jeudi 31 décembre 2020

Journal du deuxième confinement, jeudi 31 décembre, "La lumière brille dans les ténèbres"




 "Un miracle étrange a lieu dans le ciel et sur la terre : Dieu est sur la terre, et l'homme est dans les cieux".


 Je ne sais comment débuter ce texte, ce récit de ces jours de vacances, de fêtes, de retrouvailles familiales, de chaos, je ne sais même pas comment l'intituler.

A cette heure-ci nous avons à demeure plus que notre Gabrielle. Nous avons été jusqu'à douze à la maison et même treize pour le déjeuner de Noël.

Tous les enfants sont donc rentrés cette année pour Noël, même mon couple de mariés. Notre petite maison a réussi à remplir son office, à savoir loger tout le monde. Certes, avec encore les lits superposés aux lattes cassées pour certains mais bon, vaille que vaille, chacun a pu se blottir dans un nid.

Le deuxième grand défi consistait en la confection de repas pour une dizaine de personnes midi et soir pendant plusieurs jours. J'avoue sans fausse modestie avoir réussi à nourrir correctement la famille et à m'être couchée tous ces soirs en me disant : encore un jour où tout le monde a (bien) mangé.

Le troisième défi auquel je m'attendais moins (je ne sais pourquoi) : la gestion du linge. Mes étudiants et jeunes pros sont tous rentrés avec des monceaux de linge sale et mon sèche linge ne fonctionne plus depuis le premier confinement. ça a été épique, et le fait d'avoir un espace "lingerie" m'a sauvée à un moment donné où je me trouvais, toute proportion gardée,  comme les petits miséreux de Calcutta au milieu des montagnes d'une déchetterie à ciel ouvert. J'ai pris mon courage à deux mains pour un plan repassage de chemises une après-midi en regardant Pouic-Pouic.

Quatrième défi et non des moindres, faire en sorte que Chuck garde le moral malgré l'envahisseur. Bon, là j'avoue que je n'ai pas fait grand chose, j'ai simplement prié le Ciel en espérant qu'il ne pète pas les plombs, un peu comme deux soldats côte à côte sous la mitraille, qui ne peuvent guère communiquer dans le "bruit et la fureur" mais qui avancent coûte que coûte. Chacun pour "sa pomme" mais unis malgré tout.

Vous allez trouver ces considérations très prosaïques et éloignées d'une âme censée être toute tournée vers le grand mystère de l'Incarnation, la joie miraculeuse des anges dans le ciel, la reconnaissance et l'adoration des vieillards Anne et Syméon devant le divin Sauveur, mais bon, c'est ma mystique à moi de voir au fond d'une casserole notre miraculeuse et divine destinée humaine.

La joyeuse bande s'est maintenant éparpillée pour réveillonner au fin fond de quelques demeures planquées et, avec Chuck, nous sommes partis nous réfugier hier soir chez l'ami Vincent Haen, dans son hôtel qui est en passe de devenir notre résidence secondaire. S'est ajouté tardivement dans la soirée un cousin de notre hôte, encore un de ces êtres rares dont l'esprit et la personnalité survolent de très haut notre "normalité" quelque peu lisse. Les deux cousins nous régalent de leur conversation brillante, de leur érudition, de leur humour, Ces personnalités atypiques sont les seules capables de survivre par temps de crise ou d'apocalypse, il faut bien l'avouer, et même de pouvoir donner toute leur mesure. C'est absolument fascinant et, de retour dans notre home, sweet home, nous atterrissons doucement.

En partant


J'ai quitté ma campagne aux couleurs irlandaises

La pluie avait cessé, le ciel était hollandais

Les nuages gris et doux flottaient dans l'azur

Bleu comme les yeux de Gaby aux airs purs.


Après la pluie le beau temps dit la Comtesse

Et dans ce monde paisible à la lumière enchanteresse

Le temps ruisselle sans bruit, tout doucement,

Et les rayons en musique joyeuse percent le paysage luisant.


Comment quitter ce pays de cocagne

Où tout bruisse, pépie, fleurit et étincelle

De lumière, de vie, de beauté sans pareille

Où le corps et l'esprit s'unissent sous la Sainte Montagne.





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