En relisant péniblement
quelques extraits cornés de "La pensée captive de Czeslaw Milosz, je tombe
sur ces lignes, à propos de l'intellectuel ou de l'écrivain qui, ayant avalé le
dogme de la Nouvelle Foi (la doctrine marxiste), sous la forme d'une pilule,
subit enfin une transformation complète de son être et devient lui-même un
adepte totalement soumis à la doctrine : "Malgré sa résistance,
malgré ses moments de désespoir, le moment, enfin, arrive. Cela peut se
produire la nuit, au petit déjeuner, dans la rue. Quelque chose comme un déclic
métallique, comme lorsqu'on passe les vitesses. Il n'y a pas d'autre chemin.
C'est l'évidence. Sur toute la longueur et la largeur du globe terrestre, il
n'y a pas d'autre salut."
Auparavant, ce nouvel adepte est passé par quelques phases : le vide laissé par l'abandon de la religion, l'abandon d'une philosophie réaliste, d'une métaphysique ( abandon qui procure un sentiment profond de l'absurdité de l'existence), la nécessité (parfois vitale) de s'intégrer dans une Pensée collective qui réduit à néant sa propre réflexion individuelle, personnelle. Cette nécessité de se fondre dans la Pensée unique procure alors le succès que recherche l'écrivain. "Nous voyons concrètement comment se développent les divers processus de dissimulation, de transformation intérieure, comment on en arrive au bond subit de la conversion, comment un homme se scinde en deux hommes."
Milosz a ceci de bouleversant
qu'il s'intègre, tout en essayant d'analyser la transformation et
l'aboutissement, dans le processus : il se demande s'il n'est pas lui-même
devenu cet "Homme nouveau", adepte de la Nouvelle Foi, cet écrivain
incapable de sortir du chemin de la Pensée collective. Il décrit tout l'art du
Ketman qui impose à l'homme de vivre sous la méfiance de tous et qui se
dédouble : un homme virtuel qui présente toutes les garanties de soumission au
pouvoir et un homme secret, intérieur qui tente de penser par lui-même.
Milosz met en garde ses
lecteurs contre ce terrible processus qui guette non seulement les
"démocraties populaires" mais bien toutes les nations.
Autour de moi (j'entends : sur les réseaux sociaux, les commentateurs de groupes de parole), les individus sont arrivés au terme de leur transformation : ils ont eu ce déclic intellectuel, moral, psychologique. Ils écrivent tous : "il n'y a pas d'autre salut" hormis la nouvelle foi socialiste.
Et réellement la question peut
se poser pour nous tous aujourd'hui. Bien sûr, chacun s'écriera la main sur le cœur
qu'il n'est pas ou plus marxiste, qu'il est de "droite". Mais il nous
faut bien avouer ceci : le socialisme a gagné. Il imprègne tous nos esprits,
que nous soyons de droite, de gauche, écolos, cathos, païens, européens,
blancs, noirs, jaunes, patrons, ouvriers, jeunes, vieux.
Certains que je lis sur les
réseaux sociaux ont aussi cette intuition de la nécessité, par exemple,
de combler le vide démographique qui menace notre Occident, ou bien s’expatrier
sous des cieux plus sécures, moins envahis de populations agressives et
conquérantes. Mais arrivent-ils à creuser plus profondément le pourquoi de
cette nécessité? Ils constatent certains dangers : le remplacement de
population, des idéologies destructrices, etc.… Pour autant, sont-ils parvenus
jusqu'à la réflexion de Milosz : nous sommes devenus les captifs d'une Pensée
qui nous détruit de l'intérieur.
A l'époque du Covid que
j'ai attrapé assez tôt et sans conséquence aucune, je me souviens avoir cédé à
la vaccination lorsque j'ai compris que nos libertés seraient restreintes si
nous ne cédions pas au vaccin. Je me souviens avoir reçu "l'ordre"
comme un couperet : "il n'y a pas d'autre salut". Et j'ai cédé. Certes,
beaucoup expliqueront que cette soumission est le premier pas vers la captivité
intellectuelle, morale, spirituelle. Sans doute. Mais en me dédoublant
comme le Ketman décrit par Milosz, intimement persuadée de l'inutilité du
vaccin et me faisant vacciner simplement pour rester libre dans le
quotidien, j'ai tenté aussi de garder une part de mon esprit dans la vérité.
La question, et Milosz la pose
aussi, est de savoir combien de temps pouvons tenir dans ce dédoublement sans
devenir soit fou, soit « convertis » à ce Néant absolu.
Ce dimanche de l'Epiphanie, nous
recevions à notre table une personne absolument unique en son genre : unique
parce que "non contaminée" par cette terrible pandémie socialiste qui
a touché le monde entier, laissant sur le carreau des millions d'esprits morts,
des nations entières de zombies à la parole creuse, aux concepts vides de sens
et répétés à l'envie par des voix uniformes. Lorsqu'on rencontre une personne
véritablement libre, le monde s'anime alors, même les couleurs des paysages
deviennent plus vives, plus éclatantes. La vie revient.
C'était un prêtre, des Missions
étrangères, formé dès sa jeunesse aux doctrines libérales classiques (doctrines
qui sont les seuls "soins" possibles pour contrer le cancer
socialiste). De retour pour quelques semaines en France, il goûte aux joies de
la diversité dans le métro en s'interposant entre deux racailles enragées dans
le métro et en les éjectant manu militari du wagon. Avec sa carrure et sa
soutane, il impose à l'assistance (anesthésiée) stupeur et respect. Il nous fait
part de cette anecdote et d'autres aussi : sa tristesse de n'avoir pu célébrer
telle messe en Normandie à cause des églises fermées, le manque d'enfants dans
notre petite paroisse locale, l'importance de s'investir dans les écoles
hors-contrat, l'importance d'investir dans la jeunesse, en somme, dans la famille,
nombreuse, etc.… "Quand avons-nous perdu cet esprit de
résistance?" conclut-il.
Comment se détacher à ce qui
s'apparente à une véritable "possession" intérieure? Sans doute en
retrouvant le chemin de la vérité, en surmontant nos peurs physiques, morales,
psychologiques, en retrouvant une réflexion intellectuelle basée sur la réalité
qui nous entoure, sans détourner le regard lorsque cette réalité est dure, et
enfin, en retrouvant notre Foi.
Enfer
Dans la maisonnette fleurie
Le doux cocon où tous unis
En liens familiaux les plus forts
Liens du sang, plus forts que la mort
L'enfer niche et tisse sa toile
Tous les jours, tension infernale,
Nous suce tous jusqu'à la moelle
Dans nos cœurs, corps, esprit s'installe.
Les liens du sang, ô chair royale,
Nourrissent l'hôte parasite
Et le combat n'est pas loyal.
Dans la maisonnette fleurie
Le doux cocon où tous unis
Déjà morts, chair empuantie
Le démon se repaît âmes, corps, esprits.
Dans la maisonnette fleurie
Les enfants dansent, jouent et rient.
Les parents travaillent et se plient
A tous leurs devoirs et soucis.
Enfants? Parents? Cœurs, corps, esprits?
Vidés! Des sépulcres blanchis...
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