mardi 10 janvier 2023

La pensée captive (Czeslaw Milosz)

 En relisant péniblement quelques extraits cornés de "La pensée captive de Czeslaw Milosz, je tombe sur ces lignes, à propos de l'intellectuel ou de l'écrivain qui, ayant avalé le dogme de la Nouvelle Foi (la doctrine marxiste), sous la forme d'une pilule, subit enfin une transformation complète de son être et devient lui-même un adepte totalement soumis à la doctrine : "Malgré sa résistance, malgré ses moments de désespoir, le moment, enfin, arrive. Cela peut se produire la nuit, au petit déjeuner, dans la rue. Quelque chose comme un déclic métallique, comme lorsqu'on passe les vitesses. Il n'y a pas d'autre chemin. C'est l'évidence. Sur toute la longueur et la largeur du globe terrestre, il n'y a pas d'autre salut."

Auparavant, ce nouvel adepte est passé par quelques phases : le vide laissé par l'abandon de la religion, l'abandon d'une philosophie réaliste, d'une métaphysique ( abandon qui procure un sentiment profond de l'absurdité de l'existence), la nécessité (parfois vitale) de s'intégrer dans une Pensée collective qui réduit à néant sa propre réflexion individuelle, personnelle. Cette nécessité de se fondre dans la Pensée unique procure alors le succès que recherche l'écrivain. "Nous voyons concrètement comment se développent les divers processus de dissimulation, de transformation intérieure, comment on en arrive au bond subit de la conversion, comment un homme se scinde en deux hommes."

Milosz a ceci de bouleversant qu'il s'intègre, tout en essayant d'analyser la transformation et l'aboutissement, dans le processus : il se demande s'il n'est pas lui-même devenu cet "Homme nouveau", adepte de la Nouvelle Foi, cet écrivain incapable de sortir du chemin de la Pensée collective. Il décrit tout l'art du Ketman qui impose à l'homme de vivre sous la méfiance de tous et qui se dédouble : un homme virtuel qui présente toutes les garanties de soumission au pouvoir et un homme secret, intérieur qui tente de penser par lui-même.

Milosz met en garde ses lecteurs contre ce terrible processus qui guette non seulement les "démocraties populaires" mais bien toutes les nations.

Autour de moi (j'entends  : sur les réseaux sociaux, les commentateurs de groupes de parole), les individus sont arrivés au terme de leur transformation : ils ont eu ce déclic intellectuel, moral, psychologique. Ils écrivent tous : "il n'y a pas d'autre salut" hormis la nouvelle foi socialiste.

Et réellement la question peut se poser pour nous tous aujourd'hui. Bien sûr, chacun s'écriera la main sur le cœur qu'il n'est pas ou plus marxiste, qu'il est de "droite". Mais il nous faut bien avouer ceci : le socialisme a gagné. Il imprègne tous nos esprits, que nous soyons de droite, de gauche, écolos, cathos, païens, européens, blancs, noirs, jaunes, patrons, ouvriers, jeunes, vieux.

Certains que je lis sur les réseaux sociaux ont aussi cette intuition de la nécessité, par exemple,  de combler le vide démographique qui menace notre Occident, ou bien s’expatrier sous des cieux plus sécures, moins envahis de populations agressives et conquérantes. Mais arrivent-ils à creuser plus profondément le pourquoi de cette nécessité? Ils constatent certains dangers : le remplacement de population, des idéologies destructrices, etc.… Pour autant, sont-ils parvenus jusqu'à la réflexion de Milosz : nous sommes devenus les captifs d'une Pensée qui nous détruit de l'intérieur.

 A l'époque du Covid que j'ai attrapé assez tôt et sans conséquence aucune, je me souviens avoir cédé à la vaccination lorsque j'ai compris que nos libertés seraient restreintes si nous ne cédions pas au vaccin. Je me souviens avoir reçu "l'ordre" comme un couperet : "il n'y a pas d'autre salut". Et j'ai cédé. Certes, beaucoup expliqueront que cette soumission est le premier pas vers la captivité intellectuelle, morale, spirituelle. Sans doute.  Mais en me dédoublant comme le Ketman décrit par Milosz,  intimement persuadée de l'inutilité du vaccin et me faisant vacciner simplement pour rester libre dans le quotidien, j'ai tenté aussi de garder une part de mon esprit dans la vérité.

La question, et Milosz la pose aussi, est de savoir combien de temps pouvons tenir dans ce dédoublement sans devenir soit fou, soit « convertis » à ce Néant absolu.

Ce dimanche de l'Epiphanie, nous recevions à notre table une personne absolument unique en son genre : unique parce que "non contaminée" par cette terrible pandémie socialiste qui a touché le monde entier, laissant sur le carreau des millions d'esprits morts, des nations entières de zombies à la parole creuse, aux concepts vides de sens et répétés à l'envie par des voix uniformes. Lorsqu'on rencontre une personne véritablement libre, le monde s'anime alors, même les couleurs des paysages deviennent plus vives, plus éclatantes. La vie revient.

C'était un prêtre, des Missions étrangères, formé dès sa jeunesse aux doctrines libérales classiques (doctrines qui sont les seuls "soins" possibles pour contrer le cancer socialiste). De retour pour quelques semaines en France, il goûte aux joies de la diversité dans le métro en s'interposant entre deux racailles enragées dans le métro et en les éjectant manu militari du wagon. Avec sa carrure et sa soutane, il impose à l'assistance (anesthésiée) stupeur et respect. Il nous fait part de cette anecdote et d'autres aussi : sa tristesse de n'avoir pu célébrer telle messe en Normandie à cause des églises fermées, le manque d'enfants dans notre petite paroisse locale, l'importance de s'investir dans les écoles hors-contrat, l'importance d'investir dans la jeunesse, en somme, dans la famille, nombreuse,  etc.… "Quand avons-nous perdu cet esprit de résistance?" conclut-il.

Comment se détacher à ce qui s'apparente à une véritable "possession" intérieure? Sans doute en retrouvant le chemin de la vérité, en surmontant nos peurs physiques, morales, psychologiques, en retrouvant une réflexion intellectuelle basée sur la réalité qui nous entoure, sans détourner le regard lorsque cette réalité est dure, et enfin, en retrouvant notre Foi.


Enfer

 Dans la maisonnette fleurie

Le doux cocon où tous unis

En liens familiaux les plus forts

Liens du sang, plus forts que la mort


L'enfer niche et tisse sa toile

Tous les jours, tension infernale,

Nous suce tous jusqu'à la moelle

Dans nos cœurs, corps, esprit s'installe.


Les liens du sang, ô chair royale,

Nourrissent l'hôte parasite

Et le combat n'est pas loyal.


Dans la maisonnette fleurie

Le doux cocon où tous unis

Déjà morts, chair empuantie

Le démon se repaît âmes, corps, esprits.


Dans la maisonnette fleurie

Les enfants dansent, jouent et rient.

Les parents travaillent et se plient

A tous leurs devoirs et soucis.

Enfants? Parents? Cœurs, corps, esprits?

Vidés! Des sépulcres blanchis...


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