jeudi 18 février 2010

I/ Père Vandevelde : quel dialogue avec l'Islam ? II/ Table ronde : quelles perspectives pour les chrétiens?

Remarques préliminaires : 
- Avant cette table ronde, il y avait eu l'intervention du Père Vandevelde sur le thème : quel dialogue avec l'islam?
J'ai eu d'énormes difficultés à prendre des notes et à comprendre son propos assez "élevé" intellectuellement : je donne ici, de façon succincte ce que j'ai compris et qui permet d'expliquer la "sortie" du Père Roucou au début de la table ronde.
Je reviendrai demain dans un dernier billet plus général, sur mes impressions sur le public du colloque et sur quelques réflexions qui me sont venues à l'esprit.

Père Vandevelde : quel dialogue avec l'Islam? 


La question d'un dialogue avec l'Islam peut légitimement se poser car ce dialogue tel qu'il se présente aujourd'hui tient plutôt de l'armistice où les musulmans prescrivent leurs diktat. Il nous faut nous chrétiens reprendre la main dans ce "dialogue" et le nombre de convertis provenant de l'Islam doit nous faire dépasser le mythe que l'Eglise n'est pas faite pour les musulmans.
Ce dialogue avec l'islam est de même nature que celui avec la Modernité convenue. Il y a de part et d'autre le refus du Verbe incarné. L'heure est à la confrontation loyale et courageuse car c'est le Salut éternel des personnes qui en dépend.

Sur le terrain théologique
La distinction entre Islam et musulmans n'est pas essentielle ici dans mon propos.
Les musulmans, au regard de l'Eglise n'ont pas de régime spécial : ce sont des hommes commes les autres tombés dans le péché et relevés par Dieu. Ce salut n'est pas que transcendantal : en effet, les événements du Salut ne se répètent à l'infini dans l'histoire et dans chaque homme, il y a  un seul salut surnaturel qu'il faut connaître et la Révélation est tout entière comprise dans le judéo-christianisme.
On propose parfois pour l'Islam le statut de religion naturelle mais ce statut est inaproprié. En effet :
-dans la réalité, il n'y a jamais de nature pure.
-l'Islam semble être la dérive, la manipulation, la réécriture désastreuse de matériaux judéo-chrétiens.
L'Islam  apparaît donc comme une profanation objective de matériaux bibliques par des hommes subjectivement sincères.


Sur le terrain philosophique
C'est le terrain de la rationnalité par rapport à celui de la polémique et des revandications communautaires.
Il est urgent de retrouver la grammaire commune de l'humanité c'est à dire la loi naturelle.
La grandeur de Dieu a été reconnue dans toutes les cultures et à partir de ce socle naturel se fonde la liberté religieuse c'est à dire le droit de tout homme à être libre de toute contrainte religieuse, précisément pour rendre hommage à ce Dieu et à sa grandeur.
Il y a un double registre : la connaissance naturelle de Dieu et la liberté religieuse qui permet d'accéder à la connaissance du Salut, à la foi catholique.
La rencontre, le dialogue avec l'autre doit se situer sur ce terrain de la rationnalité.
La transmission du patrimoine culturel français et européen est la voie royale pour le dialogue sans toucher au prosélytisme ou à la laïcité.


 II/ Table ronde avec le Père Roucou et Mgr Sleiman et une responsable de l'Aide à l'Eglise en détresse : quelles perspectives pour les chrétiens?


Père Roucou : j'ai le sentiment à ce colloque d'être un peu au tribunal de l'Islam. On peut débattre intellectuellement sur l'Islam mais sans manquer de respect et d'estime pour les musulmans qui assistent à ce colloque. Je distinguerai quant à moi l'Islam et les musulmans.
Nous avons du mal à réaliser que 70% des musulmans dont nous parlons sont français, de nationalité française.
La référence absolue avant la théologie ou la philosophie c'est l'attitude du Christ dans les évangiles (face à la Samaritaine)
Ma crainte est que dans ce face à face nous nous enfermions chacun dans nos communautés. Ces communautés sont deux mondes différents qui ne se rencontrent pas. Les différences sont certes d'ordre doctrinales mais aussi culturelles. Il faut nouer des relations fraternelles entre les deux communautés.
J'ai été toujours accueilli en pays du Moyen Orient avec beaucoup de respect, d'estime et de fraternité par mes frères coptes.
[la crevette : le Père Roucou a été "chahuté" tout le temps de son intervention par l'assemblée, en particulier par les chrétiens d'Orient qui assistaient nombreux à ce colloque]


Monseigneur Sleiman : Père Roucou, si vous avez été bien accueilli en pays du Moyen Orient c'est que vous bénéficiez d'un statut "sacré" en tant qu'Européen ou Américain, il faut le savoir.


Annie Laurent : dans ce colloque, je n'ai pas le sentiment du tout de manquer de respect envers qui que ce soit. Il n'y a pas desujets tabous, malgré certaines divergences. Les relations avec les musulmans sont façonnées par une doctrine, les deux sont indissociables et il faut bien connaître cette doctrine (la leur et la nôtre) pour avoir de bonnes relations avec les musulmans. Il est essentiel que nous chrétiens sachions qui nous sommes vraiment. J'attends toujours que la conférence épiscopale prenne à bras le corp le problème de la catéchèse en France. C'est un problème grave et urgent, l'enjeu de l'enseignement d'une vraie et bonne catéchèse est considérable.
J'ai entendu un prélat dire qu'il fallait lire le Coran pour être rassuré quant à l'Islam!! Ineptie totale.!!
Si on est animé d'un amour sincère envers nos frères musulmans, le moins que l'on puisse faire est de leur offrir les trésors de notre foi! Et aussi les interpeller sur toutes les questions délicates des inégalités, de la violence envers les femmes ou autres, etc...
Paul VI dans "Ecclésiam suam" explique que l'on dialogue avec autrui dans une perspective de finalité, pas dans le vide... Ici la finalité est le Salut des âmes. Il nous faut retrouver un esprit missionnaire.
D'autres questions qui "fâchent" : celle du communautarisme : j'ai entendu un prêtre dire qu'il fallait répondre aux besoins de l'Islam!! On pousse ainsi les musulmans à créer des poches d'Oumma en Europe et en France, ce qui n'est pas acceptable. Un exemple de réponse dévoyée à ces besoins de l'Islam : les aumoneries musulmanes dans les prisons ou dans l'armée. Mais les musulmans n'ont pas de "prêtres" au sens strict du terme. On utilise des critères chrétiens piur les appliquer aux musulmans et on crée ainsi ces condition au communautarisme musulman.


La responsable de l'AED : les chrétiens en terre d'Islam sont persécutés et nous ne devons pas les oublier. Ils sont toujours présents à l'heure d'aujourd'hui, de moins en moins certes mais toujours là. Nous formons avec eux une communauté de prière et nous devons être leur voix là où ils ne peuvent plus parler.


Monseigneur Sleiman : à propos du dialogue islamo-chrétien : je me pose vraiment la question de savoir si nous l'avons déjà entamé?!
En Irak, les relations entre chrétiens et musulmans ont été détruites. Le fondamentalisme est rentré dans les mentalités, la culture. Nous avons été victimes de trop de démagogie et il nous dépasser les instants critiques du dialogue, rentrer dans les questions qui fâchent pour évoquer ce qui me paraît essentiel  : le statut de la femme qui représente l'humanité devant Dieu. La femme devient prêtre par nature, l'homme devient prêtre par ordination.
Autre difficulté de ce dialogue : le problème de la culpabilisation de l'Eglise de France. Nous n'arrivons toujours à nous dire chrétiens sans complexe ce qui rend impossible l'annonce de la Bonne Nouvelle du Salut. Il faut refaire l'histoire, les chrétiens doivent dépasser leur passé, en particuliers les vieilles églises orientales.
Enfin, dernière difficulté, celle de la communauté. La communauté protège les personnes mais dans le sens où elle doit être au service des personnes, de ses membres. La première communauté est celle de la famille. Il n'y aura pas d'avenir de l'homme sans famille et sans enfants.

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