche.
Alors point par point :
Supprimer- Si je résume, vous n'avez lu que de "rares extraits" de Rand et avez "entendu dire" des choses sur von Mises, mais vous vous autorisez quand même à porter sur ces deux auteurs un jugement sans appel : cela en dit long sur votre honnêteté intellectuelle. Heureusement que vous m'incitiez à m'informer sur le libéralisme avant d'en parler.
- Sur la société, vous êtes hors sujet. Trouvez-moi un auteur libéral qui fasse de la société le point de départ de son analyse en lieu et place de l'individu conçu comme agent rationnel et souverain et promis, on en reparle.
- Sur le travail le dimanche et le mariage homosexuel, quelle hypocrisie ! En effet, le découpage des jours de la semaine est purement arbitraire et repose sur une convention sociale... tout comme le mariage. Je ne sache pas que la valorisation de l'union incestueuse sous l'ancienne Egypte ou la polygamie dans nombre de pays du monde ait jamais empêché la reproduction sexuée.
- Sur l'interdit biblique de travailler le samedi, je n'ai rien à dire, je ne suis pas croyant. Je constate simplement la tradition du repos dominical pour la majorité de la population. Et il me semble qu'il n'est pas besoin d'avoir la foi pour trouver sain qu'un jour de la semaine soit consacré à autre chose qu'à de la consommation de biens et/ou de services.
- Les conséquences de l'extension du travail le dimanche seront les mêmes que les conséquences de toute extension du travail au prétexte du "droit" : une fabrique de dupes. Les mêmes qui se portent aujourd'hui fièrement volontaires viendront pleurer demain parce qu'elles seront *obligées* de travailler le dimanche. J'ai connu, je peux vous en causer : l'entourloupe est toujours présentée sous l'angle du "droit", au début. On ne découvre qu'ensuite qu'il s'agissait d'une stratégie d'entreprise pour étendre un *marché* sans se mettre trop à dos les syndicats.
- Enfin, je considère tout à fait normal qu'un certain nombre de Français travaillent le dimanche, si leur travail relève de la nécessité (santé par exemple) et qu'ils sont payés en conséquence. En revanche, je ne vois pas bien ce que vous appelez "la vie normale". Moi, le dimanche, je vais me balader ou je bouquine, ou je surfe sur Internet, ou je vois de la famille ou des amis, mais je ne vais pas dans les magasins. Je trouve consternant que le lien social ne puisse plus être envisagé aujourd’hui autrement que sous l’angle de la consommation. En même temps je ne suis pas libéral, hein.
Bonjour,
SupprimerJe me permets d'intervenir car je suis un peu attristée que Robert Marchenoir, dont j'apprécie toujours beaucoup les interventions, qualifie Mises d'utopiste et d'escroc en avouant ne pas l'avoir lu.
Mises n'est pas un philosophe politique, c'est un économiste. Il est l'auteur de la théorie autrichienne des cycles économiques, il a démontré avant tout le monde l'impossibilité du socialisme, il a grandement contribué à la théorie monétaire, et il a également écrit sur la méthodologie de l'économie. A titre personnel, il n'était pas anarchiste mais pensait que l'Etat devait se limiter à faire régner l'ordre et la justice. Du reste, il se fondait pour cela sur des considérations utilitaristes, et contrairement à la plupart des "libertariens", ne croyait pas à la possibilité d'un droit naturel; il ne prêtait donc pas du tout le flanc à l'accusation de dogmatisme utopique de ce point de vue-là.
Il est dommage de se laisser arrêter par l'étiquette de "libertarien", quand on sait que ce terme n'est qu'un pis-aller trouvé par les libéraux américains pour se distinguer des "liberals" gauchistes. Je ne pense même pas que Mises ait adopté ce terme.
Enfin, pour répondre du même coup à Agg, l'individualisme méthodologique n'a rien de particulièrement scandaleux, à moins qu'on veuille qualifier Raymond Boudon de libertarien voulant atomiser la société, parce qu'il se réclamait lui aussi de cette approche méthodologique.
Voici ce qu'en écrit Mises:
"Une collectivité agit toujours par l'intermédiaire d'un ou plusieurs individus dont les actes sont rapportés à la collectivité comme à leur source secondaire. C'est la signification que les individus agissants, et tous ceux qui sont touchés par leur action, attribuent à cette action, qui en détermine le caractère. C'est la signification qui fait que telle action est celle d'un individu, et telle autre action celle de l'État ou de la municipalité. Le bourreau, et non l'État, exécute un criminel. C'est le sens attaché à l'acte, par ceux qui y sont impliqués, qui discerne dans l'action du bourreau l'action de l'État."
"Nous pouvons voir une foule, c'est-à-dire une multitude de gens. Quant à savoir si cette foule est un simple attroupement, ou une masse (au sens où ce terme est employé dans la psychologie contemporaine), ou un corps organisé ou quelque autre sorte d'entité sociale, c'est une question dont la réponse dépend de l'intelligence qu'on peut avoir de la signification que les gens assemblés attachent à leur présence. Et cette signification est toujours dans l'esprit d'individus. Ce ne sont pas nos sens, mais notre entendement — un processus mental — qui nous fait reconnaître des entités sociales.
Ceux qui prétendent commencer l'étude de l'agir humain en partant d'unités collectives rencontrent un obstacle insurmontable dans le fait qu'au même moment un individu peut appartenir, et en fait — à l'exception de ceux des plus primitives tribus — appartient réellement à diverses entités collectives. Le problème soulevé par la multiplicité d'unités sociales coexistantes et par leurs antagonismes mutuels ne peut être résolu que par l'individualisme méthodologique."
Aucun rapport avec un homme abstrait atomisé, donc; il s'agit simplement de reconnaître une évidence et d'adopter la méthode qu'on juge la plus adéquate pour décrire le réel. C'est un principe descriptif, et non normatif. Que les appartenances nationales, religieuses, etc., soient des faits de l'esprit, perceptibles uniquement par la compréhension qu'on a des significations attachées par les individus à leurs actes, ne signifie pas qu'elles n'existent pas ou soient de peu d'importance. On peut toujours exprimer son désaccord avec ce point de vue, mais de grâce, arrêtons avec les caricatures, amalgames fâcheux et procès d'intention...
@Laura
Supprimer>> Bonjour,
Vous donnez dans un magnifique sophisme de l'homme de paille : je n'ai en effet jamais dit que l'individualisme méthodologique était "scandaleux", ni que von Mises était un "libertarien" et encore moins que toute personne se réclamant de l'individualisme méthodologique voulait "atomiser la société". Ce que j'ai dit en revanche et que je maintiens, c'est que l'individualisme méthodologique repose sur la conception de l'individu comme monade rationnelle, c'est-à-dire dont les appartenances diverses et variées ne le déterminent pas dans une logique d'antériorité, mais relèvent, comme vous l'écrivez fort justement, de "faits de l'esprit". Dans l'individualisme méthodologique, on a ainsi affaire non pas à un individu réel, organique, mais à un individu abstrait, épuré de tout ce qui le constitue. On dira, comme von Mises, que c'est uniquement une description commode, parce que sinon c'est trop compliqué. Sauf qu'en définitive, cette description devient norme : ce qu'on avait écarté temporairement pour rendre le problème plus abordable n'est jamais réintégré ; pire, on fait désormais comme si cela n'avait jamais existé. Un peu comme ces scientifiques qui adoptent, par souci de simplification, le problème de l'esprit via le matérialisme méthodologique : "Faisons comme si l'esprit était le cerveau et nous reviendrons à la question plus tard". Et une fois le cerveau disséqué, ces mêmes scientifiques vous regardent droit dans les yeux et vous répliquent avec malice : "L'esprit ? Mais ce n'est que le cerveau, voyons !" ;-)
@la crevette
RépondreSupprimer>> Je vous crois bien volontiers, mais j'imagine que ce monsieur fait payer ses prestations en conséquence, ce qu'il ne pourrait plus faire si l'exception qu'il constitue devenait la règle. C'est exactement le même problème avec le travail le dimanche : les volontaires ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, c'est-à-dire considèrent exclusivement le gain à court terme qu'ils réalisent, précisément parce qu'ils sont une exception, au mépris de la perte à long terme dont ils seront les premières victimes, lorsque leur "droit" aura revêtu le statut d'obligation contractuelle dans leur branche professionnelle. Je rajouterais enfin que je m'étonne de voir des chrétiens défendre cette logique libérale, alors qu'elle occulte totalement la question du temps social. Le dimanche, ce n'est pas seulement un temps non travaillé pour son petit nombril, c'est un temps pour autre chose, une pause dans la course folle de la semaine et surtout un temps partagé par l'ensemble de la communauté, sauf exceptions qui prennent justement tout leur sens au titre d'exceptions. Le "libéral-conservateur" s'étonnera alors, sans rire, de la déliquescence du lien social, de la dissolution des moeurs et de l'égoïsme monstrueux des nouvelles générations. Je ne vais pas vous ressortir la citation – carbonisée et généralement mal formulée – de Bossuet sur le rire de Dieu face aux maux dont les hommes se plaignent tout en s'en faisant les fervents artisans, même si sur ce sujet elle serait fort à propos.
"un temps non travaillé pour son petit nombril"
RépondreSupprimerMais qu'est-ce que vous appelez ou décidez d'appeler "temps non travaillé pour son petit nombril". Le commerçant qui bosse le dimanche travaille la plupart du temps non pour son "petit nombril" mais bien pour ses enfants.Le prof qui bosse la nuit (et qui est payé comme tout fonctionnaire ni plus ni moins) et qui bosse ses cours le dimanche après-midi fait son "devoir d'état" comme on disait auparavant.
Et qu'est-ce que cette histoire de création de lien social si ce n'est le fait de partager par exemple quelques loisirs qui nécessitent le travail d'autres personnes (cinéma ou restau par exemple).
Ce qui me gène profondément dans cette histoire de travail-ou-pas travail-le-dimanche c'est que certains légifèrent au nom du bien de tous les autres. On ne devrait pas légiférer, on devrait simplement laisser les hommes s'organiser comme bon leur semble. Et croyez-moi, le catholique qui a ses convictions et ses moeurs pourra alors les appliquer à lui-même comme il l'entend sans pour autant imposer sa façon de vivre à ses voisins non catholiques. Et croyez-moi encore, il n'y a que l'exemple de personnes qui font ce qu'elles pensent être ce qu'elles doivent faire pour elles-mêmes qui impressionne favorablement
autrui. Mais surtout qui permet de s'épanouir véritablement dans ce que l'on veut être comme homme. Mais l'imposition par la force est quelque chose qui me révulse profondément, encore plus si cela vient des membres de ma propre religion. Nous ne sommes pas des musulmans qui imposons à nos congénères une charia. Nous ne sommes plus ces catholiques d'antan qui pratiquaient un catholicisme "social" qui n'était qu'une coquille creuse.Nous sommes des individus qui pratiquons de la meilleure façon qui soit selon ce que nous sommes chacun, une foi, c'est à dire une relation avec un Dieu. ça n'est pas rien tout de même! C'est une relation de personne à Personne, pas une liste de diktats ou de recettes miracles à subir plus ou moins.
La liberté nécessite effectivement beaucoup de réflexion individuelle, des positions parfois pas faciles à tenir, des doute, un peu d'introspection individuelle, une conscience éclairée sur nos priorités personnelles, des engagements souvent difficiles à tenir au vu du monde qui nous entoure. Bref, la liberté fait de nous de vrais hommes, pas des marionnettes à la merci d'autres qui nous dirigent.
@la crevette
RépondreSupprimer"""""Ce qui me gène profondément dans cette histoire de travail-ou-pas travail-le-dimanche c'est que certains légifèrent au nom du bien de tous les autres."""""
>> N'est-ce pas précisément ce que l'Eglise appelle le bien commun et qui vaut dans tous les domaines de la vie sociale ? Il y a tout un tas de choses que chacun n'a pas le droit de faire "au nom du bien de tous les autres" et c'est précisément le fondement du lien social : j'accepte que le monde ne se réduise pas à mon désir, mais qu'il existe un principe le transcendant et prenant en compte autrui, afin que tous, moi y compris même si je ne le comprends pas nécessairement, dans le cadre ainsi défini, puisse vivre et s'épanouir en toute liberté, mais d'une liberté qui n'est pas la licence accordée à un enfant capricieux.
"""""On ne devrait pas légiférer, on devrait simplement laisser les hommes s'organiser comme bon leur semble."""""
>> Je travaille chez moi, la nuit : vous, vous travaillez la journée. Nous vivons dans le même immeuble. Quand je travaille, j'aime écouter de la musique, très fort. La nuit, vous, vous dormez. On s'organise comment ? J'aime aussi faire mes courses intégralement nu, tandis que vous n'appréciez guère de choisir votre lessive en voyant débouler un service trois pièces : on s'organise comment ? J'adore les grosses voitures qui consomment beaucoup et polluent encore plus. Après tout, c'est mon "droit". Vous préférez peut-être un environnement sain et avez conscience de la limite de nos ressources naturelles : on s'organise comment ? Les exemples sont déclinables à l'infini de situations où le désir individuel doit être borné au nom du bien commun.
Très cher, si nous avons des mœurs différentes, nous nous organisons pour vivre en communauté de mœurs identiques tout simplement sans être forcés par des abrutis de la diversitude et du bien vivre ensemble à cohabiter sur le dos de l'autre. Avez vous lu Hoppe? c'est très intéressant :
RépondreSupprimer"Nouveau modèle de société fondé sur la discrimination, l'inégalité et le contrat :
Selon un fort contraste, une société dans laquelle le droit d’exclusion est entièrement restitué aux propriétaires privés serait profondément inégalitaire, intolérante et discriminatoire. Il y aurait peu ou aucune « tolérance » ou « ouverture d’esprit » si chères aux libertariens de gauche. A l’inverse, on serait sur le bon chemin vers la restauration de la liberté d’association et d’exclusion impliquées par l’institution de la propriété privée si seulement les villes et villages pouvaient et voulaient faire comme ils firent en réalité jusqu’au XIXe siècle en Europe et aux États-Unis. "
(...)
"C’est pourquoi il est évident que les libertariens doivent être des conservateurs moraux et culturels de l’espèce la moins prête au compromis. L’état actuel de dégénérescence morale, de désintégration sociale et de pourrissement culturel est précisément le résultat de trop de tolérance – et avant tout, une tolérance totalement erronée et faussement appréhendée. Au lieu de faire en sorte que tous les habituels démocrates, communistes et autres styles de vie alternatifs soient rapidement isolés, exclus et bannis de la civilisation en accord avec les principes de la convention, ils sont tolérés par la société. Pourtant cette tolérance ne fait qu’encourager et promouvoir encore plus de sentiments et d’attitudes égalitaires et relativistes, jusqu’à ce que soit atteint le point où l’autorité s’est effectivement évaporée (alors que le pouvoir de l’état, s’exprimant par les politiques d’intégration forcée qu’il sponsorise, se sera accru d’autant)."
Le lien : http://oralaboraetlege.blogspot.fr/2012/11/du-conservatisme-et-du-libertarianisme.html
Sur ce, bonne nuit!
Je connais Hoppe, mais il ne m’a jamais convaincu.
RépondreSupprimerJe retrouve les mêmes contradictions dans ce grand classique auquel vous me renvoyez :
- Il existerait un « ordre naturel », fruit d’une ‘normalité’ que le libéral se charge de nous enseigner, en bonne autorité morale qu’il incarne tout soudain, la même qu’il refusait tout à l’heure à ses adversaires. Autrement dit, pour que le libéral ait raison, il faut d’abord qu’il ait tort.
- Le prétendu « ordre naturel » l’est, tellement, « naturel », que pour le « restaurer », il faut mener rien de moins qu’une révolution, avec épuration de toutes les institutions et mesures jugées nuisibles sur les plans économique et culturel... ainsi que de tous les individus qui ne cadreraient pas avec le projet : Hoppe explique par exemple sans rire que la maladie relève d’une faiblesse de la volonté, aggravée par les systèmes de protection sociale. Marche ou crève, camarade ! Autrement dit, le libéral qui répète quotidiennement la formule magique du principe de non-agression, propose comme solution politique une agression sans précédent et l’établissement d’un darwinisme social : une fois de plus, pour avoir finalement raison, le libéral se voit d’abord contraint de fouler aux pieds sa noble doctrine.
Un dernier mot sur la sécession en réponse à la question de la diversité des mœurs : outre que c’est retourner à une logique clanique où la liberté se trouve réduite aux us et coutumes du groupe (au sein duquel on découvre sans surprise un rapport hiérarchique légitimé par une rhétorique de la nécessité, passons), ça ne marche pas pour les problèmes d’écologie humaine, comme le changement climatique ou la pénurie des ressources naturelles : là, on ne peut pas se contenter d’un « chacun pour soi et Dieu pour tous » en espérant que la situation s’arrangera d’elle-même ou que tout le monde prendra comme par miracle la bonne décision.
Je m’en tiendrais là, car je crains que nous ne parlions de trop loin ; je vous remercie néanmoins de m’avoir ouvert cette modeste tribune.
@Agg
RépondreSupprimerLe problème, c'est que ce que vous ecrivez est pour l essentiel un tissu de contre-verites.
- Vous ecrivez:" Trouvez-moi un auteur libéral qui fasse de la société le point de départ de son analyse en lieu et place de l'individu conçu comme agent rationnel et souverain et promis, on en reparle. "
Si libertarianisme et liberalisme fondent leur philosophie sur l individu, ils ne font aucunement l impasse sur la societe mais jugent, je cite le QL que "la coopération volontaire entre les individus dans un marché libre est préférable à la coercition exercée par l'État".
Vous citez Ayn Rand. Dans "La Greve", tout le roman decrit une societe qui s'enfonce dans l Etatisme. Le style n est pas toujours leger, mais on y trouve une description etonamment moderne de ce qu l'on peut vivre dans des pays de modele socialisant comme la France. Prenez Hayek et "La route de la Servitude", il y est bien question de l ineluctabilité de la dictature d'Etat dans le socialisme. Et donc de l evolution des societes dans des cadres socialistes.
- Vous comparez " Droit d'ouvrir les commerces le dimanche" et "Droit au Mariage gay".
Dans le premier cas, il ne s'agit que de rompre avec une interdiction peu justifiee. Comment ne pas l envisager comme une injustice alors que de nombreuses professions l exercent deja? Comment peut on imposer ses propres goûts aux autres pour justifier de ladite fermeture? De nombreuses personnes aiment bricoler, decorer leurs maisons. Le dimanche est le seul jour ou ils peuvent reellement satisfaire ce plaisir. Vous jugez que la societe va alors evoluer vers quelque chose d'abominable ou tous devront travailler le dimanche. C est juste une aberration contredite par toute notre histoire. Les societes libres trouvent toujours un juste point d equilibre. Les entrepreneurs ne sont pas des bourreaux et n ont aucun interet a creer chez elles des situations sociales explosives.
Tous les individus ne sont pas identiques et il est naturel que des jeunes soient prets a travailler le dimanche alors que des chargés de famille par exemple le soient moins. C ' est ainsi par exemple que peut se former un equilibre et que cet equilibre peut se determiner a la fois par les chefs d entreprise comme par les salaries entre eux.
En revanche, le mariage gay n est en aucun cas un acces a un droit legitime. Un liberal ne s'opposerait jamais a ce que des associations gays définissent un mariage gay qui leur est propre. Or, il s'agit ici d'une revendication pour l'acces a un service de l'Etat. Comme si a 40 ans, je demandais l 'acces a une allocation retraite. Le mariage civil existe afin de perenniser la cellule familiale traditionnelle, historiquement vecue en Occident comme garante d'une société stable. Un couple fidele et des enfants eleves par un pere et une mere. Les trois raisons qui justifient la revendication du mariage gay sont: recevoir de l argent de l Etat sous differentes formes, pouvoir adopter un enfant et établir un nouvel ordre moral avec comme corollaire l'usage de la force de l'Etat pour obtenir des droits spéciaux (discrimination positive) . En quoi sont ce des droits? L'adoption d'un enfant par un couple homosexuel est par definition a risque et ne peut etre associe a un droit.
Le liberalisme pre-suppose des communautes qui s'entendent sur des regles de vie en societe partagees. En aucun cas, contrairement à la caricature que vous en faites, elle permet l acces sans contrainte a tous les desirs individuels! Même chez les libertariens.
RépondreSupprimerhttp://www.quebecoislibre.org/philo1.htm
Ce qui differencie libertarianisme et liberalisme, c est dans pour le premier qu un tel modele de societe peut convenir a de nombreuses cultures, religions, sexualites...
Je ne concois pas contrairement aux libertariens qu une societe sans lien ethnique / culturel puisse fonctionner
Pour revenir au mariage gay, ce qui justifie mon opposition principale, c est qu il ouvre aussi le champ des possibles. Rien n empeche plus des futures revendications à la polygamie par exemple. Ce qui sous-entend de probables reculs importants quant à la position de la femme dans la societe. On est donc bien ici dans une volonte de detruire les cadres culturels et de les remplacer par un cadre socialiste.
Enfin, vous concluez par le ponpon, une derniere contre verite "ca ne marche pas pour les problemes d' ecologie humaine, comme le changement climatique ou la penurie des ressources naturelles".
Ce sont dans les societes capitalistes que les pollutions ont ete reduites de maniere dratisques; Il suffit de voir les progres faits dans le secteur de l automobile en quelques annees. Comparez avec les resultats des anciennes dicatures communistes. C est edifiant. Pourquoi? La concurrence tout simplement. Les societes vendent mieux leurs produits s'ils sont sains, non polluants, etc... Ce sont même les societes privees qui etablissent ou participent à l etablissement de normes. Et ce sont souvent les Etats eux meme qui les contournent.
En realite, vous nous ressortez toujours les mêmes antiennes, les mêmes fantasmes de l horreur capitaliste (marche ou creve, penurie alimentaire, ) et sans doute, en creux le bonheur compare des societes ou l Etat decide de tout. C est dommage apres avoir lu tant de paves de liberaux que vous n 'en ressortiez que quelques images d Epinal pour cours de philo de Terminale.
Cher Nicolas,
RépondreSupprimerDe passage sur ce blog après de longs mois, je découvre vos commentaires. Je trouve dommage que vous n’ayez pas jugé bon de m’en informer, alors même que je donne l’adresse de mon blog en lien. Au lieu de ça, une "leçon" administrée sournoisement et à près de trois mois d’intervalle. Passons. Je tiens tout d’abord à éclaircir un point : je ne suis pas l’anti-libéral que vous vous figurez. Au contraire, je dirais. Simplement, je m’essaie régulièrement à penser contre moi-même en jouant à l’avocat du diable ici ou là. Le libéralisme n’est pas exempt d’apories et il me paraît intéressant de les tester, au lieu de tenter de les escamoter par des pétitions de principe. J’en viens à vos objections :
- Vous commencez par un magnifique homme de paille. Je n’ai en effet jamais dit que les auteurs libéraux faisaient l’impasse sur la société, j’ai dit en revanche et je maintiens qu’ils partent tous, comme point de départ de leur analyse, de l’individu conçu comme monade rationnelle, sans antériorité réelle. Or si je peux admettre avec Mises qu’il est plus commode, méthodologiquement parlant, de mettre entre parenthèses les déterminants de l’individu, il me paraît en revanche fallacieux de faire comme si ces déterminants s’étaient mystérieusement évanouis par après, transformés en simples "faits de l'esprit". Vous reconnaissez d’ailleurs vous-même que le libéralisme présuppose des communautés qui s'entendent sur des règles de vie partagées. En clair : le libéralisme se révèle incapable de produire par lui-même de telles règles de vie et ne peut s'implanter que dans une société préexistante, déjà structurée autour d'un bien commun.
- La comparaison entre droit de travailler le dimanche et droit de se marier pour les homosexuels me paraît au contraire tout à fait pertinente à en juger par vos arguments. En effet, vous refusez le mariage homosexuel en arguant de ce qu’on appelle en logique une pente savonneuse, soit l’idée qu’une extension de droits entraînera tôt ou tard des revendications toujours plus importantes, mettant en péril la stabilité de la société. Je suis d’accord avec vous et je pense d’ailleurs que la question de la polygamie se posera en termes de droit très prochainement dans notre pays si peu libéral qu’il se mêle de tout, y compris du mariage, qui devrait être à mon sens un contrat privé. En revanche et fort étrangement, vous ne voyez pas la pente savonneuse dans le monde du travail. Il ne s’agit pas de dire que les employeurs sont des bourreaux, mais tout simplement de reconnaître la réalité de la logique d’entreprise, qui est celle de la productivité, sans considération pour l’aspect humain. Je ne crois pas du tout à l’équilibre naturel entre la logique d’entreprise et la logique humaine que vous évoquez. L’Histoire – ou tout simplement l’expérience personnelle : le privé, je connais, je peux vous en causer – témoigne au contraire du rapport de force entre ces deux logiques, l’équilibre résultant de compromis. Nul besoin d’être un marxiste forcené pour réaliser cela, au contraire, pour moi, un libéral conséquent sait qu'il ne vit pas sur une île déserte, mais dans une société et que par conséquent son désir ou son intérêt personnel doit être borné. La liberté n'est pas la licence.
- Enfin, sur l’écologie humaine, vous apportez de l’eau à mon moulin : "ce sont dans les sociétés capitalistes que les pollutions ont été réduites de manière drastique", écrivez-vous sans rire. Admettons : sauf que le changement climatique ne concerne pas que les sociétés capitalistes, mais l’ensemble de la planète. En outre, si les sociétés capitalistes réduisent leurs pollutions, c'est au prix de la pollution alarmante du reste du monde (l’Afrique et l’Asie)… Là aussi, même punition : on peut défendre le capitalisme et comprendre dans le même temps la nécessité d'en réguler les effets indésirables. Bref, ce n'est pas libéralisme vs étatisme, mais un équilibre dynamique entre les deux.
Bien à vous.