lundi 7 mars 2022

Mettre un visage où il n'y en a plus

 La face écrasée gît dans la terre immobile

Et les trous noirs des yeux pleurent du sang séché 

Ils contemplent sans espoir le ciel, dernier asile

Ils habitent sans voir le néant à jamais.


Je songe que sa mère a scruté et vu

Avec passion jusqu'aux plus infimes détails 

Ce beau visage d'homme, dans la boue fondu.

Toute une vie d'amour pour ce visage filial.


Je songe que son père a façonné, taillé 

Avec patience et dureté,  jour après jour

Ce si beau visage d'homme presque parfait

La belle sculpture éduquée avec amour.


Et je songe en observant jusqu'à la nausée 

Ce visage crucifié, piétiné,  vaincu

Que c'est la douleur du martyr baignée 

Qui lui rend sa noblesse et beauté disparues.


Je voudrais comme la sensible Véronique 

Prendre au Golgotha un tissu tout léger 

Essuyer enfin l'Adorable Face Unique

D'une caresse d'amour et de charité


Le visage du Crucifié que j'ai tué 

Par pensée, parole, action et par omission.

Je veux enlever chaque poussière incrustée 

Dévoiler sous le masque noir de la Négation

Porté par Celui qui a pris tous nos péchés 

Le nouvel éclat de la Transfiguration.

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