jeudi 12 février 2009

être mère















Il y a un thème récurrent chez les personnes dites de la réacosphère, c'est l'envie de partir de France, nation morte.Dantec a été un des premiers à inaugurer ce départ.( enfin , pendant les guerres, les exils de grands écrivains ont été nombreux : Maritain, Bernanos : mais Dantec est plus définitif dans son départ)
Moi-même, souvent, l'envie me prend de quitter cette terre gangrenée par le mensonge et de "sauver" mes enfants. Mais outre le fait d'une impossibilité matérielle quasi-complète à partir, je me demande si ma vocation n'est pas tout bêtement de rester à ...ma place.

Une mère de famille est gardienne de sa demeure.


écrit ceci il y a plus d'un an :

La recherche de l’Absolu.

"…ce grand écrivain ( Balzac ) ne paraît pas avoir bien compris lui-même ce que c’est que l’Absolu.( …). Mais l’Amérique n’était pas l’Absolu. C’était un point d’arrivée extrêmement difficile à atteindre, mais tout de même un point d’arrivée ou il serait possible de s’asseoir et d’ou l’on reviendrait à la fin. l’Absolu, au contraire, est sans retour. On n’en revient pas parce que c’est un voyage sans fin." ( P. 543, Journal de L. Bloy. ).
Lu très vite quelques passages de Grande Jonction de Dantec : une image me hante : ce Territoire où un corbeau observe la fin de l’Homme : j’ai vécu dans ce territoire, j’y vis : on y trouve ces corbeaux, ces renards, ces cerfs….C’est mon territoire, je le traverse quinze fois par jour, le ciel y est bas et gris, le temps immobile, la vie suspendue . Le matin, quatre fois par semaine, je traverse une portion de ces bois et à partir du mois de mars jusqu’au mois de novembre, le jour se lève avec nous dans la voiture. Je regarde la cime des pins ensoleillée et c’est un décor de carte postale qui m’apparaît. On pourrait presque voir des plages de sable fin juste derrière ces pinèdes . Alors, je comprends une chose : ce lieu dans lequel j’habite, c’est le domaine dans lequel je peux entreprendre ma grande migration intérieure, le seul vrai grand voyage, la mission demandée, mon boulot de mère.
Voilà : je suis comme Moïse : je cherche pour mon peuple, mes enfants, la terre promise. J’ai décidé de faire le seul voyage qui me soit permis de faire, avec mon mari et mes enfants : celui de l’Absolu. Nous arriverons, quand Dieu voudra, au terme de notre voyage, dans son Territoire. Ce sera le Paradis.
Une mère de famille entraîne dans un voyage qui pour but le ciel divin, ses enfants . C’est un Moïse qui doit avoir la foi d’un Abraham : sacrifier ses enfants dans la réalité terrestre, pour Dieu, les lui offrir pour qu’ils vivent de la seule vraie vie qui vaille la peine d’être évoquée, la seule vraie réalité qui nous est cachée, certes, mais qu’une mère chrétienne connaît .
Une mère de famille ouvre à ses enfants la voie, le chemin, la route de la sainteté.

"On the road again", dirait probablement Dantec. « Take the long way home” appuie Dieu, grâce à Supertramp.

« Compte tenu des caractéristiques de l’époque moderne, l’amour ne peut plus guère se manifester ; mais l’idéal de l’amour n’a pas diminué. Étant, comme tout idéal, fondamentalement situé hors du temps, il ne saurait ni diminuer ni disparaître.
D’ou une discordance idéal-réel particulièrement criante, particulièrement riche ». ( Houellebecq, « Rester vivant » ) .

Dans le même temps, un Saint est celui qui actualise la bonne création, le bon monde dès à présent, sur cette planète, dans notre temps ou plutôt dans son époque à lui.
C’est sans doute pour cela que le martyre reste l’arme absolu contre ce royaume perverti : il remet la bonne création à sa place, sans se soucier du temps.

La discordance entre idéal-réel dont parle Houellebecq est battue en brèche par le saint.

Le drame de notre génération, c’est que l’on ne nous a pas appris à aimer.

Le bon Dieu doit tout recommencer à zéro avec ses créatures, comme dans l’ Ancien Testament : renouer ses alliances, plusieurs fois car les chutes sont innombrables chez l’homme. C’est parce qu’il chute qu’il est homme. Aller vers Dieu, le quitter, revenir, se détourner à nouveau, certes, mais il y avait un fil qui nous reliait, le fil de sa grâce, son Fils.
Avons-nous rompu ce fil ?

« Dieu avait chassé l’homme du Paradis terrestre. L’homme aujourd’hui chasse Dieu de toute la terre. » ( P.111 Journal de Bloy n. 2 )

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire