Les choses avancent à petits pas. Pendant ce deuxième confinement, je m'emploie à "déconfiner" mon église de village aux trois-quarts temps fermée. C'est une jolie petite église, très ancienne, dédiée à saint Rémi. Le curé y fait une ou deux messes par an, aux beaux jours, car elle n'est pas chauffée. Les habitants ne connaissent pas leur église car elle est fermée. Avec ce deuxième confinement, le curé convainc les deux paroissiennes détentrices des clés de l'église d'ouvrir une heure par semaine l'église, le dimanche. Je m'engouffre dans la brèche et je farfouille dans la sacristie. Quelques éléments de crèche s'y cachent. Deux dames de passage, ayant remarqué les lumières dans l'église se proposent de les repeindre. Parfait! Ce dimanche, je reviens avec un carton, du tissu, des branchages et je m'attelle à confectionner une crèche. Les deux vieilles paroissiennes sont ravies et, dans l'enthousiasme, je leur suggère de proposer à la mairie d'indiquer l'heure d'ouverture de l'église pour que les habitants puissent s'y arrêter. J'espère que dimanche prochain nous serons quelques uns.
A la maison, c'était aussi les grandes manœuvres. Trois moldaves aux airs de mafieux tchétchènes débarquent vendredi matin pour équiper la maison de pompes à chaleur. Ils travaillent toute la journée et reviennent aussi le samedi. Vendredi soir, mon mari m'interroge : "tu as pu te faire expliquer comment le système fonctionne?" Je lève les yeux au ciel; les moldaves, plutôt rustiques, ne m'ont pas trop adressé la parole, ils parleront le lendemain... avec Chuck. Deux jours de marteau-piqueur, de poussière, de froid et de borborygmes slaves dans toutes les pièces. Les jumeaux et Pierre débarquent vendredi soir et prennent le relais des ouvriers. Je réussis malgré tout à nettoyer et ranger la maison pour le dimanche et nous nous réveillons tous dans une maison pour la première fois en quinze ans, bien chauffée. ça valait vraiment le coup!
Autre bonne nouvelle : notre messe du dimanche, dans le village voisin, tout proche de la maison. Les prêtres ont ajouté quelques messes supplémentaires malgré la hausse de la jauge.
Une voisine s'arrête devant chez moi, je l'invite à prendre un café : elle me raconte ses déboires familiaux; son mari en grande dépression, sa fille en couple avec un divers. Elle s'est coupée avec toute sa famille et ma voisine ne voit plus son petit-fils, né d'une première union. La fille a eu un bébé avec le divers. Elle vit maintenant dans 60 mètres carrés avec toute la belle famille fraichement débarquée de Tunisie. D'après la mère, elle est "convertie". J'engage la mère (et grand-mère) à renouer avec la fille. Quand cette dernière en aura assez de son nouveau "mari", elle sera peut-être contente de trouver un toit. Mais la question des enfants demeure : il lui sera difficile de garder son bébé. "C'est ce que me prédit la dame que je consulte avec son pendule", conclut sombrement la pauvre femme. Punaise, pas besoin de pendule pour prédire l'avenir... Je lui rétorque assez vivement. Ceci se passe dans notre campagne, pas dans un quartier "populaire" d'une cité. La voisine s'est rapprochée des cellules judiciaires qui traitent des cas de radicalisation. Les flics ne sont guère optimistes pour la fille.
La reine d'Angleterre s'apprête à être vaccinée : il n'y a pas à dire, c'est elle la chef! Elle "en a dans le pantalon" si je puis me permettre. J'attends de voir Véran et Castex se faire piquer devant les caméras au lieu de crier aux complotistes et à l'irresponsabilité chaque fois qu'un pauvre lambda avance timidement son droit à refuser la vaccination.
Dimanche soir, je suis de "corvée" de voiture pour ramener les jumeaux à 200 km, à leur pension. La route se fait bien au son de Dire Straits... Tout voyage peut devenir une aventure mystique, il suffit d'être disposée, il suffit d'avoir le bon son. Les paroles de Telegraph Road correspondent assez bien à ce que je vis; à mon état d'esprit, à ma volonté; il n'y a que la poésie et la musique pour transcrire aussi bien, aussi justement ce que je suis! Telegraph Road, est un air qui pourrait prendre pour moi la place d'un psaume biblique.
Je pars de mon chez moi, de ma campagne :
"A long time ago came a man on a track
Walking thirty miles with a sack on his back
And he put down his load where he thought it was the best
Made a home in the wilderness"(...)
Then came the churches then came the schools
Then came the lawyers then came the rules
There's six lanes of traffic
Three lanes moving slow..."
And I don't want to see it again...
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