vendredi 29 janvier 2021

A l'Est du Soleil, à l'Ouest de la Lune




 Ce matin, en voiture, nous admirons la pleine lune qui brille encore alors que le soleil se lève. Gaby me raconte alors sa lecture du moment, imposée par sa maîtresse pour tous les élèves de sa classe : c'est un conte écossais, "A l'est du soleil, à l'ouest de la lune". La beauté du titre me ravit. J'explique à Gaby : "le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest. Quand il se couche, la lune se lève." Dans ce conte, un prince charmant est accablé d'un sort donné par une méchante sorcière : il se transforme en ours tout le long du jour mais redevient homme la nuit. Par un baiser, sa femme finit par lever le sort, après mille péripéties. C'est bien écrit, et Gabrielle étudie chapitre après chapitre. Je me rends compte qu'aujourd'hui les contes modernes, que l'on retrouve dans certains dessins animés, ne distillent pas la même compréhension du monde, les mêmes valeurs qu'avant. Par exemple, dans "Frère des ours", le héros finit par rester sous la forme d'un ours, à la fin, comme si la forme animale était meilleure, supérieure à celle d'être humain. De quoi être quelque peu accablé. Et je ne parle de la notion de mariage, entre un homme et une femme qui n'existe plus et qui faisait le bonheur des petits lecteurs de ces contes enchanteurs. La conquête de l'être aimé, présenté avec mille obstacles, mille batailles, élevant les deux protagonistes dans les vertus, dans ce qu'il y a de meilleur dans l'Homme, c'était quelque chose qui amenait à considérer l'engagement comme une finalité extrêmement noble et magnifique. Aujourd'hui, le mariage est plutôt considéré au travers des "Reine des neiges" et compagnie comme un terrible esclavage qui entrave la liberté et l'épanouissement personnel des héros et héroïnes. Bref. Je me réjouis une fois de plus d'avoir mis Gaby dans ce petit "hors contrat" qui devient comme une enclave à toute la malice du monde.

Ma voisine me guettait hier soir pour que je l'emmène à la messe. Elle s'écrie tout fort au début de la cérémonie, en voyant deux petits enfants de chœur : "ah oui! Nous les chrétiens, c'est quand même autre chose que l'islamisme!". Elle retrouve le geste d'antan, le signe de croix et je lui prête un châle blanc qu'elle drape autour de ses épaules, s'étant insuffisamment couverte pour la petite église. Elle ressemble ainsi à une première communiante...

Je propose à la fin de la messe, à mon curé un flacon que j'ai transformé en flacon d'eau bénite. Pour les églises. J'ai vu cela dans une église du diocèse de Vannes et j'ai trouvé le concept intelligent : il respecte les précautions sanitaires puisqu'on ne met pas la main dans un bénitier et il permet de se signer à nouveau dans les églises, avec de l'eau bénite.

J'écris à un ami : le chapelet c'est vraiment la prière du pécheur, celui qui a fait plein de conneries et qui dit en boucle "oh là là Seigneur, sors moi de là". Un peu comme un gosse qui lorsqu'il sent qu'il a poussé le bouchon un peu loin dans la bêtise, va voir sa mère pour qu'elle prépare le terrain vis à vis du père. Je pense souvent à cette phrase des évangiles : "Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux."(Matthieu 7; 21).Hé bien voilà, le chapelet c'est ce cri un peu désespéré, un peu effrayé, un peu geignard du gars qui voit bien qu'il n'est pas "aux taquets" comme on dit mais qui ne sait pas trop comment s'y prendre pour se tirer de la nasse. C'est un premier pas, malgré tout, pour entrer dans le Royaume. Je l'espère. C'est devenu ma prière préférée.

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