mercredi 6 janvier 2021

Journal du confinement, Mercredi 6 Janvier, des bestioles et de Dieu



Je suis tombée sur ce commentaire de l'évangile des rois mages, par sainte Gertrude d'Helfta; c'est si beau que je m'empresse de vous le donner. Dans la procession de la communion, dimanche dernier, j'ai remarqué à un moment donné une minuscule araignée qui crapahutait dangereusement près de nos grosses chaussures et mon cœur s'est serré en voyant les risques qu'elle prenait inconsciemment. Voilà à qui je pensais dimanche en allant communier. Une bestiole microscopique. Et j'ai imaginé que pour Dieu nous étions comme cette petite bête, minuscules créatures face au Tout Puissant, inconscients de tous les dangers que nous traversions et provoquions par notre conduite pécheresse et absurde. Dans ce texte, nous voyons combien le Seigneur prend tout ce que nous sommes, en particulier notre inconduite totale pour nous ramener amoureusement à lui. Cet amour fou, ce côté éminemment maternel de notre Dieu m'est d'un immense réconfort et bonheur. Dans ma nouvelle petite voiture vert bouteille cet après-midi avec Gaby, vers 15h, je méditais tout ceci et le Bon Dieu, certainement réjoui de cette trop rare action de grâce de ma part, a fait passer sous nos yeux ébahis et toujours émerveillés une harde de vingtaine de cerfs et de biches. Ils ont traversé la route paisiblement, à la sortie d'une village. J'ai réussi à attraper mon portable et à prendre le cerf qui fermait la marche, protégeant jalousement les biches devant. Il faut vraiment que je me munisse d'un vrai appareil photo!

Mon "presque" séminariste est reparti hier matin après quelques jours de retour dans la famille. Il m'est toujours difficile de voir partir mes enfants, grands et petits et pour celui-là c'est encore plus compliqué. Je sais qu'il ne m'appartient vraiment plus, qu'il est vraiment au Seigneur et entièrement voué à tous.

Pour Gaby, qui passe son temps à voir passer tout le monde et à dire au revoir à tout le monde, ça n'est pas facile non plus : c'est certainement un très bon apprentissage pour une future mère de famille qui devra faire le deuil de ses enfants devenus grands et destinés à quitter le nid familial. On ne songe pas assez à éduquer nos filles, futures mères de famille à cette séparation. J'en discute à mon groupe de prière des mères; ce sont toutes des jeunes mamans sauf une qui a des adolescentes. Elle commence à éprouver les affres de la séparation, avec sa fille aînée. Elle se rend compte qu'il faut lâcher prise et c'est douloureux. Pour une fois, je peux en parler en toute connaissance de cause et c'est pour moi assez gratifiant de partager une vraie expérience. Comme j'ai aimé ces années avec toute ma nichée autour de moi! Mais comme il faut savoir apprécier les voir grandir et surtout prendre leur autonomie, se lancer dans des aventures et revenir parfois avec le goût des actions réussies.

Ma nouvelle petite bagnole est sympathique : je me sens bien connectée avec elle, elle dégage des ondes positives ce que je ne ressentais avec la précédente qui m'a lâchée au bout de six mois, mauvaise affaire d'un garagiste véreux. Pourvu qu'elle dure un moment. Je me remets à sillonner les routes locales, dans cette grisaille qui dure si longtemps pendant ces mois d'hiver. La voiture comme la maison deviennent des refuges douillets contre un monde froid et agressif, où le port du masque devient une obligation insupportable. Je veux bien me faire vacciner, mais ce vaccin n'a pas l'air d'apporter le moindre changement pour les trois quarts de la population sans risque pour le virus : en effet, il n'empêche pas la contagion, donc cela veut dire confinement, couvre-feu, restrictions dans le boulot, port du masque, gestes barrière etc... Plus rien de notre vie d'avant, même avec le vaccin. ça ne fait pas rêver.



"[En la fête de l’Épiphanie], stimulée (…) par l’exemple des bienheureux Mages, Gertrude se leva dans la ferveur de son esprit et se prosterna avec une très humble dévotion aux pieds très saints du Seigneur Jésus, adorant au nom de tout ce qu’il y a au ciel, sur terre et dans les enfers (cf. Ph 2,10).Et, faute de trouver un présent qu’elle puisse dignement lui offrir, elle se mit à parcourir l’univers entier, dans son désir anxieux, cherchant parmi toutes les créatures si elle pourrait en découvrir quelqu’une digne d’être offerte à son unique aimé. Courant ainsi, brûlante et haletante, dans la soif de son ardente ferveur, elle découvrit des choses méprisables que toute créature aurait sagement rejetées, comme indignes d’être offertes à la louange et à la gloire du Sauveur. Mais elle, s’en emparant avec avidité, s’efforçait de les restituer à Celui que tout le créé devrait servir uniquement. Elle attira donc dans son cœur, grâce à son fervent désir, toute la peine, la crainte et la douleur et l’angoisse qu’une créature ait jamais supportées, non pas pour la gloire du Créateur, mais par sa propre faute et infirmité. Et elle les offrit au Seigneur comme une myrrhe de choix. En deuxième lieu, elle attira à elle toute la sainteté feinte et la dévotion affectée des hypocrites, des pharisiens, des hérétiques et de leur semblables. Et elle l’offrit de même à Dieu comme un sacrifice d’encens très suave. En troisième lieu, elle s’efforça d’attirer en son cœur toutes les tendresses humaines et l’amour frelaté et impur de toutes les créatures. Et elle l’offrit au Seigneur en guise d’or précieux. Toutes ces choses se trouvaient donc rassemblées en son cœur. Or l’amoureux désir avec lequel elle s’efforçait d’en faire totalement hommage à son bien-aimé, tel un feu ardent, les débarrassait de toute scorie, de même que l’or s’épure dans la fournaise, et elles apparaissaient comme un noble et merveilleux présent pour le Seigneur. Le désir de lui plaire en toute manière, témoigné par ces offrandes, procura au Seigneur d’inestimables délices, comme s’il se fût agi d’étrennes extrêmement rares."



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